Paradis sur le terrain du pluralisme syndical

Le ministre Paradis venu à la rencontre de près de 250 producteurs réunis à Beloeil, le 8 février dernier, à l’hôtel Rive-Gauche, a rencontré des agriculteurs entrepreneurs passionnés de leur métier qui espéraient une déclaration clairement en faveur du pluralisme syndical dans le monde agricole. Le ministre est resté pour le moment dans le Ni-Ni : Ni le monopole, Ni le pluralisme, mais a démontré une grande ouverture pour moderniser le fonctionnement du monde agricole. Il a précisé que la loi de 1972 oblige actuellement à respecter la situation de monopole, mais qu’il entend les plaintes de certains pour accéder au pluralisme, qu’il est du devoir de ces producteurs de se faire entendre et qu’il est ouvert à évaluer des changements pour le futur, notamment en amenant des associations non reconnues aux tables de décision.

“Au CEA on ne coupe pas les questions“, Cartier

Paradis a rappelé dans son discours l’importance de l’agriculture dans l’économie du Québec et a reparlé de son projet de Sommet de l’alimentation pour le printemps dans lequel le consommateur sera impliqué, car dit-il :  “C’est lui qui vote avec son portefeuille pour acheter un produit“. Le ministre Paradis souhaite un changement de mentalité pour que le Québec agricole de demain devienne plus entrepreneur. “La création de richesse est indispensable à la qualité de vie“, a-t-il dit.

“Au CEA on ne coupe pas les questions“ a déclaré fièrement le président Cartier faisant référence au dernier congrès de l’UPA pour lancer la période de questions. Vincent Kheletter a demandé au ministre: “ Comment faire si on continue avec le monopole? Je vous demande la pluralité !“

“Des gens de toutes les tendances dans les organisations décisionnaires !“ Paradis

Pierre Paradis prudent, mais ouvert a répondu: “Il y a une loi qui prévoit qu’une organisation qui obtient la majorité des voix obtient la représentation unique au Québec. C’est particulier au Québec. Au cours des années ça a eu des effets bénéfiques ou moins bénéfiques. J’entends des gens pour le monopole et des gens pas d’accord, mais je suis prêt à inclure des gens de toutes les tendances dans les organisations décisionnaires. “

Le ministre Paradis dira à la salle par la suite : “Le financement syndical, c’est comme à l’église, la dîme c’est l’UPA et la quête c’est votre cœur“ pour les inciter à continuer de financer leur organisation.

Paradis, comme parrain d’un monde agricole moderne.

Jacques Cartier, président du CEA conclura à son tour: “ On n’est pas contre ceux qui veulent être reconnus par l’UPA, mais ça prend une reconnaissance officielle pour ceux qui veulent être reconnus par d’autres organisations. Oui, le parlement décidera de l’avenir syndical au final, mais il nous faut un parrain du Québec de demain dans le monde agricole et vous avoir ici nous rassure, mais il faut que le message se rende à l’assemblée nationale!“

L’UPA irait jusqu’à l’abus de pouvoir !

Roland Daneault  a exposé son cas au ministre, lui qui a été interdit de représentation par son syndicat  (UPA): “C’est de l’abus de pouvoir“ dit-il.  M. Daneault a  réitéré sa demande en faveur de la liberté d’association syndicale et la  liberté de droit.

Paradis a alors patiné quelque peu en bon politicien: “ La réponse n’est pas facile. Vous avez été honoré et remercié par le même syndicat. Vous réclamez des choses que vous ne réclamiez pas avant. Au congrès de l’UPA certains veulent garder le monopole, ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Certains ont peur de perdre leurs quotas sans l’UPA. ( Ce qui a déclenché des huées dans la salle bien informée sur la gestion des quotas qui est d’ordre fédéral et non syndical). Il faut donner à César ce qui revient à César. Le syndicalisme a permis des avancées importantes au Québec. Je regarde la job de Marcel Groleau, je me gratte la tête et je me demande comment il fait pour faire tenir tout cela. Mais pour le pluralisme la réponse vous revient et revient à la régie des marchés. Je ne peux pas virer un paquebot sur un 10 cents sinon je vais faire un naufrage“, a-t-il répondu vaguement pour ne pas déplaire à l’auditoire, mais sans clairement leur promettre la fin du monopole immédiatement. Plusieurs sources nous ont confié que si le ministre Paradis est convaincu de la nécessité de passer au pluralisme qu’il n’a pas encore le soutien de son caucus et que les entrepreneurs agricoles ont encore du travail de communication et de représentation à faire.

