Les pesticides et l’agriculture durable ont fait l’objet de nombreuses discussions dans les médias ces derniers temps. Toutefois, ce qui fait trop souvent défaut dans de telles discussions, c’est l’absence d’accent mis sur la science et l’innovation.
Tout comme le monde s’est tourné vers le secteur privé pour aider à développer des vaccins sûrs et efficaces dans la lutte contre la COVID-19, le secteur privé joue et peut continuer à jouer un rôle essentiel dans la mise sur pied de solutions innovantes en agriculture afin de lutter contre des défis tels que les changements climatiques et l’insécurité alimentaire. Faire face à ces défis nécessite la coopération du secteur privé et des gouvernements à tous les niveaux.
CropLife Canada, qui représente l’industrie de la phytologie – ou science des plantes –, applaudit la récente publication du plan d’agriculture durable du gouvernement du Québec. Les principaux éléments contenus dans ce plan – l’amélioration de la biodiversité, de la santé des sols et de la gestion de l’eau – constituent également nos priorités.
Les innovations de la phytologie, comme les pesticides et les cultures biotechs, aident les agriculteurs à être plus durables. Ces innovations leur permettent de maximiser leur potentiel de production tout en utilisant moins de terres pour produire plus d’aliments, ce qui est crucial dans un contexte où des terres agricoles continuent d’être perdues au profit de l’expansion urbaine. Cela a pour effet d’améliorer la biodiversité en laissant plus de place aux habitats naturels pour prospérer.
Il y a certainement des domaines où l’industrie agricole peut et doit faire mieux. Mais le secteur a parcouru un long chemin et est plus durable aujourd’hui qu’il ne l’était il y a une génération; je suis convaincu qu’il sera encore plus durable dans une autre génération.
Prenons l’exemple suivant. Aujourd’hui, les pesticides que nous avons sont appliqués à des taux inférieurs de 95 % à ce qu’ils étaient il y a 60 ans. Nous faisons un meilleur travail pour limiter les impacts inutiles sur l’environnement, tout en équipant les agriculteurs avec des outils dont ils ont besoin pour produire des cultures sûres, nutritives et abondantes.
La santé des sols est un autre des principaux composants de l’agriculture durable. Comme les pratiques de semis direct et de travail réduit du sol se multiplient au Québec, l’accès aux bonnes options d’herbicides peut soutenir ces efforts. En fait, environ 60 % des terres ensemencées au Québec sont maintenant en culture sans travail du sol ou avec travail minimal du sol, ce qui représente une impressionnante augmentation par rapport à moins de 20 % il y a 30 ans.
Les investissements de l’industrie de la phytologie en agriculture de précision et en technologies numériques, de même que dans les nouvelles méthodes de lutte antiparasitaire, aideront encore davantage les producteurs agricoles à lutter contre les ravageurs et à réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture et les changements climatiques, tout cela en contribuant à une plus grande sécurité alimentaire.
À l’échelle mondiale, notre industrie s’est engagée à investir plus de 15 milliards $ dans l’innovation en agriculture de précision et en technologies numériques d’ici 2030. Ces technologies contribueront à faire des applications de pesticides plus ciblées et à réduire davantage les impacts involontaires sur l’environnement. Nous nous sommes également engagés à investir plus de 6 milliards $ dans l’innovation en biopesticides au cours de la même période.
L’industrie de la phytologie exploite également une série de programmes de gestion responsable visant à garantir l’utilisation, le stockage et l’élimination corrects de ses produits afin d’assurer la sécurité des utilisateurs et des consommateurs et de limiter les impacts négatifs des produits sur l’environnement. Par l’entremise du programme Agrirécup, notre industrie recycle les contenants de pesticides vides et d’autres déchets agricoles, et élimine de façon responsable les pesticides inutilisés ou non désirés. Au Québec, les taux de collecte des contenants de pesticides vides sont particulièrement impressionnants, de l’ordre de 80 à 90 %, alors que le taux national est de 70 %.
Si nous voulons continuer à faire les progrès importants qui sont nécessaires en matière de durabilité en agriculture, il faudra les efforts collectifs de tous les acteurs concernés – depuis les producteurs agricoles et les agronomes jusqu’aux gouvernements et à l’industrie. L’agriculture durable n’est pas une destination que nous allons atteindre, mais plutôt un engagement en faveur de l’amélioration continue.
Le président et chef de la direction de CropLife Canada,
Pierre Petelle