Quand peut-on dire qu’une vache est confortable? On peut toujours essayer de se mettre à sa place et d’utiliser le gros bon sens, mais notre perception est très subjective. Elles n’ont pas l’air si mal puisqu’elles ont une bonne production de lait, dira-t-on. Mais, comme le mentionne Marina von Keyserling, chercheure réputée dans le domaine du confort et du bien-être des vaches laitières, la production de lait n’est pas un bon indicateur du confort des vaches. Alors, comment savoir s’il faut améliorer le confort dans l’étable et quelles sont les priorités?
Le nombre de vaches couchées ou debout et qui ne sont pas en train de manger, le nombre de vaches avec des blessures aux jarrets sont des observations simples à faire. Ce qui est plus compliqué, c’est d’en comprendre l’effet sur la routine naturelle des vaches et de savoir si cela représente un facteur de stress pour celles-ci.
Par exemple, des vaches en stabulation libre peuvent trouver les logettes inconfortables pour différentes raison. Soit le sol est trop dur, trop mouillé, l’espace insuffisant ou encore qu’il y a une entrave à leurs mouvements lorsqu’elles se couchent ou se lèvent. Elles passent moins de temps couchées, puisqu’elles sont en attente ou à la recherche d’un meilleur site et cela a un effet direct sur leur productivité. Cette situation entraine une pression inutile sur les sabots et favorise les boiteries. De plus, les vaches auront tendance à se gaver en quelques gros repas au lieu de s’alimenter en plusieurs petits repas. La production d’acide dans le rumen est alors accrue et augmente l’incidence des cas d’acidose.
Le Canada est une référence en termes de recherche sur le bien-être animal. Chaque année, de 15 à 20 étudiants à la maîtrise et au doctorat se joignent au programme de bien-être animal de l’Université de la Colombie-Britannique. Ils participent aux nombreuses études sur le comportement des vaches laitières dans une étable en stabulation libre ultra moderne. Les Producteurs Laitiers du Canada contribuent largement au financement de ces recherches.
La mission du centre est de documenter et de quantifier les comportements des vaches laitières et de trouver des solutions concrètes afin d’améliorer la santé, la longévité et le bien-être animal. Les recherches permettent de mieux satisfaire aux exigences des consommateurs qui exigent de plus en plus de respecter la nature des animaux. Pour les producteurs, les données obtenues contribuent à améliorer la rentabilité des troupeaux par une diminution du niveau de stress des animaux leur permettant de mieux exprimer leur potentiel.
Les boiteries et leur prévention à travers un logement plus confortable pour les vaches ont été au cœur de plusieurs projets dans les dernières années. Ainsi, en 2008, un projet a permis de monter une banque de données grâce à 43 fermes où diverses informations ont été recueillies : le nombre d’heures couchées, le nombre de vaches avec des blessures aux pattes, le nombre de boiteries, le design des bâtiments et la régie. Le rapport a permis aux producteurs participants de se comparer aux autres fermes et d’identifier des aspects du logement ou de la régie à améliorer. De fil en aiguille, environ 150 fermes supplémentaires, partout aux États-Unis, ont également été visitées et ces observations ont enrichi la banque de données. Suite à ce succès et à l’intérêt des producteurs, une banque de données devrait être montée au Québec, en Ontario et en Alberta dès cette année. En attendant de se comparer aux autres, c’est probablement une bonne idée de commencer à regarder ce que nos vaches nous disent…