Le mardi 4 février dernier, le sénateur Donald Neil Plett, leader de l’opposition au Sénat, a rencontré des membres des Producteurs laitiers du Canada (PLC) et a discuté des enjeux concernant les secteurs agricole et agro-alimentaire au Canada. Il a ensuite posé des questions en chambre. Le représentant du gouvernement, le sénateur Marc Gold, semblait quelque peu déstabilisé !
«Des sujets difficiles ont été abordés, le plus épineux étant sans doute les questions entourant la santé mentale des agriculteurs, notamment la tâche quasi impossible de concilier travail et vie personnelle sur les fermes et les incidences négatives que les concessions issues des accords commerciaux et de la taxe carbone ont eues sur la santé des agriculteurs», nous a écrit Karine Leroux, la directrice des communications du Sénateur Plett.
Lors de cette séance sénatoriale, le sénateur Plett a également pu discuter d’Agri-stabilité et de l’examen proposé des programmes de gestion de risque que les Libéraux ont annoncé en juillet 2017 et, selon Karine Leroux, «de l’absence de progrès au titre de cet engagement».
Le sénateur Plett s’est aussi intéressé à la problématique relative aux militants pour les droits des animaux qui entrent par intrusion ou demeurent sans permission sur les fermes ainsi que la menace que cela fait peser sur les exploitations agricoles et les animaux.
Le sénateur Marc Gold, représentant du gouvernement, semble avoir quelques dossiers à retravailler comme le laisse présager cet échange entre les deux sénateurs.
Voici quelques extraits du discours au Sénat le 5 février dernier.
Sur le soutien en santé mentale destiné aux agriculteurs
Le sénateur Donald Neil Plett (leader de l’opposition) a posé cette question au Sénateur Gold ( représentant du gouvernement): «Sénateur Gold, hier, plusieurs de nos collègues et moi avons eu le privilège de rencontrer des producteurs laitiers venus sur la Colline du Parlement pour faire valoir différents enjeux qui leur sont chers et qui sont chers à leur industrie et à leur famille. Un enjeu est souvent revenu dans les discussions : la santé mentale. (…) De plus en plus de producteurs laitiers subissent un stress énorme causé par de nouveaux facteurs hors de leur contrôle qui leur sont imposés par le gouvernement actuel, notamment les concessions faites pour des accords commerciaux et les taxes sur le carbone, qui ont grugé leurs profits et intensifié leur anxiété. Sénateur Gold, les producteurs laitiers apportent une contribution énorme à la société et à l’économie canadienne. Que fait le gouvernement fédéral pour leur prouver que leur santé mentale est une priorité?
Ce à quoi a répondu le sénateur Marc Gold: «Je pense que tous les sénateurs — tous les Canadiens en fait — savent à quel point l’industrie laitière est importante pour notre bien-être et celui des enfants. Nous avons toujours bu du lait. Il y a tant de familles qui ont contribué à notre bien-être. Je viens du Québec, une province où l’industrie laitière joue un rôle important et dans l’économie et dans la société. Je ne suis pas au courant, sénateur, des programmes qui pourraient exister expressément pour les producteurs laitiers. Les problèmes de santé mentale — et ce dans toutes les industries — constituent une préoccupation grandissante pour nous tous. Je vais me renseigner sur la question et je vous répondrai avec plaisir dès que j’aurai l’information».
Le sénateur Plett de continuer :«Sénateur Gold, en mai dernier, le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes a publié une étude sur la santé mentale. L’une de ses recommandations était que le gouvernement du Canada investisse dans la formation des partenaires d’affaires et autres intervenants qui œuvrent auprès des agriculteurs afin de mieux déceler les signes de détresse et de troubles psychologiques et de les aiguiller vers les ressources d’aide. Comme vous le savez peut-être, sénateur Gold, certaines organisations et provinces — y compris votre province, le Québec — mettent sur pied des équipes de sensibilisation qui vont de ferme en ferme pour vérifier comment se portent les agriculteurs et tenter de faire tomber les préjugés entourant la santé mentale. Sénateur Gold, pourquoi le gouvernement fédéral ne participe-t-il pas à plus d’initiatives de ce genre?»
Le sénateur Gold de répondre : «Je serais heureux de me renseigner sur l’ampleur de la participation du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux — en effet, l’agriculture et la santé relèvent avant tout de la compétence des provinces — dans cette initiative, et d’en faire rapport au Sénat».
Sur les programmes de gestion des risques
Le sénateur Plett : « (…) Comme je l’ai mentionné tout à l’heure, au cours des derniers mois, les agriculteurs du Canada ont dû composer avec le protectionnisme commercial mondial, de misérables conditions météorologiques pendant les récoltes, une grève ferroviaire et des coûts supplémentaires attribuables à la taxe sur le carbone. En juillet 2017, on a annoncé un examen des programmes de gestion des risques de l’entreprise. Plus de deux ans et demi plus tard, les agriculteurs sont exaspérés de constater que ce dossier n’a toujours pas progressé, et on les comprend. En décembre, on leur a dit d’attendre cet été, que d’autres discussions auraient lieu entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Sénateur Gold, pouvez-vous soit nous dire pourquoi c’est si long, soit obtenir l’information à cet effet pour nous? Est-ce possible pour le gouvernement d’accélérer le processus d’examen?»
