OPINION/ Louise Morand – Comité Vigilance hydrocarbures de l’Assomption 28 septembre 2014
Philippe Couillard appelle les Québécois et Québécoises à la raison : nous sommes membres d’un grand pays fédérateur et toutes les provinces doivent faire leur part pour en accroitre la prospérité.
L’industrie des sables bitumineux apporte de la richesse, le Québec doit donc contribuer à son développement en dépit des risques que cela pose pour son territoire. La rhétorique est facile à comprendre; sauf que les prémisses sont fausses. En fait, l’industrie des sables bitumineux a contribué à l’enrichissement de ses dirigeants et actionnaires, du gouvernement albertain aussi, mais ce, au détriment d’une part importante de la population.
Parlez-en aux communautés qui vivent à proximité de Fort McMurray, dont le territoire est maintenant empoisonné et qui meurent plus ou moins lentement de cancers inhabituels. Parlez- en aux communautés plus éloignées regardant leurs forêts dépérir par les contaminants atmosphériques. (…)
Le pétrole des sables bitumineux qu’on veut acheminer par pipeline, par rail et par pétroliers géants sur le St-Laurent est destiné principalement aux marchés internationaux. On peut se demander en quoi soutenir la consommation de pétrole de la Chine et de l’Inde pourrait être profitable pour le Québec. Des organismes internationaux crédibles comme l’Agence internationale de l’énergie, la Banque mondiale, la NASA, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le GIEC, s’entendent pour dire que si on veut sauvegarder notre économie, il faut sortir du pétrole et préserver nos écosystèmes. (…)
Le Québec n’a pas à «faire sa part» pour soutenir l’industrie la plus polluante au monde. Les approvisionnements en pétrole traditionnel suffisent amplement pour nous permettre d’effectuer la transition nécessaire vers les énergies faibles en carbone. En cette matière les gouvernements canadien et québécois se trainent les pieds lamentablement. Ce n’est pas par manque de moyens financiers et technologiques que le Canada et le Québec tardent à établir un plan de sortie du pétrole; c’est plutôt par manque de contact avec la réalité du 21e siècle.(…)