Duel Paradis / D’Amours

La CAQ demande à Paradis un nouveau contrat social !

Le 6 novembre dernier, La Vie agricole assistait à l’interpellation du ministre Paradis par les partis d’opposition sur les grands enjeux agricoles du Québec. Le ministre Paradis a d’emblée rappelé que l’Institut du Québec avait publié le matin même une étude démontrant que le secteur agroalimentaire au Québec est le premier levier économique de la province représentant plus de 10 % des emplois et plus de 10 % de la richesse collective.

“ L’agroalimentaire est plus important que l’aéronautique, que les ressources minières, que les jeux vidéo, que le pharmaceutique !“ a déclaré le ministre Paradis. Et il a ajouté :“ On exporte plus de porcs aux États-Unis que d’électricité!“

La CAQ inquiète pour la relève agricole

Questionné par Sylvie D’Amours de la Coalition Avenir Québec (CAQ) qui prétendait que le ministre Paradis n’avait pas invité la Fédération de la relève agricole du Québec ( FRAQ) dans le cadre de la tournée de Jean Pronovost qui remettra sous peu son rapport sur la relève, le ministre Paradis a martelé :“ Attention à vos sources qui vous disent qu’ils n’ont pas été invitées. C’est faux!“ Par ailleurs, il a rappelé que son gouvernement a appliqué des mesures fiscales avantageuses pour la relève tout de suite après les élections, notamment avec le premier million non imposable en cas de transfert apparenté. “ On a posé des gestes de nature fiscale avant même le dépôt du rapport Pronovost. À ceux qui trouvent que ça ne va pas assez vite, ça fait 35 ans que je suis au gouvernement et je suis encore impatient mais je pousse et on a besoin d’un ralliement autour de la défense de l’agriculture et de l’agroalimentaire.“

Pôle Logistique Vaudreuil-Soulanges, un autre Mirabel ?

Sylvie D’Amours a rappelé au ministre Paradis qu’il y a dans Les Cèdres, une relève qui veut conserver les terres à des fins agricoles : “ Des ministres j’en ai vu passer même des dentistes. Le ministre qu’on a, il a de l’expérience en agriculture donc on a des attentes. Mais pourquoi il ne dit pas qu’il appuie les agriculteurs pour sauver les 500 hectares de terres de cette région ? Dans le pôle logistique de Vaudreuil-Soulanges, on dirait qu’il y a un intérêt du gouvernement pour tous les secteurs sauf pour l’agriculture !“

Pierre Paradis lui a répondu :“ Ce dossier est majeur. Ce sont les meilleures terres agricoles mais je ne suis pas contre le pôle logistique. Il faut savoir que certaines terres sont déjà en zone blanche. J’ai par ailleurs demandé un avis à la CPTAQ depuis le printemps. Il y a dans ce secteur 300 hectares zonés blancs. Ceux qui veulent peuvent s’installer là !“

Un ministre proche ou pas des producteurs ?

Sur sa proximité des producteurs, les partis d’opposition ont rappelé à quelques reprises que le ministre leur semblait distant des agriculteurs :“ J’accompagne les agriculteurs dans leurs préoccupations“ a répondu le ministre. “ J’ai rencontré les producteurs qui manifestent contre les importations frontalières. J’ai le ministère le plus intéressant mais le plus compliqué au regard des accords internationaux qui se signent“, dit-il. Il a été appuyé dans ce sens par le député du Lac-Mégantic, Ghislain Bolduc,qui a rappelé les nombreux déplacements du ministre sur des exploitations agricoles. Il a aussi voulu souligner que le ministre Paradis a dépensé beaucoup d’énergie dans la protection de l’agriculture québécoise dans le cadre du PTP.

Pierre Paradis a ajouté :“ À Atlanta, il faut comprendre qu’on était 8 millions de québécois face à 800 millions de consommateurs et qu’on a réussi à faire reconnaitre le français comme une langue officielle au même titre que l’anglais et l’espagnol !“ Et pour bien faire comprendre qu’il pense avoir été entendu, il a ajouté :  “ Il reste des conséquences inquiétantes pour les secteurs sous gestion de l’offre, et certains problèmes de réciprocité comme l’utilisation de BST aux États-Unis. Il faut évaluer le tout dans les prochains mois. “

Expertise du MAPAQ douteuse ?

Sylvie D’Amours a exprimé sa surprise sur le dossier des pesticides :“ Quand le ministre dit que Monsanto est plus puissant que le gouvernement, est-ce vraiment le cas ou bien je vis quelque chose de surréaliste ?“, a-t-elle dit. Sylvie D’Amours a déploré le lien entre les industries et les agronomes et a exprimé que son parti veut le retour de plus d’agronomes au MAPAQ pour augmenter l’expertise du ministère. Pierre Paradis lui a répondu :“ C’est un dossier de première importance. 85 % des pesticides vendus au Québec le sont aux producteurs. Il y a un problème d’augmentation dans l’utilisation et on a un problème mais attention, les agronomes ont un ordre professionnel et doivent suivre un code d’éthique. Ils peuvent être sanctionnés dans certains cas“, rappelant ainsi qu’ils ne sont pas à blâmer. Et il a ajouté : “ Au MAPAQ, dans les fédérations et à L'UPA, il y a 2000 fonctionnaires pour 28 000 fermes. C’est pas mal non comme ratio ! La CAQ n’a pas l’habitude de dire qu’il faille augmenter le rôle de l’État mais j’en prends note. Par ailleurs, on a une stratégie biologique qu’on fait connaitre d’avantage en mettant de la publicité dans La Vie agricole.“

“ On vise trois virages nécessaires dans notre politique agricole: moins de pesticides, plus de bien-être animal et plus de transparence. Sinon on va regarder dans le rétroviseur et se retrouver dans le champ. Mme D’Amours, j’ai adoré l’entrevue que vous avez donnée à La Vie agricole le mois dernier. Je l’ai lue d’un bout à l’autre. J’ai senti votre sensibilité pour l’agriculture. J’aimerais la sentir ce matin.“

Nouveau contrat social

Sylvie D’Amours a prêché pour un nouveau contrat social :“  Pendant que nous échangions, la FRAQ m’a de nouveau informé que vous ne les aviez pas invité à participer au Rapport Pronovost. Je crois que nous avons besoin d’un nouveau contrat social. Je connais un producteur de carottes qui n’arrive pas à vendre sa production du Québec parce que le marché est pris par un producteur étranger dont on retrouve pourtant du BCP dans ses produits. Il faut un nouveau contrat social M. Le ministre.“

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