Le 16 et 17 mars a lieu à l’assemblée nationale du Québec, la Commission sur l’accaparement des terres. Vrai ou faux problème ? Nous avons eu droit à un défilé d’organismes aux opinions très divergentes.
La Fédération des municipalités du Québec (FMQ) a déclaré : “ Il faut un organisme pour faire enquête sur les transactions mais l’enjeu immédiat, c’est de collecter pas de légiférer. Ce qui est par contre important c’est de tenir compte de la dimension humaine dans l’agriculture et de penser à la première et deuxième transformation dans les régions.“
Pangea, un siège social à New-York !, dit L’UPA
L’Union des producteurs agricoles (UPA) représenté par Marcel Groleau a été très objecté à l’idée de voir venir la participation de Fonds d’Investissements : “ Le nombre de transactions en 5 ans est passé de 1605 à 2678, c’est une augmentation de 67 %. Quels sont les profils des nouveaux acheteurs ? Qui achètera Pangea dans 10 ou 20 ans ? Auront-ils un siège social à New-York ? Il faut faire quelque chose. Couillard a demandé à Paradis de trouver une solution à la financiarisation des terres. Nous on est en faveur de la limite à 100 hectares. Mais il est vrai que l’UPA est en situation délicate car il n’est pas facile pour l’UPA de justifier de bloquer des vendeurs qui veulent le meilleur prix pour leurs terres !“
Le lobby exécutif de l’UPA a peu d’appui !, dit le CEA
Le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) a déclaré : “ Nous ne sommes pas non plus en faveur des fonds d’investissement mais on se dissocie totalement du principe du contrôle de l’achat des terres comme le veut l’UPA. D’ailleurs, le lobby exécutif de L’UPA va de l’avant mais a peu d’appui parmi les producteurs. Il faut garder notre capacité de transiger librement. Les Patates Dolbec et la Ferme Landrynoise, c’est aussi cela l’agriculture qui développe l’économie du Québec et les régions. C’est eux l’emploi. L’UPA par sa proposition de contrôle de l’achat des terres attaque directement les fonds de retraite des producteurs, pour qui, c’est sa terre. L’UPA ne règle rien au problème de la relève agricole.“, de dire Jacques Cartier. Gilles Brouillard a ajouté : “ Il n’y a pas de solution à un faux problème. Comme a dit le député de Mégantic, on a 28 % de terres en friche, il faut agir.“ Jacques Cartier a tenu à préciser au cours de sa présentation “au sein de la maison du peuple“, comme il a voulu le souligner, “Je risque l’expulsion de l’UPA car je siège sur un comité de fédération et le code d’éthique du syndicat m’interdit de contester la vision de l’UPA !“
On veut la SAFER !, dit la FRAQ
La Fédération de la relève agricole (FRAQ) a relancé devant la Commission l’idée d’une SADAQ ( Société d’aménagement et de développement de l’agriculture au Québec) sur le modèle de la SAFER en France, projet pourtant désavoué par de nombreux producteurs et le ministre de l’agriculture Pierre Paradis : “ On veut un mécanisme comme la SAFER et limiter les achats à 100 hectares. Et ceux qui disent qu’on est le club école de l’UPA, oui on l’est mais on prend nos décisions nous-mêmes. On est faveur du principe de la banque de terre, la “marieuse“, qui permet de mettre un acheteur et un vendeur en contact et on voudrait que le modèle se développe au provincial. “
Questionné par la critique en matière agricole de la Coalition Avenir Québec, Mme Sylvie D’Amours, sur le membership de son organisation, il a reconnu : “ Oui le membership est en baisse de 2000 membres à 1600.“. Il justifie cette baisse de 20 % par un bogue informatique.
Sur la question du secteur de Kamouraska, secteur en ébullition sur le thème de l’accaparement des terres, il reconnaitra en Commission : “ Pangea n’est pas le seul à faire augmenter les prix dans Kamouraska, les producteurs aussi.“
Les députés ont dit :
De l’autres côté de la table, les députés présents pour écouter les différents organismes ont lancé quelques phrases qui résument leur vision respective :
Pour André Villeneuve (PQ) – “ L’agriculture jour un rôle fondamental et aujourd’hui on a à peine 30 % en autosuffisance alimentaire.“
Pour Sylvie D’Amours (CAQ) : “Les terres sont le garde-manger des Québécois mais de là à parler d’accaparement des terres, c’est peut-être un gros mot au regard de la situation.“
Pour Ghislain Bolduc (PLQ) : “ Le problème n’est-il pas plutôt dans le transfert à la relève et dans le quota laitier qui représente 50 % de la valeur d’une ferme laitière plutôt que la terre qui ne représente que 20 % de la valeur des fermes laitières.“
Sur la photo: La queue avant l'ouverture de la Commission