Mise en garde : Arrêtons de se passer la rondelle !

Le 23 novembre dernier, la Commission de révision permanente des programmes présidée par madame Lucienne Robillard déposait son premier rapport depuis sa création par le Parti libéral du Québec. Parmi les recommandations des commissaires, on retrouve une attaque frontale envers le monde agricole et – du même souffle – envers le monde rural. Je parle ici de la proposition visant à faire assumer aux agricultrices et aux agriculteurs la totalité des coûts liés au Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles.

Cela signifierait une coupe de 300 millions de dollars dans la Financière agricole. Par chance, nous avons un ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (« MAPAQ ») qui sait se tenir debout. Pierre Paradis, qui n’a rien d’un idéologue dogmatique, a fait la seule chose qui s’imposait : balayer d’un revers de main cette proposition. Le budget du MAPAQ est en-deçà de 1,5%[1] du budget total québécois et a déjà fait l’objet de compressions de l’ordre de 145 millions depuis l’arrivée des libéraux au gouvernement. On peut donc affirmer qu’ « il a assez donné »!

L’essence même de mon implication politique – tout comme celle de plusieurs de mes homologues – a été de défendre au cours de ma carrière le monde agricole et régional. De telles recommandations, issues d’une institution mandatée par l’exécutif de surcroît, me forcent à admettre que le combat est loin d’être gagné. C’est pourquoi, aujourd’hui, je me permets de nous mettre collectivement en garde en ce qui a trait aux coupures simplistes de ce genre.

De fait, ces coupures auraient un effet dévastateur sur l’économie de nos régions. C’est notoire, le Québec est un grand territoire avec de vastes régions. Les gouvernements ont souvent misé sur l’agriculture pour à la fois peupler et développer notre territoire. Tant le monde agroalimentaire – et le monde agrotouristique depuis quelques années – que le monde agricole sont des acteurs économiques prépondérants dans l’ensemble de nos régions. D’une part, une quantité importante d’emplois y est liée directement ou indirectement. D’autre part, les retombées économiques sont cardinales pour la santé et, dans certains cas, pour la survie de certaines zones rurales.

Toutes les nations fortes ont compris qu’il est impératif de financer adéquatement le monde agricole et agroalimentaire pour le bien commun. « Pas de nourriture sans agriculture ! » Cela ne veut pas dire qu’il faut inéluctablement maintenir le statu quo dans notre façon de concevoir l’agriculture et dans nos structures. Cela veut tout simplement dire qu’il est temps de s’asseoir, tous ensemble, et de réfléchir à ce que nous voulons pour nos régions et pour notre agriculture. Ce n’est certes pas une commission idéologique qui a des visées – à peine cachées – de réduction des dépenses qui a la légitimité de le faire. Le gouvernement doit entamer une large consultation afin de revoir d’une manière globale les enjeux agricoles et, évidemment, leur financement.

Cela fait déjà trop longtemps qu’une délibération collective à cet effet n’a pas eu lieu. On se prononce ici et là sur un aspect, monsieur ajoute son grain de sel sur l’Union des producteurs agricoles, madame « la gestion de l’offre » et ainsi de suite. De gouvernement en gouvernement, on se passe la rondelle en gérant le quotidien, et ce, au détriment de notre industrie agroalimentaire.

Voilà pourquoi je nous mets en garde de repousser ce débat. Cette grande réflexion s’impose et j’invite le gouvernement à y donner suite. Nous sommes socialement en demeure d’y réfléchir sagement pour ensuite agir dans l’intérêt de l’ensemble du Québec.

 


[1]Budget du Québec 2014-2015

 

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