Cet après-midi, le 2 décembre, premier jour du congrès annuel de l'UPA, un échange entre André Villeneuve, critique en matière agricole au PQ et le ministre de l’agriculture, Pierre Paradis, a eu lieu à la période de questions à l’assemblée nationale. Cet échange a permis de démontrer à quel point le gouvernement et l’opposition ne sont pas d’accords sur les orientations à donner au modèle agricole. L’opposition a joint La Vie Agricole pour rappeler que selon eux, le ministre Paradis refuse de s’engager pour contrer l’accaparement. “Il se repose sur le bouche à oreille pour suivre le phénomène. La CPTAQ nous a dit en commission détenir l’expertise pour évaluer l’ampleur de l’accaparement, mais le ministre se cache derrière la CAPERN pour ne pas agir“, de dire M.Villeneuve.
Au cours de cet échange en chambre, M.Villeneuve a déclaré : “M. le Président, l'Union des producteurs agricoles et la Fédération de la relève dénoncent l'accaparement des terres par les fonds d'investissement. La spéculation de ces fonds, notamment de la firme Pangea, propriété du cofondateur de la CAQ, Charles Sirois, est contraire au modèle qu'on s'est donné comme société. En octobre dernier, nous avons proposé au gouvernement de tenir une commission parlementaire. Aujourd'hui, l'UPA et la relève, qui sont en congrès ici, à Québec, ont des solutions, M. le Président. Le ministre refuse notre proposition, refuse les solutions de l'UPA. M. le Président, est-ce qu'on pourrait connaître la solution du ministre de l'Agriculture par rapport à l'accaparement des terres?“
Ce à quoi le ministre Paradis a répondu : “Oui, M. le Président, on peut connaître la position du ministre. Le ministre travaille à partir de dossiers qui sont solidement construits et qui reflètent la réalité du terrain de façon à avoir l'image la plus précise, la plus claire possible. Le 11 septembre dernier, j'ai écrit à La Financière agricole, aux directeurs régionaux du ministère de l'Agriculture, à l'Union des producteurs agricoles, à l'Union paysanne et au Conseil des entrepreneurs agricoles du Québec de façon à ce qu'ils nous révèlent tous les cas de transactions suspicieuses sur le terrain. Suspicieuses veut dire quoi? Pas d'agriculteur à agriculteur, de spéculateur à agriculteur. On leur a demandé et on est en train de construire cette banque de données. À partir de cette banque de données, on a des objectifs. On va défendre la ferme familiale. Pourquoi on va défendre la ferme familiale? Parce que, dans les rangs du Québec, quand c'est la ferme familiale qui est en opération, c'est économiquement viable et ça s'assure qu'on a des enfants puis de la vie sociale dans un rang, puis ça meuble nos écoles du village, comme le ministre de l'Éducation l'a dit tantôt, ça crée une vie active“. (…)
L’opposition y est allé ensuite de sa version : “M. le Président, malheureusement, comme dans tous les dossiers que le ministre touche, il est toujours deux coups en arrière. Pendant ce temps-là, les terres sont achetées par des fonds d'investissement. La solution du ministre, M. le Président, c'est : Si quelqu'un entend parler d'une terre qui aurait été achetée par un fonds, prière de me téléphoner. Pendant ce temps-là, je l'ai dit, M. le Président, les terres continuent à passer dans les mains des fonds d'investissement. La solution du bouche à oreille du ministre, M. le Président, elle est ridicule. À défaut d'idées, est-ce que le ministre pourrait au moins écouter ceux qui en ont, des idées, et les mettre en oeuvre?“
M.Paradis a finalement répondu ainsi à M.Villeneuve : “M. le Président, vous me permettrez de saisir la balle au bond. Mon bon ami, le député de Berthier, dit qu'on est en retard dans les nouvelles, on est toujours un pas en arrière, vous me permettrez, à ce moment-ci, de lui citer La terre de chez nous du 3 décembre 2014, c'est celle de demain, mais je l'ai reçue ce matin. Et je vais tout simplement citer le président de l'Union des producteurs agricoles : «Il faut trouver des moyens pour que les jeunes puissent avoir accès aux terres, mentionne le producteur laitier — il s'agit de Marcel Groleau, vous l'aurez reconnu. Est-ce que les outils de financement en place permettent aux jeunes de jouir des terres? Est-ce qu'il faut réinventer les outils de financement pour la relève?»