Faits et gestes

Au fur et à mesure que les jours passaient, on aurait pu croire que tout avait été dit sur l’agriculture et l’agroalimentaire dans le contexte actuel. Jusqu’à ce qu’on lise dans un grand quotidien québécois : « Malgré la production importante de poulet et de porc au Canada, le pays reste un importateur net de ces deux catégories de viande ». Euh… Ça vaut la peine de reprendre la plume.

Selon les données de la FAO, le Canada figure parmi les pays où la valeur de la production alimentaire par habitant est la plus élevée, aux côtés de la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Argentine et les Pays-Bas. Suivent les États-Unis et le Brésil. Si imparfaite cette comparaison soit-elle et malgré sa sensibilité au jeu des devises, elle expose néanmoins la force de notre agroalimentaire. On va bouffer, et de l’excellente bouffe à part ça.

La fluidité de la frontière canado-américaine est certes cruciale à la santé de notre économie agroalimentaire. Malgré son imprévisibilité, le ton sur lequel le président américain a récemment annoncé, de concert avec le Canada, la fermeture de la frontière aux passages non essentiels, a été rassurant. Dans l’esprit de tous, l’intégrité des chaînes logistiques agroalimentaires est prioritaire.

Vrai que nous importons légèrement plus de poulet que nous en exportons. Mais en ce qui a trait au lait, la volaille et les œufs, la filière répond rigoureusement aux besoins des Canadiens. On ne vantera jamais assez les vertus de la gestion de l’offre, dont la stabilité et la résilience suscitent l’envie. Dans la mesure où les chaînes logistiques tiennent le coup (c’est le cas), l’approvisionnement demeurera solide et régulier.

Par rapport à sa consommation interne, le Canada est le plus grand exportateur de porc au monde. Exportant bon an mal an quelque 70% de sa production et affichant en 2019 – selon les données de Canada Porc International – une balance commerciale positive de près de 3G$ et près d’un million de tonnes de viande, on est loin du statut d’importateur net. Faisant preuve d’une agilité et d’une résilience hors du commun, la chaîne – meuneries, production, transport, abattage, transformation – surmonte les obstacles et maintient le rythme.

La vigueur de la demande asiatique est en ce moment rassurante. Les marchés à terme du porc, malmenés récemment, ont eu quelques soubresauts. Les contrats de l’hiver 2021 se situent entre 15 et 20$ au-dessus de la moyenne 5 ans, reflétant mieux les réalités d’une planète en manque de protéines.

Sincères et empathiques pensées à tous les acteurs des secteurs agricoles et agroalimentaires qui souffrent de l’actuelle crise. Pensons notamment aux cabanes qui ne servent pas de repas ce printemps, ou aux transformateurs qui fournissent le milieu de la restauration ou de l’aviation. Salutations admiratives à tous ceux et celles qui tiennent le fort en cette période déstabilisante, qui laissera de profondes marques sur nos modes de vie et notre économie.

Par exemple, quels seront les effets à long terme de la Covid-19 sur nos habitudes de voyage à l’international? Quel effet aura-t-elle sur l’élection présidentielle américaine? Sur la valeur des terres agricoles? Tant de questions auxquelles nous aurons éventuellement les réponses, mais qui pour l’instant alimentent nos conversations FaceTime, Skype, Zoom, Teams…

Bon courage, bonne patience, bonne santé.

Vincent Cloutier, agr.

Conseiller principal Agriculture et agroalimentaire

Banque Nationale

 

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