Il faut être un fin renard en politique pour réussir le coup que le ministre Paradis a fait au 90ème congrès de L’UPA à Québec le 3 décembre dernier. Ce n’est peut-être pas pour rien que lors de la conclusion officielle de son discours, il a souligné l’excellent travail du regretté Jean Garon tout au long de sa carrière.
Aucun appui de Paradis à la résolution de l’UPA !
Après avoir flatté un peu tout le monde, le moment d’apogée étant lorsqu’il a invité le président de la FRAQ à venir se faire photographier avec lui, pétition des jeunes agriculteurs inquiets de l’accaparement des terres, en main,sous un tonnerre d'applaudissements. Il a ensuite clairement exprimé qu’il ne pouvait pas appuyer la résolution de l’UPA qui viserait à limiter l’achat de terres à 100 hectares par personne ou par société par année. Il a plutôt rappelé que les deux engagements pris par les libéraux en campagne électorale sont eux respectés : rendre, lors d’une transaction apparentée, non taxable le premier million de dollars du vendeur et non taxable le 15 000 $ épargné par an par des acheteurs.
Cartier attend l’appel du ministre de l’agriculture
Il a ensuite annoncé une table de concertation pour faire un inventaire sur la situation des transactions avant de prendre une décision. À la suite du discours du ministre, Jacques Cartier, président du Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA), nous a confié : “ J’attends maintenant l’appel du ministre. Il ne peut pas tenir une telle concertation juste avec l’UPA. Cette table ne peut être pilotée par un syndicat qui ne représente pas bien l’entrepreneuriat agricole.“
Sur les autres sujets sensibles, on aura appris au cours de ce discours que sur la gestion de l’offre, il faudra fort probablement vivre avec la réciprocité et que l’ASRA, même s’il a encore reconnu que la Commission Robillard y avait été fort, que la situation financière du Québec amènera obligatoirement une révision des programmes.
Silence de Paradis sur l’abattoir de bovins
Plusieurs producteurs sont ensuite allés aux micros disposés dans la salle. La majorité des questions semblaient d’évidence “organisées avec le gars des vues“. Marcel Groleau qui dirigeait les questions a finalement accepté celle de Paul Doyon, président de la coopérative de producteurs de bovins, qui a tenté de savoir ce qui se passera dans le futur pour l’abattage des bœufs du Québec puisqu’il n’existe plus aucune installation d’envergure dans la province. M.Paradis a omis de lui répondre lorsque la période de questions s’est terminée. Dans le couloir du congrès M.Doyon a confirmé à La Vie Agricole, qu’il semble bien que rien ne se passera à court terme et que le ministre Paradis venait de confirmer par son silence que le bœuf québécois qui transite par les États-Unis reviendra encore longtemps dans nos assiettes en ayant fort probablement perdu sa nationalité puisque rien ne garantit qu’il soit encore québécois à son retour au pays.