87e congrès général de l’UPA : « Le défi alimenTERRE » – « On ne peut pas faire d’agriculture sans filet! »

QUÉBEC, le 29 nov. 2011 /CNW Telbec/ – « En agriculture, il ne devrait pas y avoir de tels changements tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas d'analyse d'impact. C'est la leçon qu'on doit tirer des difficultés des deux dernières années. De voir des producteurs et productrices agricoles contraints d'abandonner la profession, ça fait mal au cœur. Mais de savoir qu'on aurait pu éviter pareille situation si les choses avaient été faites autrement, ça fait encore plus mal! »

C'est là un des constats que le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse, a livré aujourd'hui à l'occasion de son discours annuel, lors du 87e congrès général de l'UPA qui se tient à Québec jusqu'à jeudi prochain inclusivement. Il faisait référence au fait que La Financière agricole du Québec est allée de l'avant dans le dossier des coupures à l'ASRA sans jamais se livrer aux études d'impact auxquelles le ministre de l'Agriculture de l'époque, feu Claude Béchard, l'avait pourtant enjoint de procéder.
Pour illustrer les conséquences néfastes de cette omission, Christian Lacasse a fait allusion au filet utilisé par les acrobates de cirque. « Avec la coupure du 25 %, le filet s'est retrouvé à un pouce du sol. Quand tu tombes de 30 pieds, le filet ne sert pas à grand-chose, a-t-il ironisé… Les programmes de soutien du revenu sont à la base de notre secteur d'activité. Sans de bons programmes, a-t-il défendu, il est impossible de penser à la pérennité de notre agriculture et de nos fermes familiales ».

Les producteurs n'en démordront pas, a-t-il enchaîné. « Autant on ne voulait pas de cette coupure de 25 % dans l'ASRA parce qu'on la jugeait totalement déstructurante — et la suite nous a donné raison — autant nous tenons à voir le gouvernement respecter sa parole pour compenser les agriculteurs contre les effets déplorables de cette coupure. L'engagement qu'il a pris le 17 décembre 2010, le gouvernement devra le respecter », a-t-il prévenu, rappelant la détermination des agriculteurs à cet égard.
En ce qui concerne le livre vert et la future politique agricole québécoise, le président de l'UPA est monté à la défense des trois autres grands piliers de l'agriculture québécoise que sont l'accréditation syndicale unique, la mise en marché collective et la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles.

« Un seul syndicat accrédité, c'est la règle au Québec. Pas seulement en agriculture, mais dans tous les secteurs d'activité syndicale. On en a raz le bol de tous ceux qui, depuis des années, nous cassent les oreilles avec le supposé monopole. L'accréditation unique est fondée sur le membership. À l'UPA, ce membership est en hausse et atteint 95 %. C'est assez incroyable que des gens puissent encore remettre en cause notre représentativité! Continuez, a-t-il raillé à leur intention, et nous serons bientôt 98 %
Sur la question de la mise en marché collective, Christian Lacasse a indiqué que l'UPA comptait bien saisir les consultations à propos du livre vert sur la future politique agricole pour indiquer tout ce que des documents comme les rapports Pronovost et Saint-Pierre n'avaient pas dit à propos de l'agriculture québécoise. Eux à qui il reproche d'avoir « cherché des problèmes là où il n'y en avait pas » et d'avoir omis de se pencher sur les vraies affaires, comme le chemin de croix que doivent franchir les produits agricoles québécois à travers le réseau des grands distributeurs pour se trouver une place sur les tablettes de nos supermarchés.

Il n'y a aucun doute, a-t-il poursuivi, que le modèle agricole québécois a d'indéniables vertus. Le président de l'UPA a cité l'Ontario en exemple, une province où les recettes monétaires agricoles sont 50 % plus élevées qu'au Québec, mais où le chiffre qui compte le plus, celui des revenus nets à la ferme, est trois fois moindre que dans la belle province. « Comment expliquer une telle différence, a-t-il interrogé, si ce n'est à cause d'outils tels la mise en marché collective qui caractérisent si bien l'agriculture québécoise. On est efficaces parce qu'on a de bons outils! »

À cet égard d'ailleurs, l'UPA voit comme un signe tout à fait positif l'adoption récente par le gouvernement du Québec de la loi 21, venue colmater une incohérence qui s'était fait jour dans la Loi sur la mise en marché des produits agricoles. « On doit saluer la détermination du ministre Corbeil sur cette question, a souligné le président de l'UPA. À peine un an plus tard, et voilà que la Loi est corrigée et bien corrigée. C'est le signe, y voyons-nous, que la loi est là pour rester et pour être appliquée ». Pour l'UPA, il s'agit d'un gain majeur.

Quant à la protection du territoire et des activités agricoles, Christian Lacasse a rappelé que, pendant longtemps, l'UPA était la seule à défendre cette loi, « une période épuisante ». Il s'est dit heureux qu'au fil du temps cette question soit devenue un véritable enjeu de société, rappelant qu'une vingtaine d'organismes se sont ralliés à l'UPA récemment pour réagir avec elle au futur plan de développement de la Communauté métropolitaine de Montréal. « Chaque fois qu'on perd un hectare de terre agricole, a-t-il imagé, c'est comme si on enlevait une tablette de notre garde-manger collectif.»

Rappelons, en terminant, que Christian Lacasse, prononçait son dernier discours à titre de président général de l'UPA. À la fin de ce 87e congrès général, il mettra un terme à un deuxième mandat consécutif à la tête de cette organisation. Il aura ainsi consacré 30 ans de sa vie au syndicalisme agricole, à partir de ses premiers pas comme secrétaire de son syndicat de base au début des années 80 jusqu'aux plus hautes fonctions de l'UPA.

« Si je me retire maintenant, a-t-il entre autres expliqué, c'est parce que la relève est prête. Et quand la relève est prête, il faut tirer sa révérence et lui laisser la place ». Il faisait bien sûr allusion à son successeur, Marcel Groleau, qui, au terme de ce congrès, lui succédera à la présidence de l'UPA, après avoir été élu par acclamation.
Source: Éliane Hamel

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