L’annonce de la tenue des Jeux Équestres Mondiaux à Bromont en 2018 est la reconnaissance du dynamisme du secteur équin au Québec. Les Jeux Équestres Mondiaux sont un grand événement sportif international qui attire près de 500 000 visiteurs et des dizaines de millions de spectateurs sur les diverses plates-formes d’information. Cet événement sera sûrement le plus important médiatiquement que le Québec connaîtra au cours des quatre prochaines années. La tenue de cette manifestation d’envergure nous rappelle que la campagne abrite beaucoup d’activités agricoles. Le secteur équin utilise des ressources agricoles suffisamment importantes pour rivaliser avec plusieurs productions agricoles plus traditionnelles. Le secteur équin dépense annuellement plus de 500 millions de dollars au Québec, les quelques 20 000 propriétés équestres possèdent plus de 130 000 chevaux.
Nous sommes témoins depuis plusieurs années, de l’émergence qu’a pris le secteur équin. Ce secteur qui, contrairement à l’agriculture traditionnelle dont l’objectif vise à produire et à vendre un produit alimentaire, procure du plaisir à la fois au propriétaire et au client. Nous n’avons qu’à penser à l’agrotourisme, où le côté “visite champêtre“ a autant d’importance pour le client que le produit offert sur la ferme. La route des vins, les balades gourmandes, les produits du terroir gagnent en popularité, année après année, et ces activités deviennent pour certaines régions des moteurs du développement agricole. Ces nouveaux secteurs agricoles ont des besoins très différents des secteurs plus traditionnels de l’agriculture. L’aménagement du territoire agricole pour ces entreprises est essentiel et primordiale ainsi que la préservation des paysages et du cachet particulier d’une région, d’une paroisse ou d’un rang.
De plus, le poids médiatique de ces nouveaux secteurs auprès de la grande majorité de la population s’avère important. Si vous demandez à des Montréalais, quelles sont les principales productions agricoles en Estrie ? Il est fort probable que la lavande et le vin en fassent partie. La présence de ces exploitations en milieu rural dont les objectifs de production diffèrent des exploitations traditionnelles, amènera des changements cruciaux dans notre agriculture. Leur impact économique est suffisamment important actuellement qu’il permet la revitalisation de certaines régions agricoles. Leur présence va aussi amener de nouvelles exigences en termes d’aménagement du territoire et de cohabitation.
Cette évolution de l’agriculture se passe aussi ailleurs. Elle n’est pas nécessairement facile et crée, à certains endroits, des tensions assez importantes. Le North Dakota, le Missouri et l’Iowa ont des amendements à leur constitution, ou regardent la possibilité d’en passer sur le « right to farm », c'est-à-dire le droit de produire. Pour certains, ces amendements pour introduire le « right to farm » se veut une réponse à la multiplication des lois qui encadrent ou limitent la production agricole. Pour d’autres, c’est le laisser-passer pour les grandes corporations à faire ce qu’elles veulent sans égard à leur voisin.
L’agriculture change, le territoire agricole s’ouvre à de nouvelles façons de faire et à un dynamisme nouveau qui devra cohabiter avec les productions plus traditionnelles. Bien qu’inévitablement, ces changements amèneront son lot de conflits, il n’en demeure pas moins que la revitalisation des régions et des rangs, s’en trouvera quant à elle, améliorée.