Menace sur la gestion de l’offre !

par Yan Turmine

Des discussions sont en cours sur la répartition des quotas de poulet ans le futur. L’Alberta et l’Ontario revendiquent que dans le futur la répartition de la croissance se fasse selon un modèle lié à l’évolution démographique. Les allocations de quota, du moins la croissance se ferait non pas en fonction des quotas détenus, mais plutôt selon le facteur démographique. C’est ce que demandent l’Ontario et l’Alberta.

Afin de pousser ce dossier, l’Ontario s’est constituée une équipe composée de l’ensemble de l’industrie de la volaille (producteur, abattoir, fournisseur, couvoir), c’est Team Ontario ! Quand à l’Alberta elle menace de se retirer de l’accord fédéral provincial sur le poulet si elle n’obtient pas ce qu’elle veut.

Selon la demande de l’Ontario et de l’Alberta, le producteur de volaille du Québec n’aura plus sa part dans la croissance de la demande de poulet, dont moins de quota additionnel ou du moins beaucoup moins qu’un producteur de l’Ontario ou de l’Alberta. Pratiquement, l’ensemble du quota qui sera donné pour l’accroissement de la demande sera alors reparti dans les provinces qui sont en ce moment en déficit pour le critère population versus quota.

Traditionnellement, la répartition de la croissance se faisait au prorata de la détention des quotas. L’introduction de l’élément démographique dans le calcul de l’attribution des quotas est sans précédent. On ouvre la voie à des revendications qui pourraient changer en profondeur l’agriculture d’ici, et cela risque de n’être pas trop positif. Une fois que l’on accepte le principe d’introduire le facteur démographique (dans un premier temps sur la portion croissance), comment refuser dans cette même logique une correction globale des allocations par provinces. Correction qui viendrait affecter négativement la production historique et cela dans une logique de corriger plus rapidement le déficit population /quota.

Risque de décroissance au Québec

Ce n’est pas pour rien que l’ensemble de la filière poulet en Ontario c’est créée un Team Ontario pour cette question. Si leur proposition est acceptée cela représente pour l’ensemble de l’industrie ontarienne des millions de dollars de croissance potentielle qui seront malheureusement compensés par une décroissance au Québec.
De plus si Team Ontario gagne son pari d’introduire l’élément démographique dans le calcul d’attribution des quotas de production, il est fort à parier que l’on verra se propager de telles demandes dans les autres productions sous gestion de l’offre, tel le lait. Les négociations actuelles dans la volaille sur la croissance différentielle pourraient avoir un impact majeur sur l’agriculture québécoise. On parle de centaine de millions de dollars par année, de plusieurs milliers d’emplois en amont et en aval de la production qui pourrait être menacés. Les propositions de Team Ontario et la menace de l’Alberta de quitter l’accord fédéral provincial sur le poulet menace non seulement l’agroalimentaire québécois, mais aussi le système de gestion de l’offre dans son ensemble.

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