Adrien Breault, producteur laitier à Compton en Estrie depuis 45 ans, et vice-président du Conseil des entrepreneurs agricoles, croit véritablement au système de gestion de l’offre mais refuse de céder au discours de la peur ! “ Le régime de peur j’y crois pas, c’est le pire pour prendre des décisions.“
“ Je crois au système de gestion de l’offre. Tout le monde est bien servi, les producteur comme le consommateur et cela avec aucune subvention.“ a confié à La Vie agricole, Adrien Breault, producteur laitier d’un troupeau de 400 vaches.
Le danger réside selon M.Breault dans le syndicat qui peut, à tout moment, se servir de la crainte que les producteurs laitiers peuvent avoir sur l’abolition éventuelle du système et dire : “Nous le syndicat, on va défendre ça!“
Pour Adrien Breault, le vrai problème, L’UPA !
Pour Adrien Breault le vrai problème c’est que L’UPA ne fait rien pour défendre la gestion de l’offre. “ De toute façon la gestion de l’offre est trop réglementée. Je ne peux pas aujourd’hui acheter 800 vaches pour grossir mon troupeau de 400. En gardant des règlements rétrogrades, on empêche les plus efficaces d’avancer. La menace selon moi contre la gestion de l’offre est pire à l’intérieur que de l’extérieur. Savez-vous qu’il y a quelques années quand la gestion de l’offre était menacée et que Marcel Groleau était président de la Fédération des producteurs de lait, il était assez paniqué et il nous disait : “ Le plan A, on garde la gestion de l’offre telle quelle et le plan B, on négocie des subventions avec le fédéral“. Moi, je ne crois pas au système de subventions…“
La réalité c’est que les producteurs ne suivent plus L’UPA !
M.Breault nous a déclaré la semaine passée : “Récemment lors de l’assemblée générale des Producteurs de lait, on a essayé de crier du loup mais ça n’a pas levé. Pour ma part, je ne crois pas aux ententes signées rapidement que ce soit avec l’Europe ou dans le cadre du Traité TransPacifique. La réalité c’est que les producteurs ne suivent plus l’UPA. Il faut mettre de l’oxygène dans le système, déplafonner les quotas et permettre les fusions. Et c’est tout le contraire que défend le syndicat. Si une fusion est bonne pour le secteur de l’édition entre Archambault et Renaud-Bray, pourquoi ne le serait-elle pas dans le secteur agricole ? En plus si on appliquait la loi des fusions, on pourrait ainsi financer une partie de la relève. Si on insuffle de l’air dans le système, je suis prêt à payer 30 à 35 000 dollars le quota au lieu de 25 000 et il y a bien des fermes qui seraient prêtes à me vendre. Et qu’on ne me dise pas que les grosses fermes c’est nuisible. Nous, on est familial à 400 vaches et on le serait à 800. Nos vaches sont en stabulation libres et mieux traitées que si elles étaient attachées comme dans les petites fermes de 50 vaches. “
Le syndicat en conflit d’intérêt
“ L’UPA ne représente plus les producteurs. Il fait du syndicalisme d’affaires. Le plus bel exemple, c’est l’histoire qu’on a vécue avec l’abattoir. Actuellement on sait tous que le système de gestion de l’offre bloque. Il faut permettre l’achat de quotas mais on est face à un office de commercialisation qui nous en empêche. Comment la Fédération peut-elle à la fois être gestionnaire de l’office de commercialisation et représentante des producteurs sans être en conflit d’intérêt ? Le système actuel qui réglemente et limite les fusions nuit au final au développement des régions du Québec. Le syndicat entretient les incompétents. Je préfère une ferme qui fait 38 litres / jour par vache comme moi qu’un producteur qui fait 22 litres. “
L’UPA ne s’occupe que de L’UPA !
À écouter M.Breault, on comprend que le vrai problème de la gestion de l’offre, c’est la gestion de la gestion de l’offre. “ Pour L’UPA le gros producteur visionnaire est devenu un pas bon alors que c’est le contraire dans la réalité. L’UPA finalement ne s’occupe que de L’UPA. Dans le porc, il reste cinq intégrateurs. Qu’est-ce qu’ils ont besoin d’une fédération et d’une mise en marché collective ? Si vous me dites que L’UPA a tant d’influence, prouvez-moi ce qu’elle fait réellement. J’ai dit à Pronovost qui est venu nous voir dans le cadre du rapport sur la relève, qu’il n’y a pas de problème de relève. Que le gouvernement reprenne le contrôle du MAPAQ et de ses sociétés d’état dans le monde agricole. Que fait l’UPA sur le conseil d’administration de la Financière agricole ?“, a-t-il conclu.