De plus en plus, j’en viens à la conclusion que les agriculteurs doivent avoir droit à un syndicat qui ne parle pas de tous les côtés de la bouche en même temps et qu’ils doivent pourvoir décider comme des adultes responsables qui représente les agriculteurs.
Il y a 50 ans, le premier ministre Jean Lesage, a fait voter la loi pour créer l’Union des Producteurs Agricoles et représenter les agriculteurs. Historiquement, toute l’agriculture avait été pensée en fonction de la ferme familiale indépendante et pour aider l’agriculteur dans son autonomie en lui donnant plus de sécurité. C’est ainsi que l’UPA a été mis sur pied de même que les coopératives agricoles et la Fédérée.
D’autres lois ont été adoptées par l’Assemblée Nationale pour consolider cette vision des choses, comme le crédit agricole, l’assurance-récolte et l’assurance-stabilisation des revenus. Au début des années 1980, avec la complicité de Jacques Proulx, l’UPA s’est mise à défendre l’intégration et à demander que l’assurance-stabilisation couvre la production indépendante et la production intégrée par la coopérative Fédérée et les intégrateurs privés. Michel Pagé, ministre de l’Agriculture sous Robert Bourassa, a répondu favorablement à cette demande de l’UPA et de la Fédérée quand ils sont arrivés au pouvoir. Par la suite, la Régie s’est rapidement endettée et le gouvernement a voulu faire rembourser les dettes faites en assurant l’intégration par la ferme familiale indépendante. C’était là l’incohérence érigée en système. Cela n’a pas tenu la route et le gouvernement a dû cesser de demander le remboursement des 25% qu’il avait cru pouvoir faire payer par les agriculteurs indépendants. Mais il a dû finalement y renoncer parce qu’il était en train de faire payer les producteurs indépendants pour l’endettement de la Régie après avoir assuré les intégrateurs.
Maintenant, depuis peu, le Ministère de l’agriculture a mis sur pied un comité qui s’est mis en marche récemment pour réviser les programmes de sécurité du revenu. Dans La Terre de Chez Nous du 28 août dernier, selon le président de l’UPA, Marcel Groleau, le Comité se demandera principalement “si les programmes de sécurité du revenu sont toujours adaptés aux producteurs, aux productions et aux différentes régions”. Selon Marcel Groleau, “le comité n’a pas comme mission d’établir si le soutien à l’agriculture doit être diminué pour les intégrateurs ou les investisseurs du monde financier.”
J’ai été surpris mais pas vraiment. Cependant, il est clair que le président de l’UPA, Marcel Groleau, ne défend pas la ferme familiale indépendante, mais plutôt l’intégration alors que l’intégrateur privé ou coopératif ne devrait pas être couvert par l’ASRA et que l’assurance-stabilisation doit être réservée pour la ferme familiale indépendante.
Il semble pour M. Groleau, président de l’UPA, que les taxes payées par les contribuables québécois sont en quelque sorte de l’argent de “Monopoly” qui peut être distribué n’importe comment. Comme président de l’UPA, il devrait savoir que la base de l’assurance-stabilisation des revenus doit d’abord déterminer et définir qui pourra être assuré. C’est la BASE. Et l’intégrateur privé ou coopératif n’est pas vraiment un producteur agricole mais un commerçant de céréales, souvent importées, et d’animaux. C’est un professionnel du commerce: ce n’est pas au gouvernement d’assurer son savoir-faire professionnel.
Ceci m’amène à me demander qui sont les membres de l’UPA qu’elle doit défendre: les producteurs agricoles, les producteurs intégrés, les intégrateurs privés et coopératifs? Il est clair qu’il faut se poser la question devant les affirmations de M. Marcel Groleau dans La Terre de Chez Nous du 28 août 2013, dans les pages 2 et 3. Je reviendrai là- dessus dans ma prochaine chronique de La Vie Agricole le mois prochain. Et si vous voulez me donner votre opinion, n’hésitez pas à me la faire connaître. J’ai toujours beaucoup de plaisir et de bonheur à recevoir vos commentaires.
Pour rejoindre Jean Garon: jeanrgaron@videotron.ca