Voici comment se sentent les agriculteurs et agricultrices en ce temps de pandémie.
Ils sont le rempart pour la survie alimentaire, ils et elles sont la survie du monde moderne. Même s’il y a eu la perte de nombreuses fermes depuis plusieurs années, celles qui demeurent sont plus productives, plus modernes, ces fermes sont tournées sur une agriculture plus éduquée par le sens de l’agroalimentaire durable. Une agriculture tournée vers le futur avec des calculs plus stricts de composantes de leur terre, des résultats à l’acre, une responsabilité sociale et une vocation familiale.
Les nouveaux agriculteurs et agricultrices sont fiers du patrimoine et les nouvelles explorations ne sont plus pour une survie familiale, mais une responsabilisation économique. Nous parlons de plus en plus d’autosuffisance alimentaire, de cultures contrôlées, de rotation de culture et de qualité des produits récoltés. Ils deviendront des secteurs plus nichés ou une monoculture plus riche plus stricte, plus sensible à l’environnement, plus évoluée et étudiée. Les fermiers de survie ne sont plus ces fermes d’antan qui réussissaient à combler des besoins personnels. Désormais les silos qui percent le ciel, les terres aux couleurs multiples, les maisons joliment décorées sont devenus le propre des rangs autrefois vus comme la campagne profonde.
La ferme familiale a vu son évolution jaillir du plus profond de la terre comme un volcan qui maquillera à jamais la surface de cette terre devenue méconnaissable. Les enfants qui autrefois couraient après les poules ou qui nourrissaient les cochons qui deviendront les repas d’hiver sont aujourd’hui agronomes, fermiers de profession, titulaires de baccalauréat et de connaissances nécessaires aux cultures de demain. La terre s’est enrichie non seulement d’engrais de choix, mais bien de cerveaux qui bouillent de nouvelles idées.
J’ai assisté dernièrement à une nouvelle réalité sur la gestion des pâturages en vue d’une traite par robotisation. J’étais estomaqué de voir deux jeunes soeurs et un frère gérer un troupeau de vaches laitières dans une modernité désarmante. J’ai assisté abasourdi à la confection d’une recette alimentaire de mélange de grains et de fourrage savamment mélangés en vue d’optimiser le rendement laitier.
Nous sommes plus de 7 milliards d’habitants sur la terre et nous manquerons de ressources pour nourrir tout ce monde. Les agriculteurs et agricultrices de demain sont la aujourd’hui avec leurs contraintes, leurs réalités. Ils attendent patiemment notre écoute, notre soutien, notre respect. Ils souhaitent répondre à nos besoins, à nos exigences, mais, ils ont besoin de notre patience, car la nature pousse à son rythme.
Nos agriculteurs et agricultrices s’ajustent avec les heures disponibles. Ils vont d’un soleil à l’autre et désormais leurs vaches ont un nom, une vie, un avenir. Les animaux de fermes sont devenus des compagnons et pas seulement des ressources. La ferme de demain passe par les citadins qui doivent réfléchir à ce qu’il souhaite avoir dans leurs assiettes. Ne regardons plus jamais les fermes comme un milieu de vie défavorisé, mais bien comme une richesse au coeur d’une nation.