De la viande au noir ?

par Annie Cloutier

« C’est lors de l’assemblée générale annuelle
de la Fédération des producteurs
de boeuf, que le président du syndicat de
Saint-Hyacinthe, Réjean Bessette, a reconnu
publiquement avoir des preuves que les
frères Cola vendaient de la viande provenant
dudit abattoir au noir » a affirmé M.
Adrien Breault, président de l’Association
de défense des producteurs de bovins, lors
d’une entrevue téléphonique. « C’est un administrateur
appartenant à l’association de la défense
de producteurs de bovins qui a mis le doigt
sur ces actes frauduleux », a également confirmé
M. Breault. Malgré cette affirmation publique, il
ne semble pas que l’UPA veuille réagir à ces propos.
Une attitude que déplore l’association de la
défense des producteurs. C’est pourquoi celle-ci
exige une enquête extérieure menée par une escouade
spécialisée de la SQ à ce sujet.

La mission de l’Association de défense des producteurs
de bovins est de défendre les droits des
producteurs agricoles qui vendent des bovins de
réforme. Ils veulent que justice et transparence
soient établies entre l’UPA et les producteurs
agricoles. Présentement, il ne semble pas y en
avoir, selon les représentants interrogés. L’association
a auparavant dénoncé que le transfert
des données de l’ATQ à la FPBQ était illégal.
Ces transferts de données ont servi à la FPBQ
pour obtenir une garantie de remboursement de
la dette auprès des institutions financières. À ce
sujet, même si l’abattoir devient une coopérative,
tous les producteurs de bovins de réforme devront
continuer à payer la cotisation annuelle de
53 $ pour le remboursement de la dette étant
donné que la FPBQ va garder un 10 % des parts
de l’abattoir.

Les commentaires de Andrien Breault et
Vincent Kheletter au sujet
de l’abattoir coopératif.

M. Vincent Kheletter, membre de l’Association
de défense des producteurs de bovins n’a rien
contre le projet de transformer l’abattoir Colbex-
Levinoff en coopérative. Surtout que cela va être
fait sur une base volontaire de la part des producteurs.
Cependant, il trouve dommage que la
FPBQ n’ait pas profité de l’occasion pour rétablir
le fossé qui s’est créé entre les producteurs et
leur syndicat. Notamment en ce qui a trait au
montant de 53 $ que les producteurs de lait
et de boeuf, qui réforment des bovins, doivent
payer par année. Un montant exigé par la FPBQ
depuis 2008 qui est contesté par l’Association de
défense des producteurs de bovins. M.Kheletter
déplore également que les producteurs agricoles
concernés par le dossier de la vente de
bovins n’aient pas été suffisamment informés
des intentions de la FPBQ quant à la mise en
place de la coopérative. Les représentants syndicaux
régionaux auraient dû recueillir l’avis des
producteurs avant de voter. L’assemblée générale
extraordinaire s’est déroulée devant 400
producteurs réunis à l’hôtel Clarion de Québec.
Toutefois, c’est seulement les 131 délégués syndicaux
qui ont voté sans avoir préalablement recueilli
l’opinion des producteurs des différentes
régions du Québec. M. Kheletter dit que tout
semblait être bien orchestré afin que cela soit
accepté.

Pour sa part, M. Breault, président de l’Association
de défense des producteurs de bovins, est
aussi en faveur d’une coopérative. Toutefois, il
déplore que la FPBQ demeure au sein de la nouvelle
entité. Concernant l’assemblée générale
extraordinaire, aucun plan d’affaires sérieux n’a
été présenté aux membres. Le vote de confiance
s’est effectué en vitesse sans aucune période
de questions. « Le 19.5 millions de dettes de
l’abattoir sera transféré sous le nom d’une autre
compagnie, mais on n’en sait pas plus », indique
Adrien Breault. Pourtant aucune enquête n’aura
lieu pour éclaircir la situation. L’abattoir sera
encore en déficit pour les trois prochaines années.
L’Association de défense des producteurs
de bovins craint également que la FPBQ dépose
un projet de règlementation de l’approvisionnement
en viande. Ce qui obligerait les producteurs
québécois à acheminer leurs bêtes vers l’abattoir
et occasionnerait un contrôle des prix.

Votre commentaire