OPINION – Benoit Girouard, président de L’Union Paysanne – Les agriculteurs se souviennent qu'en 2010 le gouvernement libéral a épongé le déficit cumulé de 1,3 milliards de dollarsde la Financière Agricole du Québec. Que le gouvernement rapatrie l'un des premiers surplus de la FADQ peut s'expliquer, mais cela ne doit pas servir d'excuse annuelle. Les agriculteurs, dans l'ensemble, comprendront le geste du gouvernement, mais l'Union paysanne interpelle le ministre Paradis de saisir l'occasion pour réformer en profondeur le soutien à l'agriculture. Nous reconnaissons être parmi les agriculteurs les plus soutenus au monde, qui peut alors expliquer qu'un grand nombre d'entre nous ne reçoit rien ou des miettes?
Le rapport St-Pierre nous a donné raison, l'argent est sclérosé par l'ASRA. Un programme d'une autre époque. De plus, quelques joueurs, majoritairement des intégrateurs, le vampirisent et privent l'ensemble des agriculteurs d'un meilleur soutien. Voilà pourquoi l'Union paysanne demande depuis 2001 une réforme. Il est temps d'entrer au 21e siècle avec un soutien agricole lié à l'ensemble de la ferme et non plus, comme l'ASRA, aux volumes de production. Un grand nombre d'agriculteurs produisent déjà des biens et services environnementaux et attendent que l'État le reconnaisse en le soutenant.
Juste en prenant les fonds administrés par la FADQ, dans le cadre d'un contrat «Vert», il aurait été possible depuis 2002 d'envoyer annuellement un chèque de 20 000$ par ferme, et ce en prenant l'option que toutes les fermes du Québec si conformeraient. Nous avions prévenu qu'à moins d'une réforme urgente de l'ASRA, un grand nombre de fermes disparaîtrait. Et bien l'UPA, l'a confirmé dans son communiqué. L'avenir de notre agriculture passe par une meilleure répartition de la richesse collective et un changement d'orientation.