Les agriculteurs méritent d’être reconnus pour leur contribution dans la lutte contre les changements climatiques.

Au cours des dernières semaines, la presse écrite nationale a mis au jour les répercussions de la taxe sur le carbone sur les agriculteurs des Prairies. Toutefois, lorsqu’il est question de la façon dont la politique sur les changements climatiques touche notre industrie, un déséquilibre fondamental et systémique est trop souvent négligé. En termes simples, les agriculteurs contribuent quotidiennement à la lutte contre les changements climatiques et ne se voient attribuer aucun mérite (financier ou politique).

Bien que la taxe sur le carbone soit un outil fiable et efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, elle néglige fondamentalement le rôle du secteur agricole dans le captage et le stockage du carbone dans le sol. C’est ce manque de reconnaissance qui alimente une grande partie du débat actuel, entre les régions et les villes, sur la contribution du secteur agroalimentaire à la lutte contre les changements climatiques. Un important outil stratégique de gestion des changements climatiques est ainsi ignoré.

En effet, les agriculteurs canadiens sont responsables de l’élimination de millions de tonnes de carbone de l’atmosphère annuellement. Il ne s’agit pas simplement de la réduction des émissions de carbone, mais de leur réelle élimination de l’atmosphère. Agriculture et Agroalimentaire Canada estime que l’adoption de la culture sans labour et d’autres pratiques de gestion bénéfiques ont permis, de manière conservatrice, de stocker 7 millions de tonnes d’éq. CO2 dans les champs des agriculteurs chaque année depuis 1990*. De plus, les agriculteurs cultivent les plantes produites au moyen de la photosynthèse; selon les estimations, ces plantes absorbent environ 70 à 90 millions de tonnes de CO2 par année**. Certains agriculteurs au Canada dépassent également ces moyennes et adoptent délibérément différentes pratiques pour développer des systèmes de production à bilan de carbone nul ou négatif. Ces faits sont rarement reconnus par les consommateurs canadiens et étrangers. Ils sont aussi souvent ignorés dans nos politiques actuelles sur le carbone.

 Il n’est pas étonnant que tant d’agriculteurs soient exaspérés par les politiques canadiennes sur les changements climatiques et par les dirigeants du pays, les importantes contributions que ces personnes apportent à la lutte contre les changements climatiques n’étant ni reconnues ni indemnisées alors que leurs dépenses quotidiennes continuent d’augmenter.

Au titre d’une politique rigoureuse sur les changements climatiques, nous devons rééquilibrer le régime actuel afin de taxer les émissions et de récompenser le stockage du carbone. Pour ce faire, le gouvernement pourrait commencer par reconnaître les niveaux minimaux de stockage du carbone des diverses cultures dans les différents types de sols et veiller à faire en sorte que cet apport environnemental se reflète dans les prix offerts aux agriculteurs.

 Source: CAPI/Institut canadien des Politiques agrolimentaires 

* Les chiffres sur le carbone emmagasiné dans les sols en 2017 sont disponibles dans le Rapport d’inventaire national 1990–2017 d’Environnement et Changement climatique Canada : http://publications.gc.ca/collections/collection_2019/eccc/En81-4-1-2017-fra.pdf.

**En moyenne, les plantes absorbent de l’atmosphère l’équivalent d’une tonne de CO2 par tonne de production grâce à la photosynthèse. Ainsi, comme la production agricole canadienne varie entre 70 et 90 millions de tonnes par année, de 70 à 90 millions de tonnes de CO2 sont absorbés par les plantes.

 

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