Right to farm, feu vert au MISSOURI

Le 5 août dernier, les électeurs du Missouri avaient à se prononcer sur un amendement constitutionnel, le Right to farm. Cet amendement met dans la constitution le droit de produire pour les agriculteurs. Cet amendement permet donc de limiter toutes les lois et règlements qui pourraient mettre une entrave à la production agricole. L’amendement fut adopté par une très faible majorité 50,127%.

Le Missouri devient le deuxième état américain après le Dakota du nord à se doter dans sa constitution d’un tel amendement. Le Missouri, avec plus de 100 000 fermes, est un état très agricole, et l’issue du vote est suivie par plusieurs personnes aux États-Unis. Le vote a montré  que la société du Missouri est très divisée sur ce sujet. Plusieurs groupes environnementaux s’opposaient à cet amendement, affirmant qu’un tel amendement ouvrirait la porte à plus d’OGM, une utilisation plus grande de pesticides et à un moindre respect de l’environnement. Même la classe agricole, qui est généralement en faveur de cet amendement,  est critique. Plusieurs ayant peur que cet amendement ne serve en fin de compte qu’aux grandes sociétés agroalimentaires qui ont les moyens financiers de l’utiliser  afin de contester des lois ou règlements qui ne font pas leur affaire.

L’apparition de cette volonté d’avoir des amendements qui garantissent le droit de produire est la réponse aux multiples législations apparues au cours des dernières années au niveau agricole. Les différents règlements sur le bien être animal sont en grande partie responsables de cette grogne du milieu agricole. Les producteurs se sont vus imposer dans plusieurs états américains des règles bizarres, portées par un militantisme tout aussi aveugle qu’efficace de la part de groupe de protection des animaux tels PETA.

Le débat au Missouri autour de l’adoption de cet amendement, parti d’une volonté de contre balancer une sur-réglementation, a mis aux jours la complexité des enjeux d’un tel débat. La population et la classe agricole en sont d’ailleurs sorties divisées.  Il va être intéressant de suivre les conséquences réelles de l’adoption d’un tel amendement, sera-t-il la solution à la sur-réglementation comme le souhaite les partisans, ou  la porte à une déréglementation en agriculture ouvrant la porte à toute sorte d’abus comme le prétendent les opposants.

Plusieurs autres états regardent attentivement ce qui se passe au Missouri. La pression est grande pour que des amendements similaires se fassent ailleurs. Au Canada, on n’a rien de semblable puisque les amendements constitutionnels sont beaucoup plus difficiles à faire qu’aux États-Unis. Cependant une législation qui irait dans le même sens que le Right to farm est possible. Mais avant d’en arriver là, il serait plus intelligent de combattre la sur-réglementation afin d’éviter d’ouvrir une grosse canne d’où on ne sait pas trop ce qui va en sortir.  

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