Pendant que de nombreux agriculteurs planifient leur ensemencement pour 2018, les économistes agricoles de Financement agricole Canada (FAC) recommandent aux producteurs, détaillants et transformateurs de garder à l’esprit cinq tendances.
« L’agriculture est un secteur dynamique qui est interrelié aux nombreuses tendances économiques locales et mondiales », déclare Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC. « L’analyse de ces grandes tendances permet aux secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire de cerner les éventuels défis et possibilités en 2018. »
Ajouter de la valeur aux produits agricoles canadiens
Le climat d’investissement dans le secteur de l’infrastructure agricole canadienne s’échauffe alors qu’on prévoit la construction d’un nombre accru d’installations de manipulation et de transformation des aliments afin de répondre aux préférences sans cesse plus complexes des consommateurs, tant au Canada qu’à l’étranger.
« L’environnement économique demeure propice à l’investissement dans la transformation alimentaire au Canada, compte tenu des faibles taux d’intérêt et de la vigueur de la demande d’aliments tant à l’échelle nationale que mondiale », explique M. Gervais.
Il mentionne que les investissements importants dans la transformation alimentaire qui avaient été annoncés en 2017 devraient se concrétiser au cours des deux prochaines années. Ces investissements appuient l’approche décrite par le Conseil consultatif en matière de croissance économique, qui préconise des investissements ciblés dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire canadien pour soutenir son potentiel de croissance au niveau mondial.
« Notre capacité à ajouter de la valeur aux produits agricoles continuera de renforcer l’agriculture canadienne, ce qui profitera également à l’ensemble de l’économie », ajoute M. Gervais.
Un bilan solide représente le meilleur actif agricole
La théorie voulant qu’un solide bilan représente la meilleure protection d’un agriculteur contre les fluctuations économiques et l’évolution des conditions du marché pourrait être mise à l’épreuve en 2018, selon M. Gervais.
Il indique que la plupart des producteurs canadiens se sont bâti un bilan solide au cours des dernières années, grâce à l’appréciation importante des revenus agricoles et de la valeur des actifs agricoles, en particulier de la terre, qui représente presque 70 % de la valeur de l’actif agricole total.
La valeur des terres agricoles continuera de progresser en 2018, mais à un rythme moindre en raison des projections modérées de la croissance du revenu. Cette année, le dollar canadien devrait se maintenir juste sous la barre de 0,80 $ US, ce qui aidera à soutenir le revenu agricole. Les tendances globales au chapitre de la production nous laissent toutefois croire qu’une hausse générale des prix des produits de base est peu probable en 2018.
« La situation financière de la plupart des exploitations agricoles est bonne, ce qui leur permettra de faire face aux plus importantes fluctuations économiques », déclare M. Gervais, précisant qu’un fonds de roulement solide – conjugué à un plan de gestion du risque efficace – peut aider les producteurs à surmonter les perturbations à court terme de l’économie et du marché.
L’économie mondiale met en lumière le Canada
Les négociations commerciales et le protectionnisme à l’étranger peuvent susciter de l’anxiété parmi les producteurs, transformateurs d’aliments et exportateurs canadiens mais l’économie mondiale nous donne des raisons d’être optimiste, selon M. Gervais.
« Le contexte économique mondial soutiendra la forte demande de marchandises et de produits alimentaires canadiens à mesure que l’économie mondiale se raffermira en 2018 », indique M. Gervais, ajoutant qu’il est important de regarder au-delà des grands titres quotidiens. « Les salaires dans les économies en développement et en Amérique du Nord devraient continuer d’augmenter, de sorte que les consommateurs auront davantage d’argent à consacrer à leur alimentation. »
Même si des perturbations sont toujours possibles, M. Gervais croit que le Canada est particulièrement bien placé pour élargir ses marchés en 2018.
« Nous bénéficions d’avantages commerciaux importants qui nous permettront d’accroître nos exportations de certains des produits alimentaires qui connaissent la plus forte croissance de la planète, explique-t-il. L’accord économique et commercial global (AECG) avec l’Europe et la croissance dans les marchés émergents permettront de créer d’éventuels nouveaux débouchés. »
Suivre l’évolution des habitudes d’achat des consommateurs
La technologie, combinée au désir croissant des consommateurs d’obtenir commodité et choix, provoque des remous importants dans les secteurs canadiens de la transformation et de la vente au détail de produits alimentaires, selon M. Gervais.
« Cela créé une réaction en chaîne, explique M. Gervais. Les détaillants traditionnels se tournent maintenant vers les transformateurs d’aliments afin d’obtenir des produits uniques qui peuvent les démarquer de la concurrence. Ces tendances transforment également la relation fournisseur-acheteur puisqu’un nombre accru de consommateurs achètent directement des producteurs d’aliments locaux. »
Les aliments de spécialité connaissent également une popularité grandissante, grâce en partie à la commodité des achats en ligne et un nombre croissant de consommateurs optent pour des marques qui reflètent leurs valeurs.
Tirer parti des possibilités qu’offre les biocarburants
Depuis que les moteurs à combustion ont remplacé les chevaux de labour, les agriculteurs canadiens ont surtout eu recours aux combustibles fossiles pour alimenter leur équipement et chauffer leurs granges. Cela ne changera pas beaucoup en 2018, même si on fait la promotion de l’énergie renouvelable.
Ce qui pourrait changer, selon M. Gervais, est le fait que la demande croissante de biocarburants pourrait ouvrir de nouveaux débouchés aux produits agricoles utilisés pour produire ceux-ci.
« Si les marchés de l’éthanol et du biodiesel aux États-Unis devraient assurer une certaine stabilité à la demande de maïs et d’huile végétale en général, les nouveaux objectifs en matière d’éthanol au pays et à l’étranger pourraient créer d’autres débouchés pour les produits agricoles », ajoute-t-il.
Dans l’intervalle, les abondantes réserves de combustibles fossiles devraient contenir les prix de l’énergie à la ferme et limiter les pressions inflationnistes sur les engrais agricoles, qui sont produits à l’aide des combustibles fossiles comme le gaz naturel, le charbon et le pétrole.