Le syndicalisme et la coopération agricoles ont-ils vendu leur âme au diable? ~ Jean Garon

Nous vivons depuis plusieurs années dans un monde capitaliste de plus en plus dégénéré où les dirigeants d’entreprises accaparent une partie de plus en plus grande des profits ou de la rémunération au détriment des actionnaires et des employés. Il y a un partage de plus en plus déséquilibré au profit des dirigeants, c’est-à-dire des membres des conseils d’administration et des principaux cadres dans la grande entreprise privée et parfois aussi de la grande entreprise coopérative.

La rémunération exorbitante des dirigeants s’accompagne de plus en plus d’avantages de toute sorte: bonis, participation aux bénéfices, droits d’achat d’actions, primes, etc. C’est la gloutonnerie, la cupidité, le tout pour soi qui deviennent de plus en plus la règle.

Ainsi, il y a quelques années, quand les grandes banques américaines ont connu des problèmes de rentabilité, les dirigeants ont demandé des prêts au gouvernement américain pour leur permettre d’éviter la faillite. Et quand le Président des États-Unis a finalement accepté pour éviter leur faillite, les dirigeants se sont payés des bonis pour leur brillante(?) gestion. Cette façon de faire s’est de plus en plus généralisée.

Le monde capitaliste a besoin de réfléchir à son avenir quand les dirigeants d’entreprises s’accaparent la richesse de plus en plus pour eux-mêmes au détriment des employés et des actionnaires.

D’autre part, le syndicalisme et la coopération ont un rôle à jouer pour que l’équilibre soit maintenu dans notre société et surtout dans le monde agro-alimentaire. Comment l’U.P.A. peut-elle accepter de représenter les producteurs indépendants, les producteurs intégrés privés et coopératifs et les intégrateurs couverts tous ensemble dans un régime d’assurances-stabilisation au détriment de ses membres qui devraient tous être producteurs indépendants propriétaires d’une ferme familiale efficace?

Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que le syndicat U.P.A. joue encore son rôle?

Dans les années 1930 et suivantes, les agriculteurs se sont donné des instruments pour les défendre comme les syndicats et les coopératives. Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que le syndicat U.P.A. joue encore ce rôle? Il défend qui au juste s’il représente des agriculteurs qui ont des intérêts différents. La coopérative agricole, elle, devait fournir les intrants (grains de provende, intrants de toute nature, etc.) à un meilleur coût et à une distance raisonnable, à ses membres qui étaient, disait-on alors, les propriétaires de la coopérative. Qu’en est-il maintenant? Est-ce que la coopérative en intégrant ses producteurs a réussi surtout à faire de ses membres indépendants ses intégrés devenus maintenant en quelque sorte ses employés? Est-ce cela la coopération? Est-ce cela qu’ont voulu faire les fondateurs de la coopérative agricole? Fonder une coopérative qui ferait d’eux ses employés?

Ce qui se passe actuellement est irresponsable

Il y a de plus en plus et trop d’institutions dénaturées dans notre société et surtout dans le monde agro-alimentaire du Québec. Les gouvernements ont rendu des fonds publics disponibles à des niveaux considérables pour aider la ferme familiale, pas pour la faire disparaître. Ce qui se passe actuellement est irresponsable. Récemment, un intégrateur de l’Ontario qui mettait en marché 1.000.000 de porcs par année a fait faillite et il a été acheté par des américains. Beau résultat! Ce n’est pas de ce genre d’agriculture que les Québécois ont besoin, une agriculture de plus en plus industrialisée. Il y a urgence à se réveiller avant que les désastres se multiplient.

Les organismes syndicaux et coopératifs ne peuvent plus faire semblant de ne rien voir

Personnellement, je crois que nous vivons dans un monde déboussolé qui ne pourra pas survivre parce que notre société est de plus en plus inquiète, à raison. Il faut que les changements se fassent rapidement avant que nous en arrivions à frapper le mur. La crise qui se répand dans l’économie est le résultat de ces comportements erratiques. Est-ce qu’on pourra dire encore une fois qu’on ne l’avait pas vu venir quand cela arrivera comme dans le scandale de la corruption qu’a commencé à dévoiler la Commission Charbonneau.

Le débat doit avoir lieu rapidement avant qu’il ne soit trop tard. Il me semble qu’il y a assez d’incohérences évidentes à corriger. Les organismes syndicaux et coopératifs ne peuvent plus faire semblant de ne rien voir.

Pour rejoindre Jean Garon: jeanrgaron@videotron.ca

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