Le gouvernement du Québec annonce un financement additionnel de 34 millions de dollars pour son programme de rétribution des pratiques agroenvironnementales. Ce nouvel investissement s’inscrit dans le cadre du Plan d’agriculture durable 2020-2030
Dans une démarche visant à encourager les pratiques agroenvironnementales, le gouvernement du Québec a annoncé une bonification de 34 millions de dollars pour son programme de rétribution financière des pratiques agroenvironnementales à la ferme. Cette initiative, supervisée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, dirigé par le ministre André Lamontagne, s’inscrit dans une vision d’agriculture durable.
Le programme, lancé en 2022, constitue le premier du genre au Canada. Avec cette bonification, plus de 1200 nouvelles entreprises agricoles québécoises pourront bénéficier de ces incitations financières, en plus des 2800 fermes déjà inscrites. Cela porte l’engagement total du gouvernement à 119 millions de dollars en « aide directe » aux producteurs.
André Lamontagne a souligné, en entrevue avec La Presse, l’importance de cette approche collaborative : « Le choix qu’on a fait au Québec, c’est d’être en accompagnement et d’y aller avec la carotte. Plutôt que de taper sur les agriculteurs, l’idée, c’est de les accompagner, les sensibiliser, leur donner les moyens, les former et accélérer le transfert de connaissances. »
Objectifs et pratiques du programme
Les pratiques encouragées par ce programme vont de la réduction des pesticides à la protection des sols en passant par des aménagements favorables à la biodiversité. Les fermes adoptant des initiatives telles que des bandes riveraines élargies ou des haies brise-vent peuvent recevoir jusqu’à 50 000 $ sur trois ans. De plus, l’utilisation de semences non traitées aux insecticides, la réduction de l’usage des herbicides et la plantation de cultures de couverture en hiver sont également récompensées.
L’objectif principal est de réduire l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, tout en favorisant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Ce virage s’inscrit dans le cadre du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030, initié après l’affaire Louis Robert, qui avait soulevé des préoccupations quant à l’influence du privé dans la recherche publique sur les pesticides.
Le PAD vise à réduire de 15 % le volume de pesticides vendus à l’échelle de la province et de 40 % l’indice des risques des pesticides sur la santé et l’environnement. De plus, des objectifs sont fixés pour la diminution de la concentration totale en phosphore dans les cours d’eau et les apports de matières fertilisantes azotées sur les superficies en culture.
Le financement additionnel de 34 millions de dollars comprend une contribution de 24 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral dans le cadre du nouveau Partenariat canadien pour une agriculture durable 2023-2028. Cette collaboration souligne l’importance accordée à l’agroenvironnement à l’échelle nationale.
Conditions d’admissibilité et évaluation de l’efficacité
Yohan Dallaire Boily, relationniste, a souligné l’élargissement du programme : « Depuis le 1er avril 2023, l’Initiative fait partie des initiatives stratégiques à frais partagés du Partenariat canadien pour une agriculture durable, en vertu d’une entente avec le gouvernement fédéral. Ceci démontre une fois de plus leur mobilisation à faire les changements nécessaires et lance un message que l’Initiative devra être bonifiée. »
Il précise que les entreprises agricoles admissibles doivent être propriétaires ou locataires de terres agricoles situées au Québec et être enregistrées auprès du Ministère. Les pratiques admissibles visent principalement les producteurs cultivant des superficies en cultures annuelles en champ, avec un accent particulier sur la santé et la conservation des sols, ainsi que la réduction des risques liés aux pesticides.
Cette démarche doit encore apporter des preuves tangibles de son efficacité.