Et la réponse de Marc Gold: «Merci de la question. Je vais me renseigner pour découvrir où en sont ces discussions et je serai ravi d’en faire rapport au Sénat.»
Le sénateur Plett :« (…) Sénateur Gold, les agriculteurs ne peuvent pas attendre encore et encore. Pourquoi leur demande-t-on d’attendre? Ils ont besoin de soutien tout de suite. Est-ce que le gouvernement mettra en place l’aide dont les agriculteurs ont besoin?»
Le sénateur Gold : «(…)J’ai été informé que le gouvernement travaille très fort sur plusieurs fronts et qu’il a bel et bien fourni du soutien dans de nombreux domaines aux agriculteurs canadiens en fonction des difficultés auxquelles ils sont confrontés. Vous en avez mentionné plusieurs; quant aux autres, dont nos relations tumultueuses avec la Chine, elles sont bien connues et n’ont pas besoin d’être décrites. Le gouvernement du Canada m’a informé que de nombreuses mesures ont été prises, y compris celles qui ont été négociées et adoptées et qui entreront en vigueur une fois que nous aurons ratifié la mesure législative de mise en œuvre de l’ACEUM. Je répète que je me ferai un plaisir de m’enquérir sur l’avancement de ces négociations et discussions et de revenir avec l’information ici».
Sur les mesures législatives pour protéger les agriculteurs
À la question du sénateur Plett sur les intrusions dans les fermes: « A-t-il été question, au sein du gouvernement, de la possibilité de modifier le Code criminel pour criminaliser ces gestes?», la réponse du sénateur Gold fut celle-ci : «Je n’ai eu connaissance d’aucune discussion à ce sujet au sein du gouvernement. S’il y a des discussions de ce genre et qu’elles deviennent publiques, je serai heureux d’en informer le Sénat.»
Sur l’exemption de la taxe sur le carbone pour les producteurs agricoles
Le sénateur Plett rappelle que la ministre de l’Agriculture du Canada a dit avoir besoin de voir «plus de preuves de la part des agriculteurs pour montrer les effets de la taxe sur le carbone sur leurs exploitations». Il précise ensuite que : « l’association des producteurs agricoles de la Saskatchewan a publié des données qui montrent clairement à la ministre à quel point la taxe sur le carbone a des effets dévastateurs pour eux».
Sa question au sénateur Gold est : «Monsieur le leader, en moins de deux ans, les agriculteurs de la Saskatchewan peuvent s’attendre à perdre 12 % de leur revenu total à cause de la taxe sur le carbone. Cette perte s’élève à 17 000 $ pour une exploitation céréalière de 5 000 acres. Même si ces données sont fondées sur les factures des exploitations saskatchewanaises, les agriculteurs des autres provinces de l’Ouest, y compris la mienne, ont surement des dépenses comparables. Sénateur Gold, nos agriculteurs n’ont pas de choix. Ils doivent sécher leur grain. Ils doivent l’acheminer vers le marché. Le gouvernement a rendu ces activités beaucoup plus dispendieuses. Maintenant que la ministre a obtenu les preuves qu’elle cherchait, le gouvernement accordera-t-il une exemption de la taxe sur le carbone aux agriculteurs?»
Le Sénateur Marc Gold a répondu : « (…) À titre de représentant du gouvernement, on me dit que le gouvernement collabore de près avec les provinces et les territoires, de même qu’avec les agriculteurs et leurs représentants, afin de trouver des façons d’atténuer les répercussions qui touchent les personnes qui sont aux prises non seulement avec la nouvelle réalité du marché, mais aussi avec la mise en œuvre de la tarification du carbone. La position du gouvernement est claire. Vous n’avez pas besoin que je vous rappelle qu’il a pour position, depuis longtemps, que la tarification du carbone représente la façon la plus économique, la plus juste et la plus équitable de remédier aux problèmes environnementaux actuels. En tant que représentant du gouvernement, je sais — tout comme vous d’ailleurs — qu’il existe des mesures pour atténuer le fardeau de cette taxe sur le carbone sur les particuliers et les familles.Je terminerai en rappelant que le gouvernement et la vice-première ministre en particulier — mais aussi d’autres ministres — collaborent étroitement avec leurs homologues des provinces et les parties prenantes pour trouver les meilleurs moyens d’atténuer l’impact sur les agriculteurs. Je ne crois pas qu’il existe de plan visant à dispenser les agriculteurs de la taxe sur le carbone. Cependant, si j’ai bien compris, le gouvernement s’est engagé à collaborer étroitement avec les provinces et les parties prenantes afin que le fardeau puisse être assumé de manière juste et équitable.»