Suite à l'article paru dans la TCN du 18 mars 2015 "Les abattoirs appellent à l'aide", j'ai été surpris, même choqué, de lire la proposition de Roger Giroux, propriétaire de Viandes Giroux, qui proposait un fond d'aide financé par les producteurs de bovins aux abattoirs au-delà d'un certain prix de vente pour nos vaches. Comme si après un certain prix on avait un devoir moral d'aider les abattoirs.
Au début des années 2000, en pleine crise de la vache folle, alors que nos vaches de réforme se vendaient $ 0.15 à $ 0.20 la livre, aucun abattoir, à ma connaissance, n’a créé un fond d'aide aux producteurs, alors que ces mêmes abattoirs généraient de très gros profits. Même l'enquête au coût de $ 200 000 commandé par Jean Charest, ami de quelques propriétaires d'abattoirs à l'époque et généreux donateurs à la caisse du parti Libéral, n'avait rien donné et avait même conclu que ces prix payés reflétaient le prix du marché. Faut vraiment avoir du culot pour penser que les producteurs vont aider les abattoirs qui les exploitaient il n'y a pas si longtemps.
Alors aujourd'hui, selon vos dires, on devrait vous aider financièrement, alors que nous-mêmes commençons à peine à voir la lumière au bout du tunnel avec de meilleurs prix pour nos animaux. Ces prix nous permettent de souffler un peu et de compenser pour toutes ces nombreuses mauvaises années passées. Il ne faut pas oublier qu'environ le tiers des entreprises bovines au Québec ont disparu, faute de profit décent. Ça aussi c'était des emplois. De plus, je vous cite : «JBS et Cargill viennent ramasser toutes nos vaches». Ce ne sont pas vos vaches, ce sont nos vaches (à nous, producteurs) et nous pensons qu'avoir un prix avec des vaches encantées, une à une, comme vous dites, nous permet d'avoir le prix réel du marché vu la rareté du boeuf et non un prix pour vous satisfaire monétairement parlant.
Quand je vais à des encans de vaches pour la reproduction, personne ne me fait de cadeau. Si j’ai besoin de vaches, je lève ma main et j'achète. Si les prix ne font pas mon affaire, je passe mon tour, mais je ne mets pas la faute sur qui que ce soit étant capable de payer plus que moi.
Un abattoir fermé et démantelé, payé 4 fois sa valeur !
On paye encore pour un abattoir fermé et démantelé, payé 4 fois sa valeur. Alors, je n'ai pas l'intention de financer la vôtre. Sans vouloir être quêteux, comme vous dites, les producteurs ont besoin des revenus qu'ils obtiennent présentement pour se remettre à flot et investir sur leur propre entreprise, car, quand il y aura une chute de prix, aucun abattoir ne leur viendra en aide.
Vive le libre-marché !
Vous parlez de volume garanti, mais vous savez très bien qu'avec le nombre d'encan hebdomadaire de vaches de réforme dans la région, vous avez la possibilité d'acheter les vaches dont vous avez besoin. Le hic, c’est qu’il vous faut payer le prix actuel du marché, ce qui semble vous déplaire énormément. Pour ce qui est de votre nostalgie de l'époque Colbex, selon moi, peu de producteurs la partage. Vive le libre marché.
Bobby Connolly
Producteur de Veaux d'embouche
St-Georges de Windsor