André Villeneuve, critique en matière agricole au parti québécois, était ce matin en point de presse très critique envers le gouvernement libéral tout comme il l’avait confié à La Vie agricole, le 29 janvier dernier, à l’Assemblée nationale lors d’une rencontre privée. S’il est très critique envers le ministre Paradis de retour à son poste dans le nouveau gouvernement Couillard, il n’a pas plus d’estime pour le premier ministre. Ce matin il rappelait en point de presse : “`Garon disait: chaque fois que le parti libéral prend le pouvoir, l’agriculture recule au Québec!“
André Villeneuve juge que sur plusieurs dossiers agricoles, le premier ministre Couillard joue à “ cache-cache avec les producteurs!“. En renommant Paradis, il a raté une belle occasion de montrer l’importance de l’agriculture. Paradis c’est l’exécutant des coupes. Avec lui c’est la disparition de la souveraineté alimentaire en catimini!“, dit-il. Il s’inquiète de la montée des prix du panier d’épicerie et de l’abandon des producteurs de fruits et légumes en serre de la part du gouvernement. Il ne digère pas le retrait de la politique de souveraineté alimentaire, si chère au parti québécois, du site du MAPAQ.
Pas au courant des projets de contributions demandées aux maraîchers par L’UPA !
Sur le déficit de l’UPA dévoilé à leurs membres au dernier congrès et l’éventuel sous financement du syndicat, le critique du parti québécois dit ne pas pouvoir s’exprimer, mais il dira tout de même : “ Ils ont sûrement des réserves“.
André Villeneuve n’était vraisemblablement pas au courant lors de notre rencontre du document du syndicat qui circule sur le plan de financement du futur 2018-2022 dont l’un des éléments principaux serait la “hausse équitable des besoins financiers de l’UPA“.
Quand nous l’informons que, selon nos sources, il s’agit de faire contribuer aussi la filière des maraîchers qui ne contribue pas actuellement, il nous déclarera:“ Tout le monde est représenté, tout le monde peut se faire entendre. Il appartient aux membres, aux agriculteurs de voir de quoi il en retourne!“
Plans conjoints positifs, remboursement de taxes capital et monopole acceptable !
“Les plans conjoints ont été très positifs et le sont encore dans certaines filières comme l’érable. Quant au remboursement de taxes si ça énerve Paradis que l’argent ne vienne pas de sa poche qu’il s’organise pour trouver l’argent ailleurs. Ce n’est pas à Paradis et à D’Amours ni à moi de statuer sur le pluralisme. Rien n’empêche de revisiter, mais ce n’est pas à moi de répondre!“, de dire M.Villeneuve.
Gestion de l’offre, face à un un complot fédéraliste ?
Sur la gestion de l’offre, André Villeneuve est assez cinglant envers le ministre de l’Agriculture : “ Paradis n’a pas de vision. C’est un privilège d’être ministre. Il a le devoir de travailler pour les agriculteurs, mais là c’est le vide sidéral. Oui, son approche a été extrêmement négligente sur la gestion de l’offre. Il n’était même pas à Hawaï cet été. Il a le devoir d’influence sur les orientations pour permettre à notre agriculture de croître. On a un marché potentiel énorme, mais si les producteurs n’ont pas de soutien, une fois les traités internationaux signés, il sera trop tard. Tout pays qui ne s’assure pas de sa souveraineté alimentaire se met sous la menace des autres pays. Paradis doit croire à l’agriculture du Québec et s’assurer d’une voix forte au Canada. Je ne veux pas être considéré comme un gars qui croit aux théories du complot qui ferait l’affaire du fédéralisme, mais si on fait ce qu’on fait entre autres en ce moment pour la filière du lait on ne pourra jamais gagner contre la Nouvelle-Zélande et atteindre leur coût de production. On a une agriculture nordique qui demande un soutien de l’État “ dit-il.
Le Sommet de l’alimentation, une foutaise ?
André Villeneuve ne croit pas au bénéfice du Sommet de l’alimentation que le ministre Paradis a annoncé pour ce printemps :“ Première chose, au lieu d’improviser sur le coin d’une table, il faudrait être à l’écoute. Ça prend une politique alimentaire tout de suite!“
Questionné sur les plans conjoints qui pourraient dans le futur être gérés autant par les transformateurs, les distributeurs, les consommateurs que le syndicat, André Villeneuve remet le débat dans les mains des seuls producteurs : “ Il faut poser la question à ceux qui ont voté pour les plans conjoints. C’est à eux de répondre. Le parti libéral et la CAQ ouvrent une porte dangereuse. Ce n’est pas à eux de décider de cela!“, dit-il.
La relève face à un démantèlement plus global voulu par les libéraux ?
André Villeneuve a tenu à venir à la défense de la Commission pour la protection des terres agricoles au Québec (CPTAQ) qu’il voit comme un rempart à l’affaiblissement des conditions de la relève agricole : “La CPTAQ a une vision d’ensemble et elle fait bien son travail. La question est plutôt, est-ce qu’on croit à la relève ? “ , dit-il cinglant.
À en croire André Villeneuve, les actions du ministre Paradis dans ce domaine feraient partie d’un démantèlement plus global voulu par les libéraux :“ Nos terres sont convoitées. Il est clair que nos terres ont pris énormément de valeur. Qu’on parle accaparement ou financiarisation, elles sont une valeur refuge. Ce dont il faut se rendre compte comme société et se poser comme question c’est : est-ce qu’on laisse aller cette financiarisation ? Ensuite tout dépend de la finalité des fonds impliqués. Sont-ils vraiment dédiés à l’agriculture ? L’accaparement, Paradis et D’Amours n’y croient pas, mais selon l’ONU, 30 millions d’hectares de terres agricoles disparaissent chaque année sur la planète. Le Québec est une société qui a toujours misé sur la ferme familiale. Notre relève fait quoi si elle ne peut pas acheter!“
“Le chef PKP croit en l’agriculture“, dit Villeneuve
Quand La Vie agricole lui souligne noter peu d’importance accordée au sujet agricole dans les discours des chefs tous partis confondus, André Villeneuve nous dira qu’au contraire au Parti Québécois, Pierre-Karl Péladeau croit à l’agriculture :“ Vous ne pouvez pas savoir le nombre fois qu’on échange sur le sujet et le nombre de documents qu’il m’envoie sur ce qui se fait ailleurs en agriculture. Il y croit. Si ça ne percute pas dans la population le sujet agricole, ceux qui ont le pouvoir doivent avoir cela en tête en permanence et oui, il y croit, mais oui, je vous confirme que je lui dirai d’aborder le sujet plus souvent!“ conclut-il.