Expo provinciale, reddition de compte ?

Alors que sous peu le ministre Paradis devra dire s’il renouvelle les aides aux expositions agricoles, on peut se demander si l’argent public est bien géré dans certaines de ces expositions. Notre chroniqueur Yvon Picotte, lui-même ancien ministre de l’agriculture, y va d’ailleurs ce mois-ci de quelques recommandations au ministre en charge pour sortir de ce brouhaha depuis le coup de gueule dans notre journal de mars par Christian Pons, directeur général de l’Expo provinciale à Montmagny. 

Pons peut bien hésiter maintenant sur certains titres choisis par notre publication, il ne nie nullement le fond du propos et reste pris avec ses vérités telles que déclarées : “ Je confirme que le fait de ne pas être d'accord sur la forme donnée à mon entrevue, ne signifiait pas l'absence de vrai problème.“ nous écrivait-il récemment. Sur la chaine régionale TVweb cmatv.ca, Pons a déclaré que la SACM avait dû au final emprunter pour assumer l’achat des équipements. Et concluait l’entrevue en disant : “Je suis inquiet pour après 2015 mais au moins je vais rencontrer le ministre Paradis.“

http://cmatv.ca/videos/christian-pons-directeur-general-de-la-societe-dagriculture-du-comte-de-montmagny-18-mars-2015/

L’ex-directrice valide les propos de Pons

D’ailleurs l’ancienne directrice de l’Exposition provinciale à Montmagny, en poste lors de la première édition va dans le même sens que lui. Il y a manque de concertation et de moyens. “Le financement des expositions agricoles c’est comme les syndicats d’agriculteurs. On cotise à la base mais pour faire vivre la tête. On envoie cela là-haut. Le retour au palier primaire n’est pas facile. Et c’est vrai que souvent il y a des problèmes d’approvisionnement pour les expos.“, nous a-t-elle confié.

À voir comment sont gérées certaines expositions à écouter Christian Pons suite à ce qu’il a découvert dans les comptes à Montmagny, ne faut-il pas se demander si les fédérations n’ont pas un peu raison d’hésiter avant de confier trop d’argent aux expositions régionales ? Il serait peut-être temps que le ministre Paradis demande des redditions de compte à toutes ces organisations !

Les remous de Pons font des vagues.

Plusieurs intervenants ont parlé à La Vie agricole depuis que la Société d’Agriculture du Comté de Montmagny (SACM) nous a remis sa facture de 367 000 $ reçue d’Équipements Laitiers Bilodeau. Pons évoquait un montant astronomique en termes de profit. Après obtention de la facture payée à Expo-Québec par la compagnie Équipements Laitiers Bilodeau, nous avons pu vérifier que la différence entre l’achat et la vente est d’un écart de 162 250 $. Etienne Roy, le président de la compagnie justifie celui-ci par divers couts de transport, entreposage et temps humain. Etienne Roy nous a dit aussi être soucieux que les propos tenus à La Vie agricole par Christian Pons n’entachent pas la réputation de son entreprise qui a de nombreux clients lecteurs dans notre publication

Un cas d’UPAC ?

Suite à la déclaration de Pons, La Vie agricole a demandé au ministre Paradis une réaction. Par la voie de sa directrice de cabinet, il nous a été dit que pour ce qui est des choses douteuses que Christian Pons évoque, le directeur de l’exposition provinciale doit, s’il pense qu’il y a des choses à dénoncer, prévenir les autorités compétentes, l’UPAC ou la SQ.

L’ex vice-président frustré !

Mario Cantin, actuel secrétaire et ex vice-président de la SACM: “ C’est frustrant, on s’en est fait passer une p’tite vite  ! On était coincé dans le temps ! Mais le profit qu’on nous avait annoncé était de l’ordre de 50 000 $. On a été très surpris d’apprendre que la différence entre l’achat par Étienne Roy et la SACM soit de 170 000 $.“

Sur la chaine TVweb régionale, dans une entrevue, il ajoutera quelques jours après avec Michel Montminy: “ L’achat des équipements à la SACM, c’est pas le deal du siècle“ – voir le lien : http://cmatv.ca/videos/mario-cantin-secretaire-de-la-sacm-19-mars-2015/

Sur le manque de concertation entre les associations, les fédérations et les expositions, Mario Cantin confirme le même discours que le directeur général actuel: “Nous constatons que la concertation n’est pas là. Les associations ne participent pas forcément adéquatement aux expositions agricoles et dans ce dossier-là, je ne sais pas trop ce que fait l’UPA. Je ne suis plus producteur depuis 4 ans et L’UPA, en ce moment, j’ai de la misère à les suivre !“

“ On était tous d’accord là-dessus“ dit l’ex-président

Pour Simon Boulet tout est clair: “ On avait annoncé l’Expo provinciale mais on ne pouvait pas aller sur l’appel d’offre d’Expo-Québec car le bureau de direction était en reconstruction. Pour l’achat des équipements à la compagnie d’Étienne Roy, on était tous d’accord là-dessus. Mario Cantin était au courant et Sylvie Dionne aussi. Moi j’ai pas fait ça tout seul. Et il n’y pas d’affaires de famille là-dedans. “

L’AEAQ s’interrogeait avant nous !

Le directeur de l'Association des expositions agricoles du Québec (AEAQ), François Brunet, a été peu bavard mais a précisé à La Vie agricole après s’être dissociée des propos de Christian Pons sur les transactions douteuses dans certaines expositions : “ On considère que le MAPAQ a les compétences et les pouvoirs pour gérer ses subventions et le MAPAQ interviendra s’il en juge ainsi.“

Nous avons voulu savoir pourquoi l’AEAQ avait elle aussi fait une demande à la loi d’accès à l’information sur les transactions entre Expo-Québec et Équipement Laitier Bilodeau et cela bien avant nous. Il nous a répondu :“L'AEAQ s'est renseignée sur la transaction tout bonnement pour connaître le processus utilisé pour la vente des équipements et le prix de vente de ceux-ci`.

Expo provinciale à déménager  ?

L’ex directrice générale, Isabelle Desrosiers, interrogée sur la viabilité de l’Expo Provinciale dans la Capitale de L’Oie blanche, a été assez radicale :“ Je ne suis pas sûr qu’à Montmagny, on soit capable d’aller chercher les visiteurs nécessaires. Les agriculteurs, eux, ont toujours suivi n’importe où. La rentabilité d’un évènement à Montmagny que ce soit agricole ou autre domaine c’est pas vraiment tenable.“

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