OPINION: Subvention aux travailleurs étrangers, au bout de la chaine le producteur est le grand perdant

Je vous écris aujourd’hui pour vous faire part de la situation actuelle en lien avec le coronavirus (COVID-19). Étant une entreprise agricole (acquise il y a moins de 5 ans) produisant fraises, framboises et bleuets, j’emploie 24 travailleurs étrangers (TET) pour l’année 2021.

Je dois m’exprimer, car en faisant l’étude des coûts subis par la quarantaine versus la subvention offerte, 2021 sera une deuxième année en perte de revenus. Mes travailleurs étrangers commenceront à arriver à compter du 31 mars 2021.  En supposant que la subvention de quarantaine pour les TET est toujours en vigueur à cette date et les périodes suivantes, je comprends donc que je recevrai 1500$ par TET.

En revanche, si je regarde les dépenses engendrées, cette subvention de 1500$ par TET me laisse un trou financier qui n’est pas à négliger.  Tout d’abord, nous avons 30/h de salaire par semaine de quarantaine à garantir pour chacun.  En versant un salaire minimum chacun de 13.50 $ (nouveau taux horaire, car il augmente encore une fois en mai) et en ajoutant les déductions que l’employeur doit débourser, cette dépense représente, pour 2 semaines de salaire, un montant approximatif de 960 $ par TET.  À ce montant, nous devons ensuite considérer toutes dépenses extérieures engendrées par la situation tel que l’hébergement, le transport, les heures additionnelles pour faire l’épicerie, les prises de températures et autres.  Cette année, nous rencontrons un nouveau problème, les hébergements ont profité de la situation pour augmenter leurs tarifs.  En 2020, l’hébergement m’en coûtait 400 $ par semaine par TET.  Pour 2021, en effectuant les démarches pour faire les réservations et préparer ma saison, je constate que le prix est maintenant de 500$ par semaine par TET soit une augmentation de 200 $ par TET.  Donc avec un total de dépenses pour la quarantaine de 1960 $, nous pouvons déjà remarquer que la subvention n’est pas suffisante (perte immédiate de 460 $ par TET pour un total en 2021 de 11 040 $)

Étant déjà déficitaire, il faut ajouter à ces pertes, le salaire et le déplacement d’un employé pour aller faire les épiceries et livraisons pour chacun des TET, les visites pour la prise de température ainsi que leur transport de l’aéroport (prix qui varie entre 100$ et 160$ par TET).

Avec ce qui précède, j’évalue ma perte financière approximative à 20 000 $ pour l’année 2021.   Sans compter que  je devrai verser un salaire pour remplir la demande de subvention pour récupérer ce fameux 1500 $ par TET.

Afin de préciser ma position sur la perte financière, j’ajoute qu’après discussion avec mon distributeur, il m’informe que le prix des fruits n’augmentera pas cette année, car la compétition avec les produits américains est trop forte.  En résumé, je dois assumer l’augmentation de l’emballage (hausse de 14%) et je n’aurai pas plus d’argent en revenu et je devrai débourser plus pour récupérer le peu de revenu qui me sera accessible.

En résumé, cette situation est vécue par tous les producteurs agricoles du pays.   Ce que je suggère donc c’est d’augmenter le montant de la subvention à 2500$ afin de diminuer les pertes sans quoi, le calcul est vite fait, j’ai bien peur que plusieurs producteurs (nouveaux et anciens) délaissent le domaine en ne voyant pas d’amélioration de leur situation financière.  Toutes les étapes de la chaîne semblent pouvoir augmenter leurs tarifs (hôtels, transport et autres) mais le producteur demeure à perte, et pourtant, ne sommes-nous pas essentiels pour bien nourrir la population?

En espérant que cette communication soit prise en considération !

François Mathieu

Ferme Petits Délices SENC

830, rang du Haut de la rivière

Pierreville (Québec)

J0G 1J0

 

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