Seule femme !

Rencontre avec la seule femme ministre de l’agriculture !

Françoise Gauthier est jusqu’à présent la seule femme à avoir été ministre de l’agriculture au Québec. Elle est aujourd’hui présidente de la Régie des marchés agricoles et la première femme à avoir obtenu ce poste. Elle a accepté de nous parler de son expérience de femme à la tête d’un ministère dont le secteur d’activité est encore très organisé par des hommes.

YP : Que ressentez-vous d’avoir été la seule femme ministre de l’agriculture au Québec ?

FG : Quand je réfléchis à ça, je me dis j’ai été la première mairesse de ma municipalité, la première et seule femme ministre de l’agriculture au Québec, la première femme présidente de la Régie des marchés agricoles, il y a donc encore beaucoup de chemin à parcourir pour les femmes pour atteindre une égalité de carrière avec les hommes. Honnêtement en 2015, il est frappant de voir qu’un bon bout de chemin est parcouru mais il en reste à faire et c’est de notre responsabilité à nous les femmes. Je pense que les femmes ne se lancent pas encore assez dans des carrières politiques et professionnelles. Il y a une raison à cela, elles sont encore l’essentiel du noyau familial. Elles en sont le centre. Quand j’ai commencé ma pratique en droit, pour moi c’était non-stop 7 jours sur 7. Aujourd’hui les femmes marient mieux la conciliation travail-famille et en ce sens c’est heureux.

YP : Aviez-vous un parcours qui vous menait vers cela ?

FG : Mes grands-parents avaient une ferme. Je viens d’une municipalité rurale et j’ai un lien particulier avec les chevaux mais non à la base je n’étais pas particulièrement prédestinée au ministère de l’agriculture. Mais comme mairesse de Laterrière, j’avais un de mes collègues qui était président de L’UPA régional et j’ai alors compris que la voix des agriculteurs était mal attendue par la population en général. Le ministère de l’agriculture est un des plus beaux qui existe car il intervient à plusieurs niveaux dans la vie des québécois : la nutrition, la santé, l’identité… C’est un ministère transversal.

YP : Est-ce plus dur que pour un homme ? Comment on vit cela dans ce milieu encore un peu misogyne ?

FG : Quand j’ai fait du droit syndical j’étais la seule femme. Le mot misogynie est fort mais je dirais qu’il s’agit d’un milieu conservateur. Et avec mon historique en droit syndical, j’allais sur les chantiers forestiers, j’étais habituée à cela. Je n’ai jamais senti de problème de crédibilité toutefois. Il y a eu pour certains des interrogations mais c’est tout. Mais vous savez l’agriculture est un ministère que j’avais demandé à Jean Charest qui fut lui-même fort étonné. Une anecdote toutefois, à mon début au ministère lors de l’expo de Ste-Hyacinthe, les communications avaient fait mon discours que je découvrais en le lisant et là j’ai compris que les agriculteurs voulaient plutôt entendre ce que j’avais dans les tripes car c’est un milieu qui parle vrai. Ensuite j’ai toujours pris soin de préparer mes discours en conséquence.

YP : Votre principale réalisation comme ministre de L’agriculture ?

FG : Ce fut un court laps de temps mais je pense avoir bien travaillé avec la fédération des femmes agricoles sur la conciliation travail/famille. Et je me souviens d’une rencontre à l’OMC où j’étais la seule politicienne canadienne autour de la table et où nous avions rendu un bon travail sur la gestion de l’offre.

YP : Avez-vous vu pendant votre règne une évolution de l’agriculture, une évolution des pensées, constatez-vous des débats plus actifs sur le pluralisme ou la gestion de l’offre ?

FG : Ici à la Régie des marchés, le poste que j’occupe ne me permet pas d’entrer dans ce type de discours. Ici ce qu’on applique est clair en fonction de la loi.de 1972. Pour ce qui est de l’évolution des pensées ce n’est pas nous qui décidons, ce sont les agriculteurs qui ont leur avenir entre les mains

YP : Mais vous savez que parfois cela prend une impulsion politique pour changer le cours des choses ?

FG : Il ne faut pas toujours attendre après le politique quand on veut faire bouger les choses, l’histoire du monde est pleine d’évènement comme ça où ce ne sont pas les politiques qui initient.

 

En Bref

Françoise Gauthier est née le 1er janvier 1953 à Laterrière. Elle en fut la première mairesse de 1994 à 1998. Elle a été ensuite députée de Jonquière à l'Assemblée nationale de 2001 à 2007. Dans le gouvernement de Jean Charest, elle a été ministre de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation (2003-2005), puis ministre du tourisme (2005-2007). Lors de l'élection provinciale de 2007, elle est défaite par son adversaire péquiste, Sylvain Gaudreault1

 

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