Un rapport Pronovost aux conclusions positives pour la relève!

Interrogé sur le dossier de la relève et le nouveau rapport Pronovost : “ J’ai pris un engagement  dès le départ de mon arrivée au ministère pour que le premier million d’une vente ne soit pas taxé quand un agriculteur vend à ses enfants. J’ai ensuite fait appel à Jean Pronovost pour réaliser des rencontres avec la relève. Il est un fonctionnaire de carrière, intègre qui a rencontré des jeunes partout au Québec, au même moment la FRAQ a refusé de participer. Ils ont fait leur propre rapport. J’ai pris connaissance des deux rapports, le sien et celui de la FRAQ. Je vais rendre public le rapport de Pronovost au printemps et je peux vous dire que ses conclusions sont plutôt positives et pas si éloignées que cela du rapport de la FRAQ“

 

Encore des craintes de voir pousser une SADAQ

Marcel Brouillard a demandé au ministre Paradis : “Puis-je être assuré de ne pas avoir à faire à une SADAQ si je veux vendre ma ferme et que Longueuil ne va pas s’en mêler?“

Et celui-ci de lui répondre : “ Il y a 4 ou 5 ans, les manchettes disaient que les Chinois achetaient toutes nos terres. Après sont venus les achats par les compagnies. La semaine dernière les Chinois étaient rendus au Témiscamingue. J’ai fait faire des vérifications, mais n’oublions pas qu’il y a une loi qui empêche les étrangers d’acheter les terres du Québec, s’ils ne sont pas résidents,  sans autorisation expresse de la CPTAQ. À ma connaissance, il n’y a pas eu de transactions. N’appelez pas à Longueuil, faites vos affaires vous-mêmes“

Perte de confiance dans la Régie des marchés agricoles.

 La Régie est plus un bras de rallonge de l’UPA qu’autre chose de dire les producteurs présents inquiets des jugements de celle-ci qui sortiraient trop souvent en faveur du syndicat notamment pour la filière de l’érable. Paradis leur a répondu : “ J’ai reçu le rapport de Florent Gagné, on a perdu 10 % de l’occupation du marché. Je vais le rendre public sous peu, mais à la question : la régie est-elle objective ? Oui, elle est impartiale, car si ce n’est pas le cas on a un grave problème de société. Est-ce qu’elle se modernise c’est à voir ? Je recommande des personnes en ce sens!“ a-t-il conclu.

Des résolutions claires

En conclusion, Louis Joyal, président des Céréaliers du Québec, a présenté quelques résolutions très claires, votées unanimement par l’assemblée générale, et il a rappelé l’importance en 2016 de faire des actions auprès de députés de l’Assemblée nationale pour les informer des intentions des entrepreneurs agricoles pour le pluralisme syndical.

Parmi les résolutions les plus importantes demandées par le CEA, celui-ci demande au gouvernement de déposer et d’appuyer un projet de loi visant à moderniser la loi sur les producteurs agricoles de 1972 afin de mettre fin au monopole de représentation de l’UPA en y introduisant le principe d’accréditation syndicale multiple en agriculture. Le CEA demandera aussi un changement sur le remboursement des taxes afin que celui-ci ne soit plus attaché au paiement de la cotisation au syndicat.

Une chose est sûre, la venue d’un ministre de l’agriculture en charge dans une association syndicale non reconnue par la loi est une première au Québec ce qui laisse à penser à plusieurs producteurs présents hier que c’est sous le gouvernement Couillard que la démocratie si souvent défendue par les politiciens du Québec prendra forme dans le monde agricole québécois qui reste le dernier au  monde à ne pas permettre la liberté d’association.

 

 

 

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