Bien décidé à ne pas voir le Kamouraska tomber aux mains de Pangea, l'UPA a lancé une contre-offensive et cherche à mobiliser contre Pangea au cœur même du territoire convoité. L'achat de terres par des groupes de financiers, pour l’UPA, c'est une menace pour la relève agricole, et ce n’est pas l’idée qu'on se fait de la ferme en cette année internationale consacrée à la ferme familiale.
L’UPA en mode attaque
M. Pascal Hudon, président de la Fédération de la relève agricole (FRAP) s'est dit un peu surpris de l'arrivée si rapide des financiers et il a convoqué cette réunion pour tâter le pouls des agriculteurs et pour répondre à leurs inquiétudes. Il était accompagné par M. Gilbert Marquis président de la Fédération de l'UPA Bas-Saint-Laurent, de Mme Claire Lajoie du syndicat local de Kamouraska et même par le premier-vice-président de l'UPA, M. Pierre Lemieux. Les représentants des trois paliers de l'UPA sont passés à l'attaque à cette rencontre qui avait lieu Sainte-Hélène le jeudi le 23 octobre et qui a réuni environ 125 agriculteurs, pas seulement de la relève.
Le président de la FRAQ prévient qu'il n'y a plus seulement que les belles terres de la Montérégie qui sont convoitées : « Les terres en périphérie ont un bon rendement et ne sont pas encore trop chères ».
Inquiétudes de l’UPA !
Le premier-vice-président de l'UPA, Pierre Lemieux a répété que la financiarisation des terres agricoles était un phénomène inquiétant et même choquant car dit-il, les agriculteurs ne sont pas à armes égales avec ces gens qui ont de gros moyens financiers. Ce qui dérange M. Lemieux c'est que certaines personnes voient des groupes comme Pangea avec son modèle agricole comme des gens qui vont enrichir l'agriculture alors que, selon lui, c'est plutôt de l'appauvrissement car à leur arrivée le prix des terres augmentent fragilisant les agriculteurs établis et la relève qui voudrait bien s'implanter. Les producteurs agricoles ne seront pas compétitifs à côté de ces gros financiers estime-t-il.
M. Lemieux a ajouté : « Ce qui est encore plus choquant c'est l'appauvrissement de la ruralité qui va arriver avec ça. Pangea, son siège social est à Montréal ». De plus M. Lemieux fait remarquer que la hausse du prix des terres rendra plus problématique le remboursement des taxes « Cela va prendre plus d'argent au ministère de l'agriculture pour ce programme ». Si le budget ne suit pas « C'est l'ensemble des agriculteurs qui va payer » d'ajouter M. Lemieux.
Paradis interpellé pour limiter le rôle des sociétés d’investissement !
« On est à l'étape d'une réflexion profonde sur ce qu'on veut comme agriculture ». Selon le modèle Pangea, M. Lemieux rappelle qu'une terre c'est entre 2000 et 4000 acres. « Regardez ici dans la région, le nombre d’hectares disponibles, cela veut dire un ou deux producteurs par paroisse. Est-ce ça la richesse qu'on veut pour habiter le territoire? Nous à ça, on répond c'est non».
Rappelant que le gouvernement avait agi il y a quelques années pour protéger les terres agricoles de la spéculation du développement domiciliaire (avec la CPTAQ), M. Lemieux estime qu'aujourd'hui il y a un autre genre de spéculation, ce n'est plus autour des villes mais en milieu rural et il faut agir. « Ce qu'on demande au gouvernement c'est d'intervenir pour limiter l'achat des terres ».
Le regret de la défunte SADAQ pour L’UPA !
L'UPA, dit M. Lemieux, regrette que le projet de SADAQ ait été « rejeté du revers de la main » mais le gouvernement pourrait intervenir rapidement en limitant les achats à 100 hectares par transaction. Une mesure immédiate pour, dit-il, prendre deux ou trois ans pour réfléchir au genre d'agriculture qu'on veut.
Sur la SADAQ M. Pascal Hudon a été très clair : « Nous la relève, la SADAQ, on n'en démord pas ». M. Lemieux a ajouté : « Moi, la SADAQ, je suis à la même place que Pascal. Nous on pense que c'était un bon outil ».