Le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis déposait fièrement son projet de loi 54, projet de loi visant l’amélioration de la situation juridique de l’animal. Un projet de loi qui pour combler une lacune en termes de bien-être animal abandonne les éleveurs à une concurrence déloyale. Encore une fois au lieu d’améliorer la situation, on déplace en douce le problème, tout en créant une multitude d’autres problèmes aux frais du citoyen, le tout sous de belles apparences.
Soyons clair, un projet de loi sur le bien-être animal est nécessaire. Peu de monde dans notre société accepte que l’on maltraite des animaux pour quelque raison que ce soit. Le projet de loi établit effectivement les balises pour mettre en place des règlements qui permettront d’améliorer le bien-être animal et qui puniront l’infime minorité d’individus pour qui le bien-être animal ne les concerne pas.
Le projet de loi met cependant un lourd fardeau sur les producteurs agricoles. Il les laisse seuls à mettre en application les dispositions de codes de pratiques publiés par le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage. Ils devront gérer de nouveaux permis et de nouvelles inspections. Il est bien entendu prévu qu’il y aura des dispositions transitoires nécessaires à cette application. Mais une fois le délai et les dispositions transitoires terminées les producteurs se retrouveront avec un cout de production, dans bien des cas, plus élevé. Ils devront compétitionner les produits importés qui eux n’auront pas ces contraintes, qui resteront donc moins chers que notre beau produit local. Espérons que nos grandes chaines ne se laisseront pas séduire pas de meilleurs prix au détriment du bien-être animal. Pour les productions sous gestion de l’offre comme le lait et la volaille (œufs, poulet et dindes), pas trop de problèmes, il n’y a pas d’importation et il existe des mécanismes pour réguler les prix en fonction des couts de production. Mais pour les autres productions de viande, les producteurs devront compétitionner l’importation qui n’aura pas ces contraintes. Résultat on aura une belle loi sur le bien-être animal, mais il se consommera de la viande qui proviendra de pays qui ont des pratiques d’élevage peu soucieuses du bien-être animal.
Ce projet de loi doit être revu !
À moins d’une aide financière pour soutenir de façon permanente les producteurs, chose peu probable dans le contexte actuel, il faudrait que la loi englobe les intermédiaires entre le consommateur et les producteurs agricoles. Elle le fait en partie pour les animaleries qui devront avoir des permis. Mais pas pour les épiceries qui pourront offrir aux consommateurs des produits de l’élevage qui ne respecte en rien les normes imposées au producteur d’ici. L’étiquetage obligatoire des viandes concernant le respect du bien-être animal serait un minimum. Au moins les consommateurs pourraient faire un meilleur choix. Ce projet de loi doit être revu. Il doit aussi réglementer la distribution des viandes sans quoi, cela va être un immense exercice hypocrite, qui mettra une fois de plus un fardeau additionnel sur la production. Cela revient à favoriser les économies d’ailleurs qui ont des pratiques non acceptables et de détruire à petit feu notre économie. Que fera-t-on pour le bien-être animal, quand nos viandes viendront d’ailleurs? On imposera des normes aux épiceries! Il sera trop tard.