Personne ne veut annoncer qu'il n'y aura pas d'exposition agricole à Montmagny cet été mais personne ne semble croire qu'il y en aura une. La Société d'agriculture du comté de Montmagny (SACM) reste complètement silencieuse, ce qui laisse circuler les rumeurs les plus fantaisistes, d'ailleurs la station de radio locale, CIQI-FM, y allait de ce qu'elle appelait des « cancans de village ».
Pas de soutien de la Ville de Montmagny dit Pons !
Rejoint par La Vie agricole, l'ancien directeur général de la Société d'agriculture du comté de Montmagny a été assez clair. Dans un courriel M. Christian Pons précise : « Il est fort improbable qu'une exposition provinciale soit tenue à Montmagny en 2016 » car, ajoute-t-il « j'ai voulu obtenir un engagement de la Ville de Montmagny et le résultat a été négatif ».
Pas de caution, pas d'expo. « Pour moi, être cautionné par la ville aurait été une chose primordiale, mais sans caution je n'ai pu, avant mon départ, que conseiller au conseil d'administration de ne pas tenir d'expo »
L'ancien DG de la SACM ajoute : « Une activité de cette envergure pour Montmagny aurait été selon moi une très belle opportunité pour se démarquer dans le milieu agricole, mais vraisemblablement, tout le monde ne pense pas la même chose et ce malgré près d'un demi-million de dollars de retombée ».
La SACM garde le silence sur son avenir et celle de l’expo provinciale
La présidente de la SACM, Mme Sylvie Dionne, a rejeté notre demande d'entrevue en nous répondant par un laconique courriel : « Pour l'instant nous n'avons pas de développement suite au départ de M. Christian Pons. Dès qu'il y a des changements, je vais vous contacter ».
Que faire pour avoir du succès ?
Par ailleurs, à Saint-Hyacinthe, « Le plus grand festival extérieur agricole du Québec » sera de retour le 27 juillet (http://www.expo-agricole.com/ ). Pour M. François Brouillard, le directeur général de la Société d'agriculture de St-Hyacinthe, qui organise l'expo et le Suprême laitier, « Ce sont des produits à mettre en marché pour plaire à la clientèle . Chaque événement doit être ingénieux !».
À St-Hyacinthe on mise sur l'été et la situation géographique (entre Québec et Montréal, accès rapide par l'autoroute). M. Brouillard ajoute : « Ce n'est pas tout d'avoir une bonne date et de bons accès cela prend une bonne programmation et cela c'est beaucoup d'investissement et beaucoup de travail année après année ». Lors des expositions agricoles les citadins aiment côtoyer les animaux mais les concours, constate M. Brouillard « cela vient du passé, c'était un moyen de développement, de vulgarisation. C'est encore très pertinent mais cela amène des coûts et je pense que ce n'est aux visiteurs à payer pour ça ». Donc, selon lui, le ministère de l'Agriculture doit continuer à aider pour la tenue des expositions agricoles.
Mettre à profit les techniques modernes
Au-delà des difficultés de Montmagny, l'organisation des expositions agricoles et plus précisément des jugements d'animaux est à revoir. Dans une récente entrevue avec La Vie agricole, le président de l'Association des expositions agricoles, M. André Labonté, a indiqué que la réflexion était bien amorcée.
Sans attendre, à Saint-Hyacinthe on songe à tirer profit de l'internet. Le Suprême laitier, les compétitions équestres de haut niveau, les jugements d'animaux en général, sont des activités très spécialisées qui intéressent beaucoup de gens dans le monde mais peu dans la région immédiate du lieu d'exposition nous a-t-on fait savoir
Le directeur général à St-Hyacinthe révèle que « depuis presqu'un an on en discute, on veut aller chercher, exploiter, le revenu disponible qu'il y a là. On va essayer de vendre ces images là à un prix raisonnable mais qui au final nous apportera un revenu intéressant ».
« Le lien internet permettrait de rejoindre du monde qui n'a pas le temps de se déplacer ». M. Brouillard ajoute que les expos actuellement sont « une occasion de se rencontrer et cela va demeurer un moyen de socialisation et d'échange d'idées ». Aujourd'hui il y a des moyens modernes pour comparer les animaux mais, selon lui, l'évaluation des bêtes vivantes dans des concours reste importante.
St-Hyacinthe, en relève à Montmagny?
« C'est sûr que c'est un défi qui est énorme et cela ne peut pas s'organiser en quelques jours, donc c'est pas évident ». C'est ainsi qu'a réagi M. Brouillard à l'évocation de venir en relève à Montmagny.
Impossible ? « C'est sûr, ajoute-t-il, que l'argent est un grand facteur parce que ce sont des coûts énormes de recevoir autant d'animaux. Ça prend des infrastructures et toute une organisation. » De plus les producteurs doivent aussi préparer leurs animaux pour les concours.
« Pour l'instant à ce que je sache, la provinciale est au calendrier, j'imagine que les gens s'y préparent. Si jamais ça change, ça va être difficile ». M. Brouillard avait un message pour Montmagny : « On souhaite bonne chance à Montmagny, ce sont des amis. On souhaite qu'elle réussisse à trouver sa place ».
Pour le MAPAQ, l’argent de l’expo provinciale 2016 est en route !
La question sur la tenue éventuelle d'une exposition agricole posée au bureau du MAPAQ à Montmagny tombe inévitablement à la Direction des communications à Québec. Le porte-parole du MAPAQ nous a fait savoir que c'est à la SACM de nous répondre et a précisé que « toutes les sommes qui devaient être versées (en 2015) en vertu du Programme d'appui financier aux expositions agricoles l'ont été ».
Ce programme d'appui a été évalué et le relationniste, M. Alexandre Noël précise : « Cette évaluation a été transmise au Secrétariat du Conseil du trésor en janvier dernier. Un nouveau programme a été soumis au Secrétariat du Conseil du trésor pour approbation ».
Silence de l’UPA
L’UPA interrogé sur sa vision du développement des expositions agricoles et l’imbroglio qui survient à Montmagny n’a pas répondu à nos courriels.