C’est devant une salle pleine de producteurs que lors de l’assemblée générale des Céréaliers du Québec (membre fondateur du Conseil des entrepreneurs agricoles – CEA-) à Beloeil le 3 février dernier, que Jacques Cartier, membre administrateur des Céréaliers du Québec et président du CEA, a rappelé que si 2014 a été forte en évènement pour leurs organisations, il compte bien que 2015 concrétise son souhait de voir naitre le pluralisme syndical pour permettre à chaque agriculteur de s’exprimer librement.
Après les élections provinciales d’avril dernier, de dire Cartier, son organisation a mis en place une bonne communication tant avec le nouveau ministre de l’agriculture (qui a-t-il rappelé est venu le rencontrer sur sa ferme peu de temps après son élection) qu’avec les critiques agricoles du Parti Québécois ou de la Coalition Avenir Québec. Il a soutenu que la liberté de choisir de l’agriculteur doit être soutenue par tous les partis. Il s’est réjoui des diverses rencontres au cours des derniers mois avec le ministre Paradis et le Premier ministre Couillard. Jacques Cartier a aussi rappelé qu’il a au cours de l’année 2014 obtenu nombre de soutiens de personnalités. Il a rappelé qu’il a pu rencontrer, dans un restaurant à Québec, un mois et demi avant son décès, Jean Garon, l’ex-ministre de l’agriculture, figure mythique du milieu et chroniqueur dans La Vie Agricole. Dans le cadre d’un dîner celui-ci a souligné son intérêt à voir apparaitre le pluralisme syndical agricole dans la société québécoise, comme il l’avait déjà écrit dans nos pages. Jacques Cartier a précisé que les personnalités en faveur du pluralisme se multiplient, soulignant la récente sortie de Bernard Landry dans notre publication.
Ça fait 40 ans que ça dure !
Le président du CEA, devant près d’une centaine de producteurs, a déclaré : “ Il est choquant de payer pour entretenir des gens qui tentent de contrer ce qu’on tente de développer. Le monopole a favorisé les dérives comme Colbex, le projet SADAQ et tant d’autres choses, a-t-il dit. Comment ça se fait qu’avec Colbex, on soit capable d’emmener une entreprise en faillite et que les administrateurs ne soient pas imputables. Ça fait 40 ans que ça dure et maintenant les producteurs ne sont plus représentés comme il faut. Nous voulons obtenir l’accréditation multiple. Que ceux qui veulent rester à L’UPA le fassent mais qu’on laisse ceux qui veulent rejoindre le CEA ou l’Union paysanne soient libres de le faire. Pourquoi au Québec, un salarié pourrait-il choisir son syndicat et pas un entrepreneur agricole ? En France, on parle de liberté d’opinion en ce moment et tout le monde se dit Charlie. Et bien soyons Charlie ici et demandons notre liberté d’adhésion.“ a-t-il conclu sous les applaudissements.
Sur le prix des terres
Pour Jacques Cartier, si le prix des terres augmente ce n’est pas à cause de l’achat des chinois qui n’ont jamais vraiment existé mais à cause des producteurs de lait, de volailles et d’œufs qui ne peuvent investir dans leur production à cause du système de quotas et qui donc placent leurs profits dans les terres. Ce serait donc essentiellement un impact de la gestion de l’offre qui entrainerait l’augmentation des prix des terres.
À la question d’un agriculteur dans la salle :“ La fin du monopole est-ce un rêve ou une réalité ?“, “Un souhait !“ a répondu Cartier. “ Je n’ai rien contre l’UPA mais il faut de la place pour autre chose aussi.“
Gilles Brouillard, membre des Céréaliers du Québec et du CEA, a rappelé à des agriculteurs dans la salle qui s’interrogeaient sur l’efficacité de plusieurs syndicats versus un seul, qu’en Ontario un syndicat coûte à un agriculteur 150 $ par an quant au Québec avec les cotes sur la production ça peut coûter 4000 $. “ Finalement on a l’impression de juste payer pour entretenir du monde à Longueuil“, a-t-il dit en suggérant le siège social de l’UPA.
La soirée s’est terminée sur deux résolutions votées à l’unanimité qui feront date : l’une demandant l’accréditation syndicale agricole multiple au Québec et l’autre demandant de préserver la liberté fondamentale de chaque agriculteur de transiger des terres.