Quel pas de géant les producteurs laitiers ont fait, dans les dernières années, à mieux comprendre les techniques de semis, de récolte, d’entreposage de leurs fourrages! Bien sûr, tout n’est pas toujours parfait : certains compromis sont nécessaires, compte tenu des contraintes de chaque ferme et de la météo. Mais, la taille des compromis diminue de plus en plus, chacun ayant une vision plus claire de l’idéal à atteindre en termes de technique.
Par exemple, ce producteur qui s’interroge sur plusieurs points : « J’ai dix voitures d’ensilage de première coupe à récolter, est-ce que je dois les mettre dans mon silo? J’utilise un inoculant mais, est-ce que la compaction sera suffisante pour assurer une bonne conservation ? Mon inoculant aura-t-il le temps de travailler avant que je finisse de servir cet ensilage au troupeau? Vaut-il mieux utiliser de l’acide dans ce cas? » Il n’y a pas si longtemps, il n’imaginait même pas que la conservation de l’ensilage pouvait influencer la performance de ses vaches. Maintenant, il en est convaincu. Avant, il n’aurait pas considéré l’emploi d’un inoculant ou d’un préservatif pour conserver sa récolte. Aujourd’hui, il sait que c’est incontournable.
Il n’aurait pas imaginé, non plus, sélectionner quels champs seraient conservés dans le silo ou en balles enrobées. « Premier fauché, premier dans le silo; du foin, c’est du foin, aurait-il dit! » Ses connaissances l’on plutôt amenées à réfléchir sur le choix de ses meilleures prairies pour l’alimentation des vaches en production. « J’ai suffisamment de superficie pour choisir les champs qui seront ensilés et ceux qui seront récoltés en balles rondes enrobées, plus faciles à vendre si j’ai un surplus. Donc, mes meilleures prairies, les plus jeunes et celles qui sont le plus homogènes en terme de mélange graminées/légumineuses me feront faire mon lait cette année. »
Plusieurs producteurs ont même développé une curiosité presque scientifique pour tout ce qui touche à la qualité de leurs fourrages. Ils ont développé une passion, un sens de l’observation aigu vis-à-vis leurs opérations fourragères. Ils font des liens très pertinents entre leurs méthodes de semis et la qualité de la levée. Ils observent comment l’herbe sèche plus rapidement selon leur technique de râtelage. Ils associent volontiers la productivité laitière de leurs vaches à la stabilité de la fermentation et à l’homogénéité de leurs fourrages, peaufinant leur savoir-faire d’année en année.
Plus qu’un intérêt ou un engouement passager, la production fourragère, sa conservation dans les meilleures conditions et surtout sa transformation en lait est devenu un aspect que les producteurs s’appliquent à maitriser avec sérieux.
À mesure que la majorité des bases sont maitrisées, d’autres questionnements surgissent. En observant et en questionnant les producteurs qui ont « l’instinct du bon ensilage », comme d’autres ont « le sens des vaches », on se rend vite compte que certains détails font la différence. Osez les interroger sur le détail de leurs techniques, c’est ce qui garantit le progrès continuel des méthodes.