Ginette Lafleur est docteur en psychologie. Elle est une sommité dans tout ce qui touche la détresse chez les agriculteurs. Dans un ouvrage gigantesque, elle dresse un portrait désarmant sur la santé psychologique et le suicide en milieu agricole.
Le dernier bilan sur le nombre de suicides chez les producteurs agricole remonte à 1986. Depuis on ne tient plus ce triste recensement. Sûrement que les chiffres dépasseraient tout entendement.
Ginette Lafleur sonne, depuis longtemps, l’alarme sur la hausse incessante des cas de détresse dans le monde de l’agriculture. En 1900, c’était la profession où le suicide était le moins fréquent.
En 2006, le milieu agricole était passé au premier rang. En 2009, Ginette Lafleur démontrait que ce phénomène était devenu mondial.
Une étude signalait en 1998, il y a donc à peine 15 ans, que 5,7% des producteurs agricoles avaient songé sérieusement à mettre fin à leurs jours, au cours des 12 mois précédents, comparativement à 3,9% personnes dans la population québécoise en général. Contrairement à ce qui se passe dans les autres milieux au Québec la tendance va en augmentant chez les cultivateurs. La situation est devenue dramatique particulièrement chez les producteurs de porcs où 7,7 pour cent d’entre eux ont déjà songé au suicide. La détresse psychologique ne s’atténue aucunement avec les années. Pierrette Desrosiers, psychologue au cœur de cette tempête, a énuméré les innombrables causes de ce découragement, causes qui se multiplient avec le temps. Le souci d’argent remonte constamment à la surface. Pensons au taux d’endettement record, aux besoins de performer, aux mésententes familiales provoquées par les difficultés financières.
Puis les autres facteurs comme la crise de la vache folle, la maladie, la dégradation de l’image de l’agriculture et la dévalorisation de ce métier. Apparait ensuite le manque de reconnaissance sociale qui diminue la fierté humaine. Plus on se penche sur cette triste situation plus on a l’impression de se retrouver devant une roue sans fin. Parler d’urgence n’est pas exagéré.