Alors qu’Expo Québec a abandonné le jugement provincial d’animaux pour l’été qui s’en vient, et que celui-ci a été récupéré in extremis par Montmagny, on peut s’étonner qu’une des activités innovatrices annoncées pour l’édition 2013 d’Expo-Québec soit la “tomatina“! Cette bataille de tomates, faisant partie du folklore espagnol !
L’Italie a la course du Palio de Sienne, parfois dangereux pour les chevaux, mais ancré parmi les festivités traditionnelles de ce pays latin. L’Espagne a aussi ses légendaires corridas qui font souvent jaser pour les questions de cruauté envers les animaux. Les pays du sud de l’Europe organisent aussi des “marradas“, des courses de taureaux dans les rues des villages. Toutes ses manifestations si elles trouvent un certain sens dans leur pays d’origine en ont-elles un par ici ? Trouverait-on une logique à faire de la tire d’érable dans les stations de ski françaises si ce n’est pour faire une promotion du produit? À ce que je sache on ne cherche pas à Expo-Québec avec la “tomatina“ à faire vendre plus de tomates au Québec par cette activité de défoulement général !
Pourquoi Québec a-t-il extradé les plus belles vaches ?
L’argument principal justifiant la fin de la tradition du jugement d’animaux lors des expos de Québec a été justifié en début d’année par la Ville de Québec en raison d’une trop faible assistance par rapport aux coûts. L’activité de jugement d’animaux couterait environ 1 million $, dont la moitié était assumée par la Ville de Québec. Montmagny, terre d’accueil des vaches et autres congénères refoulés à Québec, saura-t-elle faire de cette activité traditionnelle québécoise, une réussite au point de déplacer la population qui ne venait plus à Québec, en les amenant 45 minutes plus à l’est ? La tentative d’obtenir plus de soutien des gouvernements provincial et fédéral qui avait échoué pour Québec semble se reproduire pour Montmagny vu les annonces à la baisse faites par le ministre Gendron récemment qui alloue 230 000 $ à l’activité magnymontoise quand Québec en recevait 340 000 $. Si Québec n’était plus en mesure d’allonger 500 000 $ pour ce jugement d’animaux, on doute fort que Montmagny, en raison de ses ressources moindres puisse être un partenaire majeur.
Québec comptabilise !
L’aspect comptable de ce qui était la plus grande foire agricole de l’est du Canada a eu le dernier mot de celle-ci ! Il n’y avait pas assez de monde pour justifier le maintien dans la Capitale Nationale de cette activité traditionnelle. Montmagny après les muscles des hommes les plus forts du monde ( Fortissimus ) va s’essayer avec les taureaux les plus musclés ! Et c’est tout à son honneur mais le défi est majeur. Expo-Québec ne maintiendra dans le cadre de ses activités agricoles que les traditionnelles fermettes que l’on retrouve pourtant dans les centres commerciaux de la province pour amuser les enfants. La population ne voit pas la différence entre une vache de 10 000 $ et une vache d’un demi-million et il semble que ce ne soit plus nécessaire de faire l’éducation agricole des québécois !
Pourtant le concours provincial qui se tient chaque année est l’aboutissement de toutes les expositions régionales. Environ 1500 bêtes de diverses espèces et races y figurent. L’évènement est l’occasion de consacrer les champions québécois qui vont ensuite défiler à l’étranger.
Ces top-modèles de l’élevage !
Tous ces animaux primés sont une belle carte de visite pour l’industrie des semences de reproduction. Trois des quatre premières vaches au monde sont pourtant québécoises et sont évaluées à plus de 500 000 $ chacune.
Une bataille effrénée de tomates dans un parc aménagé au sein d’Expo-Québec n’est sûrement pas l’activité la plus en phase avec la volonté du ministre Gendron de promouvoir les aliments québécois. Les organisateurs de cette “fiesta rouge“ se veulent rassurant et rappellent que seules les tomates impropres à la consommation seront utilisées. Il n’en reste pas moins que l’image transmise par Expo-Québec est claire : Les québécois veulent faire la fête et au diable les mandats de sensibilisation tels que voulus par le MAPAQ. L’un aurait peut-être compensé l’autre !