Pour adopter une politique agro-alimentaire, le gouvernement doit savoir où il va, ce qu’il veut faire, les objectifs qu’il vise et les moyens qu’il veut utiliser pour les atteindre. Est-ce qu’il veut favoriser des intégrateurs privés et coopératifs comme actuellement ou la ferme familiale indépendante. Historiquement, le modèle québecois c’était la ferme familiale indépendante. Aujourd’hui une grande partie des fonds du ministère de l’agriculture va aux intégrateurs comme si les fonds publics devaient subventionner l’intégration et le même gouvernement du Québec contribue à développer l’intégration et à faire des cultivateurs des ouvriers agricoles sur leurs propres terres avec la complicité des coopératives qui ne semblent plus savoir quel est leur rôle et leur vocation.
J’écoutais récemment à la T.V. Jacques Proulx, qui comme président de l’UPA avait organisé des manifestations dès les années 1983-84 pour réclamer que l’assurance-stabilisation des revenus soit accessible à l’intégration dans le porc autant qu’à la production familiale indépendente sans même négocier les contrats des producteurs intégrés. Il semblait dire que la situation actuelle ne durerait pas. L’UPA sert-elle surtout à faire payer des cotisations aux producteurs intégrés sans négocier pour eux leur rémunération par les intégrateurs. Serait-il normal que les patrons et les ouvriers soient membres du même syndicat qui collecteraient des cotisations des deux côtés. J’aimerais savoir combien reçoit chacun des intégrateurs de l’assurance stablilisation des revenus dans le porc et comment reçoivent aussi ceux qui ont des contrats d’intégration.
Peut-on faire une politique agricole basée sur de telles incohérences? Le gouvernement du Québec qui financièrement est très endetté et l’un des plus endetté de tous les pays et états utilise les fonds publics pour développer une agriculture de type industriel contre l’opinion des Québecois qui ne sont pas favorables à la ferme regroupée dans un ensemble de type industriel. Si on se met les yeux devant les trous, on se dira les vraies affaires: l’intégrateur est-il, oui ou non, un patron qui fait signer des contrats où il fixe les conditions du contrat?
Qui a accès au crédit agricole aujourd’hui, quel producteur a droit à l’assurance-récolte et à l’assurance stabilisation des revenus? Comment sont répartis les fonds à la fin de l’année par catégorie de producteurs?
Les fonds de l’État ne sont pas illimités. La dette du Québec est très élevée. Quand les taux d’intérêt vont se mettre à remonter, on va se rend compte qu’il faudra mieux utiliser les fonds publics. Et il faudra voir si on peut prendre des millions de dollars pour assurer les revenus des intégrateurs comme ceux des intégrés alors que même l’UPA ne négocie pas les contrats d’intégration parce qu’elle représente les intégrateurs et les intégrés et qu’elle a favorisé leur couverture par l’A.S.R.A.
L’UPA est responsable d’avoir fait de très fortes pressions pour que la production intégrée soit assurée comme la production de la ferme familiale indépendante. Qu’est-ce qu’on doit dire dans une politique agricole? Où doivent aller les fonds publics? Qu’est-ce que veut l’UPA aujourd’hui qui ne peut pas et ne doit pas regrouper dans un même syndicat les producteurs indépendants et les ouvriers agricoles intégrés, comme les patrons et les ouvriers? Est-ce que l’UPA est indifférente aux niveaux des sommes versées par l’intégrateur à son producteur intégré? Est-ce que les agriculteurs ont besoin de ce genre de syndicat bâtard?
Ces questions doivent être débattues publiquement dans les assemblées du syndicat local de base, les assemblées régionales et le congrès national annuel de l’UPA. La Commission parlementaire de l’agriculture doit discuter de cette question elle aussi; cela pourrait permettre de savoir si tous les députés de chaque parti pensent la même chose. Est-ce que le monde agricole québécois a besoin de coopératives et de syndicats qui n’ont plus de principles, ou ne respectent pas les principes de la coopération et du syndicalisme. Je revièndrai là-dessus.
Pour réjoindre Jean Garon: jeanrgaron@videotron.ca