La Vie agricole qui assistait ce matin à la Commission sur l’accaparement des terres à l’assemblée nationale de Québec a entendu comme tous les députés présents, un défilé de jeunes, inquiets, se plaignant de leurs conditions pour réussir leur relève. Maxime Bégin qui accompagnait le Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue a dit : “ On s’est fait volé notre rêve par des investisseurs.“ Ce à quoi l’Union paysanne répondait par twitter interposé : “ Étonnant, des centaines de producteurs du Témis étaient favorables aux investisseurs il y a quelques semaines“. Ensuite, Nathalie Lemieux, qui accompagnait la Fédération du Bas Saint-Laurent a été la première femme à témoigner devant la Commission : “ On est des jeunes de cœur et on a des connaissances techniques. On a des liens avec le milieu. Faites confiance aux familles agricoles.“, a-t-elle déclaré.
Pangea démonisé par L’UPA
Les différentes fédérations de l’UPA ont parlé et encore une fois, les compagnies de type Pangea ont été visées comme étant le problème de la relève agricole. Personne de l’UPA n’a émis l’hypothèse soulevée par le Parti Libéral en Commission, à savoir si finalement le problème de la relève ne se résume pas à un trop grand nombre de terres en friche et au coût du quota laitier. Plus les débats se sont déroulés au cours de ces deux jours et plus il apparaissait que l’accaparement pourrait être un faux problème et qu’il se puisse que le vrai problème ne soit même pas les terres. Yan Turmine exprime d’ailleurs dans sa chronique du mois de Mars de La Vie agricole, une hypothèse pour solutionner le problème de la relève : Donner les nouveaux quotas laitiers aux jeunes producteurs et ainsi créer demain matin sans même que le gouvernement ne débourse quoique ce soit, 125 fermes de 50 vaches au Québec. Il sera intéressant de savoir ce que l’UPA et la FRAQ pensent de cela !
Pangea : Trop de mythes entretenus sur nous !
En après-midi, Marie-Josée Gouin, présidente de la CPTAQ, a déclaré : “ L’accaparement des terres agricoles est phénomène observé dans les médias. Pangea a suivi, accompagné d’une dizaine de producteurs de la relève. D’emblée Serge Fortin a déclaré :“ Il y a trop de mythes entretenus sur nous. Je développe mes terres sur mon tracteur, pas devant mon ordinateur. On n’est pas des investisseurs spéculateurs mais des agriculteurs. Notre ADN à Charles Sirois et moi, c’est créer des entrepreneurs!“ Pour Patrice Garneau, un associé de Pangea au Lac Saint-Jean : “ Pangea est un nouveau modèle pour la relève.`
L’Union paysanne veut la fin du monopole syndical
Pour L’Union paysanne Pangea n’est que la conséquence d’un système et non pas la source du problème. Maxime Laplante, vice-président a déclaré : “ Est-ce que des groupes d’investissement qui représentent 2 % sont un problème ? Ce qui bloque vraiment la relève, c’est le système de gestion de l’offre actuelle. Nous, on veut deux systèmes de gestion de l’offre avec vente directe possible à la ferme et tout est dans la loi pour le faire. La solution ce sont les conclusions du Rapport Pronovost et notamment la fin du monopole. Si on ne fait rien l’UPA va contrôler les transactions des terres. Il faut donc changer le modèle agricole.“
Pour Partenaires Agricoles, les conclusions de l’IREC sont fausses !
Partenaires agricoles représentés entre autre par Clément Gagnon et Eloïse Gagnon, père et fille, ont déclarés :“ Nous sommes des agriculteurs. Nous achetons des terres et les opérons. Et nous sommes aussi un levier financier parmi d’autres.“ Eloïse Gagnon a ajouté :“ Les conclusions de L’IREC sont fausses, à qui profite cet acharnement ? On ne fait pas d’accaparement des terres agricoles, juste de la richesse rurale.“
Pour le chercheur Meloche : Le terme Accaparement, inapproprié !
La Commission s’est terminée sur la présentation du chercheur de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche qui a précisé : “Si le prix des terres augmente c’est à cause des taux d’intérêt faible et du prix des grains élevés. Et le terme d’accaparement des terres est un terme inapproprié au Québec quand il y a 0,2 % d’investisseurs étrangers et 2 % d’investisseurs Québécois.“
Pas de Paradis fiscal pour Pangea
On notera qu’au cours de la Commission, le Parti Libéral a mis de l’avant des pistes de solutions à regarder pour la relève agricole comme, le cout du quota laitier et le nombre de terres en friche. Le Parti Québécois a surtout insisté sur les compagnies d’investisseurs qui vont déstructurer les régions. La Coalition Avenir Québec s’est plu à rappeler que la FRAQ avait précisé que Pangea ne sont pas les seuls à faire monter le prix des terres, les producteurs eux-mêmes aussi. La CAQ s’est aussi risquée en après-midi à évoquer la fin du remboursement des taxes foncières pour limiter l’achat de terres. Québec Solidaire a fait valoir par la voix de Françoise David : “ La vraie question n’est-elle pas plutôt à savoir quel modèle agricole on veut au Québec, des petites exploitations ou de plus grandes comme aux États-Unis. Amir Khadir, son collègue a été face à Pangea beaucoup plus expéditif :“ Pourquoi tant de spécialistes en finances et en marketing dans Pangea. Charles Sirois est connu pour ne pas aimer payer trop d’impôt. Êtes-vous des spéculateurs ? Êtes-vous enregistrés dans un paradis fiscal?“. M. Fortin lui a clairement répondu : “ Moi non plus je n’aime pas les spéculateurs!“. Après cette sortie spectaculaire du député Khadir, le groupe Pangea a tenu à confirmer à La Vie agricole qu’ils n’ont aucun enregistrement dans des paradis fiscaux.