La politique bioalimentaire: friandise électorale pour l’été!

La politique bioalimentaire de 2018 ne servira que de denrée électorale parmi d’autres au gouvernement (réductions de taxes,  meilleurs services, etc.)  avant  les élections de l’automne 2018. Le message sous-jacent sera : si vous y tenez, votez pour nous. La politique a des règles qui n’ont  rien à voir avec la logique, ni avec le plus grand intérêt de l’État.

Ce n’est pas la mise en œuvre d’une politique qui donne de la visibilité à un ministre, car c’est aux fonctionnaires que revient le travail de l’exécuter, ceux-là même qui l’ont élaborée. Ce qui rapporte politiquement, ce sont les journées de réflexions publiques, les sommets, les grandes consultations, les annonces de nouvelles politiques, les livres (bleus, blancs, rouges, etc.) ou les commissions, car ce sont ces évènements qui attirent les médias et génèrent  le capital politique tant sollicité. Une fois les annonces terminées, leur mise en application n’intéresse plus les médias et par conséquent, ne génère plus de retombées politiques. Le gros lot, c’est d’avoir la chance de mettre en place une politique qui perdure, car elle devient un monument pour le ministre en question. Pour ce faire, il faut être titulaire du même ministère longtemps  afin de veiller à sa réalisation et à son actualisation.

Lorsqu’il y a changement de gouvernement, il est impensable qu’un nouveau ministre accepte de mettre en œuvre une politique élaborée par un autre gouvernement. Ce serait reconnaître la valeur du travail de son prédécesseur et jamais le nouveau ministre ou le nouveau gouvernement pourrait en réclamer la paternité sans se faire rappeler publiquement que le crédit revient à leurs prédécesseurs. Le même phénomène s’applique à un changement de ministre à l’intérieur du même gouvernement. C’est ce qui explique les paroles incessantes et le vent politique depuis 2008. Les changements politiques entraînent invariablement des changements de politiques. Et il y en a eu beaucoup.

Au mieux, si le gouvernement est réélu  et le même ministre est reconduit à son poste, la politique bioalimentaire de 2018 pourrait  peut-être voir le jour. Ne pariez pas là-dessus. Premièrement, les sondages actuels ne donnent pas les libéraux gagnants et deuxièmement, même s’ils étaient reconduits, les chances sont minces que le premier ministre nomme le même ministre au MAPAQ. Il y a une exception, toutefois. Si l’UPA le veut et si le ministre y voit un avantage de continuer, il pourrait se retrouver au même poste. Mais attention, tout ministre qui se retrouve dans cette position peut faire une croix sur  l’avancement de sa carrière, car visiblement il ne progressera plus. En politique, qui n’avance, recule et qui recule perd de l’influence.

Le Rapport Pronovost est associé à Vallières  et honni par l’UPA, il était donc mort-né lorsqu’annoncé sous Lessard. Le Livre blanc est associé à Gobeil, il fallait l’oublier. La politique de souveraineté alimentaire  est trop associée, au Parti de la souveraineté, à Gendron et à Marcel Groleau. La politique bioalimentaire sera trop liée à Lessard et au Parti libéral. Quel nouveau ministre voudrait de façon purement altruiste s'effacer lui-même et ériger un monument à la mémoire de son prédécesseur,même si son contenu était bon pour les électeurs ?

Non, il voudra porter son propre « espoir » vers le sommet, comme les autres.

Reste à savoir ce que fera un prochain ministre ou un prochain gouvernement. Soyez certain qu’il n’endossera pas aveuglément la politique bioalimentaire de son prédécesseur et rival. A l’automne, la friandise électorale tombera avec les feuilles et le vent. L’instauration d’une nouvelle politique  au sommet connaîtra encore plusieurs Sisyphe et croyez-moi, ce n’est pas un mythe.

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