Suivre un leader est souvent un gage de succès relatif, mais on restera toujours dans l’ombre de celui qu’on imite. Innover et créer sa propre route n’est pas pour tous, mais peut mener à des succès retentissants. Le fonds souverain de la Norvège qui dépasse 1000 milliards $US tombe dans cette deuxième catégorie. Pour une population de 5,3 millions, ce fonds représente une moyenne de 200 000$US par habitant…hommes, femmes, bébés et vieillards.
La Norvège, première de classe en lutte contre le changement climatique, vit bien son ambivalence avec son fonds souverain provenant du pétrole. Et oui, du pétrole, et personne ne crie au loup.
Dans une proportion moindre, le MAPAQ, à qui on demande politiquement de ne pas faire de vagues, peut faire la même chose que la Norvège tout en s’effaçant dans la nature. Il lui faut une stratégie à trois volets.
Le MAPAQ doit être exemplaire dans sa lutte aux changements climatiques même si le Québec fait figure de mouche à côté du mastodonte que représentent la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie avec 57% des émissions mondiales de GES. Notre agriculture doit faire sa part et devrait être fière de sa contribution aussi minime soit-elle sur l’échelle mondiale. Mais de grâce, pas de pétage de bretelles.
Le MAPAQ doit mieux préparer son agriculture à s’adapter aux dangers reliés aux changements anticipés, aux tornades, aux inondations, à la grêle, aux dégels plus fréquents en hiver, aux feux de forêt, aux assèchements, etc. Le tout pourrait faire l’objet d’une section de son rapport annuel sur la gestion des risques qui comprendrait l’évolution de la gestion des risques liés au climat. À titre d’exemple, pourquoi ne pas soutenir la construction de canaux pour libérer le trop-plein d’eau au printemps.
Un peu comme la Norvège, il n’est pas immoral de profiter des aspects positifs des changements climatiques surtout si notre lutte aux changements est exemplaire. Le tout sans faire de bruit.
À moins d’avoir une idéologie infantile manichéenne, on doit profiter des changements inévitables plutôt que de se limiter à subir comme victime ses désagréments. Il est évident qu'un agriculture nordique comme la nôtre peut et doit profiter d'un réchauffement climatique.
Pourquoi s’en cacher si on n’a rien à se reprocher. On doit en saisir l’occasion.
Nombreux sont ceux qui, pour obtenir plus de financement gouvernemental, décrient notre « pauvre » agriculture comme atteinte de nordicité chronique. Si le patient est en train de guérir, il faut en profiter. Notre agriculture demeurera toujours nordique et ce n’est pas uniquement désavantageux. Vivre au nord a ses avantages, par exemple d’avoir moins d’insectes ravageurs, moins d’insectes qui transmettent des maladies, moins d’animaux qui attaquent le bétail, des journées plus longues en été, plus d’électricité à bon prix, moins besoin d’irrigation des terres, moins d’érosion des sols, moins de contaminants des sols et de l’air, etc.?
Certains verts tonitruants qui se drapent dans leur rôle de victime et qui aiment occuper toute la place médiatique dans l’espoir d’une future carrière politique ne doivent pas nous empêcher de planifier intelligemment et correctement notre avenir qui sera toujours incertain, même dans les meilleures conditions. Ainsi, à l’avenir, on pourrait se considérer aussi intelligents que les Norvégiens.