Moins de terres, plus de monde à nourrir : les philosophes au secours de l’agriculture!

Mathieu Messier, étudiant au baccalauréat en agronomie-productions végétales à l’Université Laval.

Dans les dernières décennies, de plus en plus de terres arables sont rachetées et remplacées par des blocs d’habitations ce qui réduit l’espace disponible pour l’agriculture. Alors, avec cette perte de terres, qui s’ajoute de la demande de plus en plus grande de produits agricoles en raison de la population grandissante, cela pousse les agriculteurs à optimiser les récoltes. Ce qui mène à la question: quel type d’agriculture est le meilleur pour notre société?

Cette question doit être abordée en premier par le point de vue  philosophique d’Aristote avec la vertu et le bonheur politique puis celui de Jeremy Bentham, John-Stuart Mills et Peter Singer au regard de l’utilitarisme.

Les différents types d’agriculture sont : le conventionnel qui est le plus répandu et qui se base sur une grande utilisation de produits chimiques, ce qui cause du mal à la vie animale et végétale et à la biomasse et, le biologique, qui se base sur le rejet des produits chimiques et compense en travaillant beaucoup plus le sol ce qui cause par contre de l’érosion et des émissions de CO2.

Il existe aussi l’agriculture intensive qui recherche une optimisation de la récolte, mais qui combine les désavantages de l’agriculture conventionnelle et biologique.

L’agriculture durable, la solution qui se dessine

L’agriculture durable ou intégrée s’oppose quant à elle à l’intensive, en diminuant beaucoup les produits chimiques ce qui la rapproche beaucoup du biologique et sera traitée comme étant égale tout au long de ma démonstration. L’agriculture durable ou intégrée utilise pour sa part les avancements dans nos connaissances du sol pour seulement donner ce qui est nécessaire au sol que ce soit sous forme de travail physique ou chimique, ce qui diminue alors le plus possible les effets néfastes que pourraient avoir ces techniques sur l’environnement.

Les différents aspects de l’agriculture vont donc s’opposer : la valeur de richesse crée plusieurs conflits puisque le désir de plus grandes récoltes en utilisant plus de travail ou une surutilisation des produits chimiques s’oppose à la protection de l’environnement et la santé de la population, bien que celle-ci soit aussi mise en danger par une production trop basse de produits agricoles.

L’agriculture selon Aristote

En appliquant la pensée d’Aristote, il est important que les actions prises apportent du plaisir à long terme donc toute forme d’agriculture qui cause du danger sur les terres arables ne serait pas ce qu’il désirerait.

Aristote encouragerait donc la rotation de cultures, ce qui veut dire de ne pas planter deux fois de suite la même culture sur une même terre, ou alors pratiquer la jachère c’est-à-dire quand la terre n’est pas cultivée pendant une année pour lui donner du repos.

Aristote privilégierait aussi les méthodes qui ne causent pas d’érosion ou de mal à la vie animale et végétale ainsi que la biomasse. Un bon citoyen ne causerait pas de destruction volontaire au bien de la société ce qu’est une terre de culture.

Alors, pour apporter le moins de destruction possible aux sols, il faudrait éviter de trop travailler le sol et éviter d’abuser des produits chimiques ce qui se rapporte à la pensée du juste milieu où l’on désire l’équilibre.

Ne faire que ce qui doit être fait

En effet, la meilleure méthode serait donc celle qui ajuste une utilisation logique de produits avec un travail minimum : ne faire que ce qui doit être fait sur la terre pour augmenter sa production de façon significative, ce qui correspond à l’agriculture intégrée qui recherche à maximiser la récolte tout en touchant à la terre le moins possible.

Le bon type d’agriculture serait celui qui nous permet de continuer à cultiver les terres le plus longtemps possible.

Le conventionnel et le biologique, et par extension l’intensive puisque prenant le négatif des deux, ont donc un problème similaire sur ce point puisque soit la destruction de la flore du sol ou la destruction du sol lui-même aboutit à une conséquence similaire de diminuer les récoltes obtenues au fil des années.

Il n’y a presque plus de terres qui peuvent être converties en terres arables. On ne peut donc pas se permettre de détruire celle que nous possédons.

Le manque de nourriture, une situation possible et mal évaluée

La population ne risque pas de percevoir les effets directs des différentes méthodes, mais la diminution de récoltes va être remarquée et le manque de nourriture est sûr de rendre malheureuse une grande partie de la population.

De plus, nous sommes conscients des problèmes reliés à une récolte plus basse puisque d’autres pays l’ont déjà expérimentée lorsqu’ils ont essayé une réforme agricole encourageant le changement au biologique. On dit qu’une agriculture qui encouragerait un respect de l’environnement lui permettrait de mieux survivre aux fléaux de la société moderne : un tel choix serait très pur comparé à un autre qui rechercherait une méthode qui produit beaucoup pour le profit.

Avec le thermomètre moral établi, le choix semble assez facile puisque 3 des 4 choix sont déjà éliminés et que le dernier : l’agriculture intégrée permet de créer le moins de dégâts possibles aux terres arables qui nous restent et  permet tout de même une optimisation du rendement permettant de continuer à bien nourrir la population.

Finalement, les deux philosophies partagent la même conclusion que le meilleur type d’agriculture pour notre société serait l’agriculture intégrée. La première philosophie atteint ce point de vue en recherchant celle qui équilibre le mieux les différentes méthodes tout en ne causant pas de dangers pour les biens de la société et la deuxième recherche celle qui cause simplement le moins de destruction des terres tout en donnant une récolte suffisamment grande pour bien nourrir la population.

Moins de terres et plus de personnes à nourrir

La question requiert de regarder loin dans le futur où le problème deviendra encore plus grand. On doit être sûr de ne pas saboter nos terres. Je partage l’avis de ces philosophies, puisque je pense aussi qu’il est nécessaire que l’on ne pense pas seulement au moment présent, mais à notre futur dans lequel on risque d’avoir encore moins de terres et plus de personne à nourrir.

Nous devons donc nous assurer que celles que nous possédons seront capables de nourrir tout le monde.

La population est très peu consciente de la réalité du bio et beaucoup trop de monde est encore sous le charme de l’agriculture biologique sans réaliser qu’elle n’est pas la meilleure, juste parce qu’elle n’utilise pas de produits chimiques. Les produits chimiques sont très importants pour la flexibilité qu’ils offrent aux agriculteurs lorsqu’ils les utilisent correctement.

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