La Vie agricole a rencontré, quelques jours avant la Commission sur l’accaparement des terres, Serge Fortin, associé de Charles Sirois dans Pangea. Il s’est confié à nous quelques heures avant sa présentation devant l’ordre des agronomes du Québec à Beloeil le 11 mars dernier.
Qui derrière Pangea ?
Serge Fortin nous a rappelés que dans sa famille, on est agriculteurs depuis 300 ans et qu’il tient à exprimer son intérêt à travers la société Pangea d’aider la relève agricole. Puisque plusieurs se demandent qui sont véritablement les investisseurs derrière Pangea, Serge Fortin nous a précisé qu’il s’agit bien de lui et de Charles Sirois, chacun en nom personnel. Ils ont tous deux signé une entente de 50 ans renouvelable, garantissant l’exploitation des terres agricoles qu’ils achètent. Il reconnait toutefois que la Banque Nationale qui avait défrayé la chronique il y a quelques années est encore actionnaire mais “minoritaire et passive.“ de dire M.Fortin.
Sirois et Fortin croient au développement agricole
Serge Fortin nous rappelle que le modèle principal de Pangea n’est pas basé sur l’accaparement des terres Il s’agit d’une association entre un agriculteur et des investisseurs qui croient au développement de l’agriculture, nous dit M.Fortin. “Le jeune agriculteur garde ses terres, nous en achetons pour compléter. Par exemple dans le cas de Patrice à la Ferme Cultures Aly, il avait 600 acres. On en a acheté 1400 pour complément et exploiter 2000 acres. Il a ses vaches à lui. On a des équipements en communs dans une société opérante agricole (SOA) et tous les ans on partage les profits de celle-ci à hauteur de 49 % pour nous et 51 % pour lui. Et en plus, nous lui apportons tout un réseau de mentorat“.
Un pont avec les agriculteurs
Il nous rappelle que les sociétés opérantes agricoles (SOA) qu’il met en place se veulent un pont avec les agriculteurs pour amener un nouveau capital patient au service de l’entrepreneuriat. Il ajoute : “ L’agriculteur bénéficie ainsi de plusieurs revenus. Il est rémunéré pour la location de ses terres, rémunérer pour le travail spécialisé sur les terres, sur les profits etc“. Et selon M.Fortin, Pangea permet ainsi de limiter un endettement trop important pour les agriculteurs associés.
Il ajoute : “ En cas de rachat de terre, l’agriculteur est toujours prioritaire. C’est le cas avec celui qui est associé avec nous, comme c’est le cas aussi lorsqu’on veut acheter des terres pour Pangea. Si un agriculteur de la région est intéressé, on se retire.“
Les achats en région sont privilégiés
À ceux qui critiquent Pangea pour son étalement au Québec, il rappelle que pour le moment, Pangea ne participe qu’à 7 exploitations au Québec et 1 en Ontario. “ Nous avons aussi rendu à des terres agricoles non exploitées, leur plein potentiel agricole en les drainant. Je vous rappelle qu’en dehors des achats de terres depuis deux ans, nous avons investi entre 1 million et 1,5 million de dollars pour le drainage. Et nos investissements au total, hors achat des terres, est de plus de 15 millions de dollars. Les frais de notaires, les frais de comptables, les couts d’entreposage et séchage, les intrants, tout cela vient des régions !`,dit-il.
Plusieurs intervenants dans les régions manifestent leur souci de voir le modèle Pangea amener les agriculteurs associés à faire des achats groupés hors de la région afin d’économiser sur le volume. Si M.Fortin reconnait qu’il y a une économie de 5 à 7 % dans l’exploitation avec Pangea c’est selon lui parce qu’une négociation est entreprise au national avec les compagnies d’intrants, de semences ou de tracteurs mais qu’au final le prix négocié au national permet tout de même un achat dans la région de l’agriculteur. “ Nous voulons le développement au profit des régions. Et les maires et préfets que nous avons rencontré nous comprennent très bien. C’est toujours l’agriculteur qui détient 51 % des parts de la SOA qui prend la décision finale“
Convaincre au-delà des syndicats !
Lorsqu’on lui rappelle que L’UPA déballe depuis près de deux ans des angles négatifs sur le modèle Pangea, il ne semble pas s’en inquiéter plus que cela :
“ L’UPA a parlé. Maintenant c’est à notre tour et en passant, on a quand même 9 accréditations. On paye nos cotisations. Si L’UPA ne comprend pas, tant pis. Ce n’est pas notre objectif premier. Nous, on a une conscience sociale et environnementale. On croit à l’agriculture. On veut aider la relève et on veut que le monde nous comprenne au-delà des syndicats.“