Le Canada est le plus gros producteur et exportateur de légumineuses au monde. Le Québec produit 1,4% de ces légumineuses, d’après Statistique Canada, même si les fèves et pois secs y poussent très facilement. Dans le cadre de l’Année internationale des légumineuses, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a désigné la chercheuse canadienne Joyce Boye ambassadrice spéciale pour l’Amérique du Nord. La Vie Agricole a posé quelques questions à la scientifique d’Agriculture et Agroalimentaire Canada de passage à Québec début octobre pour le congrès sur les aliments sains, BÉNÉFIQ, et a traduit ses réponses.
1-Quel rôle positif joue la production de légumineuse dans les changements climatiques au Canada ?
Il y a plusieurs impacts positifs. […] Premièrement, les légumineuses ont la capacité de fixer l’azote dans le sol. Donc, si on plante des légumineuses, pendant qu’ils pousseront, il y aura moins de demande d’addition de fertilisants dans les sols […] et moins de risque de fertilisants dans l’environnement. […] Deuxièmement, les légumineuses peuvent pousser dans des conditions assez arides et demandent moins d’eau, une ressource importante. […]
2-Est-ce qu’il y a encore un travail important à faire pour développer des circuits courts au Canada?
On ne consume pas beaucoup de légumineuses au Canada malheureusement. La majorité de la production est actuellement exportée. […] La question de la distance ne devrait pas se poser puisque les légumineuses poussent au Canada. Le défi est de trouver une manière d’utiliser les légumineuses pour que les Canadiens les apprécient.
3-Qu’est-ce que vous envisagez pour promouvoir l’augmentation de la consommation de protéines végétales dans notre pays où la consommation de viande est encore très élevée?
La population mondiale est en augmentation et il n’y aura pas suffisamment de protéines pour nourrir toute la population. Nous savons aussi que, pour une saine alimentation, il faut une diversité des aliments. […] Au Canada, il y a beaucoup de travail qui doit être fait pour promouvoir la consommation de diverses sources de protéines, d’aliments nutritifs et de produits riches en fibres. Donc, le vrai message, c'est qu’il faut de la diversité. Ce n’est pas de consommer seulement des légumineuses, c’est d’inclure des légumineuses dans une alimentation variée. […] Les recherches prouvent que la consommation de légumineuses réduit le risque de développer des maladies chroniques, des maladies cardiovasculaires, du cholestérol ainsi que de l’obésité.
4-En quoi l'année internationale des légumineuses peut-elle influencer le rapprochement entre la vision économique et la mission alimentaire de la vente d'aliments ?
Nous espérons une augmentation de la production, nous espérons une augmentation de l’utilisation des légumineuses et nous espérons un meilleur bien-être de la population. Si nous offrons des produits qui sont bons, nutritifs, abordables et goûteux, les consommateurs en redemanderont! Les transformateurs auront à faire ces produits qui seront davantage vendus et les agriculteurs auront à en cultiver davantage. […]
5-Les Nations Unies présentent les légumineuses comme une solution à la sécurité alimentaire dans le monde, est-ce aussi une occasion pour les producteurs canadiens de se créer de nouveaux marchés?
La réponse est oui. La légumineuse est un produit sec, donc facile à conserver et transporter. […] Pour la sécurité alimentaire, il faut chercher à savoir s’il est possible de précuire les légumineuses pour qu’elles soient plus facilement et rapidement utilisables. Au Canada, ce n’est pas un problème, car il y a beaucoup d’énergie. Par contre, dans des pays en développement, l’utilisation d’énergie peut être un problème. Au Canada, des compagnies ont commencé à précuire ou moudre des légumineuses pour l’exportation […], mais il y a encore beaucoup d’opportunité de développement dans ce secteur.
6-Comment concevez-vous votre rôle concrètement pour aider les agriculteurs canadiens à développer leurs productions ?
Mon objectif, en tant qu'ambassadrice de l’Année des légumineuses, est de travailler avec les producteurs pour promouvoir les bénéfices des légumineuses sur la santé et l’environnement. […]. Je vois l’Année internationale des légumineuses, non pas comme la fin, mais comme le début. Je veux développer un plan d’action sur 10 ans pour une prise de conscience globale [des impacts positifs] des légumineuses et travailler avec les producteurs pour m’assurer de l’accessibilité des graines, de leur qualité, de leur résistance, de leur caractère nutritif.
Légende photo : Joyce Boye (à droite) devant son kiosque d’Agriculture et Agroalimentaire Canada lors du congrès BÉNÉFIQ à Québec.