M.Maurice Montcalm, président de Les Producteurs laitiers de Montérégie-Ouest a donné une entrevue à La Vie agricole au cours de laquelle il reconnait qu’on a jeté du lait au Québec et en Ontario cet été.
“ Au Québec, en juin c’est 455 000 litres qu’on a jeté mais en fait qu’on a méthanisé à l’usine de Ste-Hyacinthe. Il ne s’est pas retrouvé dans une fosse à purin, dit-il. En Ontario, il s’en est jeté une plus grande quantité mais je ne peux vous dire le chiffre exact“
Comme administrateur du plan conjoint, il reconnait que de telles situations ont un impact direct sur le prix du lait donc sur le revenu des producteurs. “ Normalement le surplus de lait est séché alors avec le surplus de production actuel prendrait des usines en conséquence. “
Le politique peut peu !
Concernant l’arrivée de lait protéiné ( avec BST) des États-Unis, il déclare : “ Oui, il en arrive et c’est légal. Notre principal problème comme producteurs de lait ce sont les ententes entre pays qui sont difficiles à changer. On voudrait avoir l’appui du prochain gouvernement fédéral pour reclassifier les produits. Cette protéine est souvent considérée comme un produit transformé et oui ça se retrouve dans les produits laitiers que l’on consomme ici. Cela nous prendrait plus d’appui de nos députés mais ils n’ont pas vraiment le pouvoir de changer les choses. Le problème de la BST, c’est que c’est une piqûre quotidienne injectée à la vache pour augmenter sa productivité. Et c’est une chose à laquelle on s’objecte au Canada.“
Les traités entraineront des demandes de subventions
“ L’entente Canada-Europe et l’entrée de 17 700 tonnes de fromages européens ont affaibli l’un de nos piliers. De notre côté on fait notre lobbying auprès des gouvernements mais les transformateurs en font aussi. Le plus inquiétant c’est notre non-compétitivité vis-à-vis des produits qui vont rentrer si la gestion de l’offre tombe. Est-ce qu’ensuite les producteurs vont demander un soutien équivalent à celui qu’offre à ses producteurs le pays qui importe, c’est à voir ! Je pense qu’on n’exerce pas assez notre pouvoir. J’ai encore espoir, si notre gouvernement ne cède pas, qu’on puisse faire encore un temps avec la gestion de l’offre.“
Distorsion Québec-Ontario ?
“Quand au Canada, 100 % des producteurs diront c’est avec une telle méthode qu’on produit, il sera plus facile de mettre des frontières plus étanches. On m’a reproché dans ma région de mettre de l’avant la méthode proaction, un cahier des charges efficace, mais c’est un pas d’avance sur la future loi sur le bien-être animal.“
Il reconnait que tous les producteurs de lait canadiens ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde. “ Il est vrai que ce ne sont pas 100 % des producteurs de lait qui soutiennent la gestion de l’offre. Je ne vous cache pas que les plus gros prétendent qu’ils ont un cout de production plus bas que les petits entrepreneurs mais moi je veux garder un système qui permet le plus de fermes possibles partout sur le territoire.“
Il reconnait que souvent les gros veulent le beurre et l’argent du beurre.“ Ils veulent le prix obtenu sous gestion de l’offre avec le libre marché!“. Le meilleur des deux mondes en soit. Mais pour M.Montcalm, dans un système libre, les producteurs seraient à la merci des acheteurs.
À qui les quotas ?
Maurice Montcalm s’interroge sur le fait qu’on ne connaisse pas encore les administrateurs des quotas d’importation de fromages négociés dans le cadre de l’entente Canada-Europe. “ Il est vrai que le Fédéral ne dit rien et ça fait un moment qu’on attend. Peut-être que la campagne électorale sera l’occasion de remettre la pression sur ce sujet ? “
Crédit Photo : Fédération UPA Montérégie