Un producteur à contre-courant joue la carte des médias plutôt que du syndicat !

Alors que la tendance dans le monde agricole pour sauver la gestion de l’offre est à la création d’une nouvelle classe de lait sur l’impulsion des industriels et de L’UPA, le producteur laitier de Chicoutimi Michel Potvin s’est confié au journal de Chicoutimi Le Quotidien* en déclarant qu’il verrait plutôt une diminution de 3% des quotas de lait et l'importation de 6000 à 7000 tonnes de beurre de la Nouvelle-Zélande pour  freiner la chute du prix offert aux producteurs plutôt que la création d’une sixième classe de lait. Il critique véhément son syndicat et félicite les administrateurs du réseau facebook Lait’quitable. Il s’est confié ce matin à La Vie agricole et considère que la bataille des producteurs de lait se gagnera par les médias. 

Deux voies possibles !

“Il y a deux positions possibles dans la problématique du lait. On est en crise actuellement même s’il y a encore le système de la gestion de l’offre, pas encore de PTP et pas encore de fromages importés d’Europe. Ou bien on suit L’Ontario qui veut un système avec un prix plus bas que le prix mondial ce qui est un non-sens ou bien baisse les quotas et on importe.“, nous déclare-t-il.

La faute des transformateurs

Comme il le disait déjà hier en entrevue, Michel Potvin demande à la Commission canadienne du lait (CCL), d’agir.  La seule façon selon lui de sauver des centaines de fermes en difficulté, à court terme, et le système de gestion de l'offre au final, est d’aller dans son sens : “ faire baisser les stocks de protéine laitière en réduisant la production à la ferme et l'importation de beurre à un prix très bas de Nouvelle-Zélande pour stabiliser le prix payé au producteur par hectolitre.“

Il dit ne pas croire à une baisse de la facture pour le consommateur une fois le produit rendu chez le distributeur, même si le prix payé au producteur baisse, et il considère que d’entrer dans le jeu actuel des industriels est “un piège à ours qui va appauvrir encore plus les producteurs! “.

Il sait son discours à l'encontre de la logique économique à la mode en ce moment mais il ne voit pas d'autre solution que la sienne. “Le système de gestion de l'offre est menacé de l'intérieur du pays par les grands transformateurs comme Parmalat, Agropur et Saputo, qui veulent payer le lait moins cher“, nous dit-il.

Déçu de l’UPA, il se sert des médias pour se faire entendre !

Il pense que le problème réside en partie dans le fait que l’UPA n’ose pas confronter les grands groupes industriels. Il évalue les pertes des fermes régionales à 10 M$ par année avec la création de la 6e classe de lait. “ Je ne me suis pas levé un matin comme ça en disant cela. J’ai consulté beaucoup de gens là-dessus. Même des dirigeants et des employés de la Fédération des Producteurs de Lait du Québec (PLQ) sont d’accord avec moi mais n’osent pas le dire. Je comprends très bien le système. J’ai déjà été président de mon syndicat régional du lait. Mais là, il faut faire quelque chose. Et cela passe par l’information et les médias ! “

Lait’quitable, un succès indéniable !

Comme La Vie agricole le constate et le communique depuis le printemps dernier, la grogne sur les réseaux sociaux est exponentielle notamment dans le forum Lait’quitable sur facebook et Michel Potvin semonce le syndicat de suivre le mouvement de contestation qui s’amplifie sur les réseaux sociaux. Il est, on ne peut plus vindicatif envers l’UPA quand il déclarait hier au journal Le Quotidien : “ Le syndicat n’a pas daigné lever le petit doigt pour nous défendre!“.

“Lait’quitable plus efficace que des réunions syndicales !“

Ce matin il réitère : “Même si L’UPA a fait croire dans la Terre de Chez Nous qu’ils sont à l’origine des manifestations de l’automne dernier, on sait tous qu’à 100% elles originent des efforts de Bruno saint-Pierre et son groupe. On est rendu plus de la moitié des producteurs de lait à communiquer sur Lait’quitable. Et c’est pas mal plus efficace que des réunions syndicales !“, de dire M.Potvin.

“ Moi, j’ai pas peur des médias!“

Quand nous lui demandons pourquoi une telle situation prévaut avec son syndicat alors que le président provient du monde du lait, il déclare : “ Marcel, il comprend ça mais moi je n’ai pas peur d’aller devant les médias et d’expliquer. D’ailleurs là, il faut que je vous quitte car on a aussi besoin du Fédéral pour régler cela et j’ai rendez-vous dans quelques minutes avec Denis Lemieux, mon député. “

Il dira à La Vie agricole vouloir tout miser sur les médias pour se faire entendre. Il n’a pas eu aucun lien avec aucun autre syndicat officieux, pour le moment, que ce soit l’Union paysanne ou le Conseil des entrepreneurs agricoles.

*Publication reprise dans La Presse

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