Opinion: On ne rit pas avec le gaz hilarant!

Le gouvernement du Canada, dans sa lutte pour réduire les GES, a décidé de s’attaquer au 4e plus important créateur de GES, soit le protoxyde d’azote ou l’oxyde nitreux ou le N2O. Il est aussi surnommé le gaz hilarant. Il ne faut pas oublier également que c’est un gaz qui a plusieurs utilités médicales comme l’anesthésie par exemple. Mais concentrons-nous sur le volet agricole.

Le projet du gouvernement fédéral est de réduire de 30% les émissions de protoxyde d’azote provenant uniquement, pour l’instant, des engrais minéraux comme l’urée et le nitrate d’ammonium.

Dans un cycle normal de l’azote dans le sol, en milieu aérobie, les bactéries à l’aide d’enzymes, transforment l’azote organique et uréique en azote ammoniacale (NH3/NH4+) et ensuite en azote nitrique (NO2/NO3-), pouvant ainsi être assimilée par les racines des plantes. Cependant, en milieu anaérobique (en absence d’air), causé par un sol saturé en eau ou bien compacté, d’autres bactéries exercent une activité enzymatique inverse, en utilisant l’azote nitrique pour la transformer en N2O.

Depuis plusieurs années, les producteurs agricoles du Québec et aussi d’ailleurs au Canada, travaillent en collaboration très étroite avec leurs agronomes et/ou technologues professionnels pour l’amélioration de la santé et réduire la densité de leurs sols.

Contrairement au plan qui sera mis en place aux Pays-Bas sur les réductions de différents gaz azotés, ici il n’est aucunement question de réduire le cheptel bovin. Là-dessus on peut certainement remercier la gestion de l’offre d’exister!

L’objectif ultime des acteurs du domaine agricole est de rendre les applications d’engrais organiques et minéraux le plus efficaces possible. Avec la valeur des engrais azotés et les coûts d’application, on veut éviter la moindre perte d’azote, qui occasionne la baisse de productivité et l’augmentation des coûts de production.

Depuis plusieurs années, les producteurs agricoles améliorent leurs rotations de cultures, sèment plus de couverts végétaux, communément appelés « engrais-vert » et limitent les accumulations d’eau par le drainage et le nivellement des terres.  Les plantes de couverture, quant à elles, recyclent les éléments du sol les rendant disponibles pour l’année suivante, telle que l’azote de l’air qui est fixé par des bactéries colonisant les racines des légumineuses, sans compter que ça contribue grandement à avoir des sols en santé par l’activité mycorhizienne (l’association entre les champignons et les racines des plantes) tout en maintenant un environnement de vie aérobique permettant de réduire de efficacement les émissions de N2O.

Plusieurs technologies sont aussi des alliées de taille dans nos exploitations. Comme les guidages par GPS, qui évitent les chevauchements lors des applications de fertilisants.

Nous sommes tous en train de mettre en application la « gérance des nutriments 4B » le Bon produit à la Bonne dose, au Bon moment et au Bon endroit.

Ces investissements permettent aux producteurs agricoles de maximiser les rendements des cultures, tout en minimisant les impacts sur l’environnement.

La qualité de l’environnement est une préoccupation réelle pour nous tous. Nous sommes souvent les premiers pointés du doigt au sujet de la pollution, mais trop peu semblent reconnaître les efforts et l’argent que nous investissons pour améliorer l’environnement qui nous entoure tout en s’assurant de fournir de la nourriture de qualité à nos concitoyens et concitoyennes!

Le gouvernement fédéral peut vouloir sembler très vertueux dans leurs approches environnementales concernant les engrais minéraux azotés, mais nous étions déjà, sans le savoir toutefois, très en avance sur leur projet!

 

Christian Dionne, producteur agricole

Alexandre Couture, agronome

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