par Yannick Patelli
Pour plusieurs acteurs du monde agricole leur sentiment est que l’agriculture au Québec vit en marge du développement du reste de la société. Qui s’intéresse vraiment à ce secteur économique qui pourtant nous nourrit ? Montmagny ne semble pas faire exception si j’en crois les échanges que j’ai eu avec plusieurs agriculteurs de la Côte-du-Sud ces derniers temps !
Après trois ans et deux rapports: Rapport Pronovost et Rapport Saint-Pierre, les médias traditionnels font peu de cas des questions posées suite à ces rapports commandés par le gouvernement ! Entre autre, doit-on maintenir le monopole syndical de L’UPA ou élargir à d’autres syndicats comme L’Union Paysanne ou le CEA ( Conseil des entrepreneurs du Québec) pour s’assurer du développement de l’agriculture québécoise ? Le Québec doit-il viser la libéralisation des marchés agricoles ou le maintien d’un système socialisant pour son agriculture ?
Une économie agricole est-elle plus productive si représentée par un seul syndicat ? Parle-t-on assez des tabous de l’agriculture au Québec ? Que sait-on des suicides et des problématiques de santé mentale dans ce milieu ? S’attarde-t-on vraiment sur les problèmes financiers de la ferme familiale ? Ose-t-on parler au Québec des subventions à la production qui ont enrichi certaines grandes familles de l’agriculture ? Pourquoi le producteur est-il toujours la victime présumée lorsque l’on fait état des aides gouvernementales ? Le gouvernement sortira-t-il vraiment le livre vert du défunt ministre Béchard ou craint-il les réactions de l’UPA ? La question du monopole y sera-t-elle posée ? Qui comprend encore au Québec le rôle de l’agriculture souveraine lorsque tous consomment les produits provenant de partout dans le monde ? On peut bien se donner bonne conscience en demandant aux grandes surfaces de réserver des espaces « terroir » mais depuis quand la grande campagne de marketing « Le Québec dans votre assiette » a-t-elle changé l’approvisionnement des grands distributeurs ? Qui ose vraiment remettre en cause le vrai problème de la relève agricole et le coût des quotas qui n’est aujourd’hui qu’un permis d’exploitation hors de prix qui étouffe la relève !
Montmagny lâche-t-elle son agriculture ?
Ici qui s’intéresse à l’avenir de la Société agricole de Montmagny? Les craintes de certains administrateurs de cet organisme sont-elles justifiées ? La peur de voir la Ville mettre la main sur des terrains leur appartenant n’est-elle pas justifiée à la lumière du mégaprojet présenté par la chambre de commerce avant Noël ?
La Société d’agriculture souffre de membership et n’arrive même plus à rentabiliser ses expositions. Est-elle à l’agonie pour le bonheur de plusieurs décideurs qui rêvent à d’autres utilisations pour leurs terres ? Le ministre Garon dans La Vie Agricole de décembre dernier s’inquiète du double rôle du ministre Lessard dans les ministères de l’Agriculture et des Municipalités. Est-il le seul à voir le positionnement du ministre Lessard comme une manière de répondre plus facilement aux attentes des maires qui souhaitent du développement résidentiel ou commercial sur les terres agricoles ?
Les agriculteurs maîtres de leur destin !
Que peut faire à son niveau la Société d’agriculture de Montmagny à part pleurer sur son sort si les expos ne sont plus rentables ? Si les agriculteurs eux-mêmes n’assistent plus à leur assemblée générale, qui aidera à la revitalisation du monde agricole dans la région? La Société d’agriculture ne pourrait-elle pas être porteuse d’évènements pour créer des ponts entre le monde agricole et le monde urbain et ainsi justifier son existence ?
La Société d’Agriculture doit :
• Expliquer le travail effectué au fil des ans par les agriculteurs pour respecter l’environnement,
• Organiser des marchés publics pour inciter un retour de la consommation de la terre à l’assiette,
• Promouvoir les fermes familiales en faisant appel à des personnalités qui ont toujours su les défendre.
• Échanger avec des organismes communautaires pour mettre en lumière des problématiques vécues et permettre aux agriculteurs de mieux connaître les moyens pour s’en sortir lorsqu’ils vivent des difficultés émotionnelles.
• Investir les milieux décisionnels pour faire en sorte que les municipalités, les centres locaux de développements et les chambres de commerce répondent à leurs besoins de relève et les considèrent comme des acteurs économiques au même titre que les commerçants ou les industriels.
Plusieurs actions positives sont possibles pour que les regards se tournent vers les agriculteurs et que les citoyens du monde urbain reconnaissent leurs investissements pour le bien-être de toute une population. Mais seuls les agriculteurs et leurs organisations ont la crédibilité pour y parvenir.
Yannick Patelli