La majorité des producteurs ont en inventaire des ensilages récoltés à un stade de maturité jeune, assez riches en protéine et en énergie et dont la fermentation est complétée depuis longtemps. En théorie, ce sont des conditions gagnantes pour produire du lait.
D’autre part, les rations incluant près de 60% de concentrés étaient assez courantes par le passé. Toutefois, compte tenu de la meilleure qualité générale des fourrages récoltés, les rations actuelles devraient contenir moins de grains et plus de fourrages.
Deux grandes tendances s’affichent en termes de rations fourragères. D’abord, la proportion d’ensilage de maïs dans l’alimentation des vaches laitières s’accroît dans les régions où sa culture réussit bien. Ensuite, les quantités d’ensilage d’herbe sont également à la hausse dans plusieurs étables. En effet, plus l’herbe est jeune, plus les niveaux de fibre NDF sont bas dans le fourrage et plus les vaches sont capables d’augmenter leur consommation.
Avec plus d’ensilage dans les rations laitières, on amplifie toutefois les conséquences de certains défauts qui passaient inaperçus lorsque les consommations étaient inférieures. « Il me semble que mes vaches devraient produire plus de lait avec cet ensilage récolté jeune », se dit-on. Voici maintenant le moment où la conservation de l’ensilage devient le facteur limitant pour la productivité des vaches.
C’est souvent la conservation inefficace des protéines de l’herbe qui fait obstacle à la performance des vaches. Les laboratoires offrent un éventail de mesures qui aident à cibler les actions afin d’améliorer la conservation des ensilages. Dans le rapport d’analyse, référez-vous, dans ce cas-ci, à l’ammoniaque pour mieux évaluer la qualité protéique du fourrage. Par exemple, en termes simplifiés, on pourrait dire qu’un ensilage contenant 20% de protéine brute dont 20% apparaissent sous forme d’ammoniaque pourrait fournir un équivalent de 400 g d’urée par jour. Des quantités excessives d’urée ou d’azote soluble dans la ration entraînent une sous-performance des vaches en plus de causer des troubles de fertilité. N’allez surtout pas penser que le problème est insurmontable! Mieux vaut comprendre l’origine du problème et le corriger dès la prochaine récolte.
L’herbe fraîche contient une faible proportion de sa protéine sous forme d’ammoniaque et d’azote non protéique (ANP). Une fois la plante coupée, les enzymes de la plante dégradent les protéines en ANP. Plus la plante passe de temps au champ après la fauche, plus la proportion de protéine vraie diminue au profit de sources d’azote plus solubles dans la plante. En silo, la dégradation se poursuit tant qu’il y a de l’air et que le pH ne descend pas. La dégradation protéique en ammoniaque limite aussi les apports de la ration en acides aminés, transformables en protéine du lait. C’est surtout le débalancement entre les apports d’azote dégradable et les apports d’énergie fermentescibles dans le rumen qui cause la sous-performance de ces ensilages.
Pour améliorer cette situation l’an prochain, révisez d’abord le déroulement du chantier de récolte afin de réduire le délai entre la fauche et la mise en entreposage. Ensuite, l’utilisation d’inoculant accélère la chute du pH, limitant la croissance de bactéries néfastes, et permet de réduire la dégradation de la protéine en ANP.