Un peu comme le vin nouveau, l’ensilage de maïs fraîchement récolté ne rend pas toujours justice à la qualité de la récolte en termes de production de lait ou de viande. Il se bonifie avec le temps. Après 4 à 6 mois de fermentation en silo, les liens entre les protéines et l’amidon des grains se sont dissous. L’amidon devient ainsi beaucoup plus disponible pour la digestion ruminale. Comme le vin qui a vieilli, l’ensilage libérera tout son potentiel nutritif à l’animal.
Quand la ferme ne dispose pas d’un inventaire d’ensilage de maïs de plus de douze mois, plusieurs ajustements de la ration sont à prévoir entre septembre et mars. Ainsi, plusieurs producteurs récoltent des plants de maïs frais pendant une ou deux semaines avant la maturité. Un ensilage frais et immature contient plus de sucres et moins d’amidon qu’un ensilage mature fermenté. Il se digère rapidement, mais, au final, il apporte comparativement moins d’énergie à l’animal. Malgré cela, les vaches l’apprécient et produisent bien.
Ensuite, pendant les trois premières semaines d’entreposage, la fermentation de l’ensilage bat son plein. L’ensilage devient chaud et instable tout comme la consommation et la production de lait du troupeau. Idéalement, on devrait éviter de servir tout ensilage pendant cette période. Sinon, envisagez d’offrir des quantités modérées afin de réduire l’impact négatif de la fermentation sur les animaux.
Dès la fin de l’automne, une fois l’ensilage stable dans le silo, les quantités utilisées dans la ration pourront être augmentées si désiré. On doit alors veiller à réduire la complémentation en grains dans la ration pour éviter de créer de l’acidose dans le rumen.
Un des moments critiques pour l’ajustement des rations se situe à partir du mois de février. Après 4 à 6 mois d’entreposage, pratiquement tout l’amidon des grains de maïs devient disponible, prêt à nourrir les microorganismes du rumen. Faute d’ajuster à la baisse les quantités de grains supplémentaires dans la ration, nombreux sont les troupeaux qui subissent les méfaits d’un excès d’amidon. Consommation variable de la ration, chute du taux de gras, fumier clair, boiteries sont des observations courantes pendant cette période.
La quantité de grains à ajouter dans la ration repose donc sur le stade de fermentation de l’ensilage mais également sur sa teneur en amidon. Par exemple, prenons une ration qui inclut 20 kg d’ensilage. L’an passé, si votre ensilage contenait 25% d’amidon, cela équivalait à servir 3 kg de maïs grain en provenance de cet ensilage. Cette année, vous avez une excellente récolte et décidez de faucher à 30 cm de hauteur. Vous vous retrouvez avec un fourrage contenant 44% d’amidon. Le même 20 kg d’ensilage apporte une quantité d’amidon équivalente à 5,5 kg de maïs grain sec. La morale de cette histoire est que, pour l’ensilage de maïs, les mois et les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors, ajustons les rations pour garder les vaches en santé.