Jasmine Bélanger-Gulick a rédigé en avril 2013 un rapport commandé par le groupe de réflexion sur la sécurité alimentaire sur l’accaparement des terres agricoles. Cette étude se retrouve facilement en ligne sur le site du Conseil Canadien pour la Coopération Internationale (CCCI). La conclusion du document est claire : Manifestement pas d’accaparement de terres agricoles au Canada mais le Canada par le biais de compagnies ou de fonds de pension achète lui allègrement des terres agricoles dans les pays du sud !
La rédactrice Jasmine Bélanger-Gulick explique : “ On assiste depuis 2008 à une croissance phénoménale des transactions foncières dans les pays en développement (…)
Elle y décrit le Canada comme dixième économie mondiale, investisseur massif dans les ressources naturelles des pays en développement par le biais de son secteur minier puisque les entreprises minières canadiennes constituent selon ce rapport 75 % des minières dans le monde. Si les chercheurs derrière cette étude reconnaissent qu’il y a un effort grandissant de la part des étrangers pour acquérir des terres au Canada, il serait sans commune mesure avec l’investissement du Canada ailleurs dans le monde.
Cette étude s’est particulièrement penchée sur le cas de cinq grands acteurs financiers canadiens : les entreprises privées, les universités, les fonds de pension, les banques et les compagnies d’assurance. On dénote depuis l’an 2000, pas moins de quinze compagnies canadiennes qui ont acquis des terres agricoles ou forestières dans le monde que ce soit en Chine, au Kenya, en Honduras ou même en Russie ! Trois de ces compagnies sont forestières, une se spécialise dans le développement touristique et les autres ont le but d’y développer une production agricole. La moyenne des surfaces acquises par ces compagnies est de 182 000 hectares et la médiane est de 68 000 hectares ( environ une fois et demie la surface de l’île de Montréal). Ces superficies sont quelque peu gonflées artificiellement par les terres forestières. Les surfaces agricoles acquises sont de l’ordre de 41 000 hectares. Les modèles exploités sont similaires à ce que les sociétés d’exploitation agricole type Pangea, ou Partenaires Agricoles veulent implanter à plus petite échelle au Québec : On parle de production sous contrat et de coentreprise.
L’étude révèle que les fonds de pension canadiens en 2013 ne semblaient pas investir traditionnellement dans les terres agricoles ni à l’étranger ni au Canada, tout en spécifiant que cette tendance aurait tout juste commencé vers 2011. Les fonds de pension qui gèrent à l’interne se tiendraient encore loin de l’achat de terres agricoles mais les plus importants gestionnaires institutionnels canadiens investiraient eux à l’étranger : C’est le cas de Alberta Investment Management Corporation, British Columbia Investment Management et de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Ces deux dernières auraient investi en 2012 dans une nouvelle compagnie de 2 milliard de dollars nommée TIAA-CREF Global Agriculture LLC. Les pays visés pour investissement seraient le Brésil, les États-Unis et l’Australie. L’étude du Groupe canadien sur la sécurité alimentaire n’a pu déterminer si le régime de pensions du Canada achetait des terres agricoles mais a déclaré que celui-ci s’intéressait au secteur agricole sans pouvoir déterminer si son investissement est relié à des terres ou seulement à des compagnies de fertilisants.
Les universités canadiennes contrairement aux américaines n’investiraient pas dans les terres agricoles. Elles déclaraient toutefois en 2013 au groupe de recherche s’intéresser au phénomène et porter attention au secteur agricole. Pour ce qui concerne les banques, l’étude en question rappellent que plusieurs rapports ont prouvé l’investissement foncier de plusieurs banques américaines et européennes mais conclut que cela ne semble pas le cas des banques canadiennes.